FORTUNES DIVERSES
Des bagarres de chiffonniers, des gamelles à gogo, avec, en point de mire, un certain Joan… Mir : le Moto3 a tenu toutes ses promesses côté spectacle. Côté coulisses, les pilotes ne sont pas tous logés à la même enseigne. Explication.
Une fois de plus, le Grand Prix de France Moto3 n’a pas déçu en termes de spectacle ! Une impressionnante chute collective au deuxième tour impliquant les leaders, un nouveau départ, un groupe de dix en bagarre pour une place sur le podium, des dépassements à chaque tour, des carénages qui se frottent, des freinages à trois de front… Et pourtant, les pilotes Moto3 sont les moins bien payés du paddock. Enfin, pour ceux qui gagnent de l’argent, car la plupart de ces jockeys payent pour rouler. Et cher, en plus. On parle d’un budget de 200 000 à 300 000 € pour avoir l’insigne honneur de se retrouver au guidon de ces “mobylettes” de Grand Prix ! Pour Alain Bronec, team-manager du CIP qui fait rouler Marco Bezzecchi et Manuel Paglinani sur des Mahindra, « il y a en fait trois catégories en Moto3 : ceux qui gagnent des ronds – les quelques stars comme Mir, Bastianini, Antonelli, Migno, qui roulent pour les plus grandes écuries et visent le titre mondial ; ceux qui roulent sans que ça leur rapporte d’argent mais sans que ça leur en coûte – souvent des pilotes d’expérience qui ont déjà plusieurs saisons derrière eux ; et ceux qui payent pour rouler. » La grande majorité, en fait. Comme ceux du CIP, même si l’un d’eux, Bezzecchi, est soutenu directement par l’usine Mahindra et la VR46 Academy. D’après Carlo Pernat, fin connaisseur du mercato du paddock, les tout meilleurs pilotes Moto3 peuvent espérer gagner au mieux 150 000 à 200 000 € sur une saison ; bien loin des trente millions d’euros de revenus estimés pour un Rossi !
UNE PRIME AU SPECTACLE ?
« Le développement des moto3 est probablement encore plus onéreux qu’en Moto2 où on utilise une motorisation unique, précise Alain Bronec. En Moto3, on développe à la fois le châssis et le moteur. » Des monos 250 cm3 qui délivrent près de 60 ch pour filer à 240 km/h en pointe,
220 dans la courte ligne droite du Mans. Ces petites motos au bruit assourdissant sont de véritables bijoux de technologie, gavés d’électronique pour la gestion moteur, la gestion du patinage, une acquisition de données sur des dizaines de paramètres, pression de freinage, travail des suspensions, paramètres d’injection, etc. Forcément, ça se répercute sur le ticket d’entrée de la catégorie. En Moto3, rêver coûte déjà une petite fortune… Toutefois, malgré ce développement poussé et cette course effrénée à la performance à coups de liasses de dollars, les écarts en piste restent extrêmement serrés. « Les motos font toutes le même poids, sensiblement la même puissance et les aspis permettent de rester au contact pour pouvoir se bagarrer », dit Jules Danilo, unique représentant français dans la catégorie. D’où les courses en paquets, les bastons de folie avec ces motos ultralégères qui se passent et se repassent. Alors, à quand une prime au spectacle pour le Moto3 ?