Moto Journal

KTM 1290 Super Adventure R

Pour nous faire essayer la dernière 1290 Super Adventure dans son ultime version R, KTM nous a donné rendez-vous dans le désert péruvien, sur les traces du Dakar. Sable plus ou moins mou, gros cailloux, dunes, chaleur… rien n'a été épargné à la 1290 Super

- PAR Matthieu Cayrol PHOTOS Marco

Les nouvelles pièces, les réglages ou l’équipement, tout est pensé pour la performanc­e sur cette nouvelle 1290 Super Adventure R, qui représente l’ultime version de notre gamme trail », nous lance Joachim Saur lors de la présentati­on de la brêle, les pieds dans le sable face à l'océan Pacifique, le carnet dans une main et un Coca dans l'autre. En plus d'être responsabl­e de la production tout-terrain KTM et un excellent communican­t, Joachim est un top-pilote ! Il sera notre ouvreur pour cette boucle de près de 200 km à travers le désert péruvien. Après avoir avalé un grand verre d'eau et bu les conseils de Chris Birch (pilote spécialist­e des enduros les plus difficiles avec plusieurs podiums sur la Red Bull Romaniacs et une 27e place au Dakar) sur la conduite dans le sable, me voici au guidon de la Super Adventure R. 160 ch pour 14,5 mkg,

on ne devrait pas manquer de ressource, même si quelques grains de silice viennent nous barrer le chemin. Joachim me lance sous son casque : « Tu peux aussi régler la cartograph­ie moteur sur enduro, cela limite la puissance à 100 ch ». En effet, ce mode assez efficace dans les conditions difficiles (quatre sont disponible­s : sport, route, pluie et enduro) repousse l'interventi­on du contrôle de motricité et adoucit l'arrivée de la puissance du gros V2 de 1 301 cm3. Plutôt rassurant, contrairem­ent au gabarit massif de la Super Adventure. A l'arrêt, elle impression­ne. On est loin de la fluette moto d'enduro pensée pour le tout-terrain. Comme elle est assez haute

de selle, on n'a pas souvent roulé assis sur cette boucle qui a commencé dans la réserve nationale de Paracas. Dans un décor somptueux à tomber par terre (certains y sont gentiment allés), avec l'océan Pacifique à notre droite et les dunes de sables à gauche, on apprécie le mode enduro qui calme largement les nerfs de la Super Adventure pour profiter du paysage. Un petit bémol tout de même au niveau du contrôle de motricité, qui ralentit parfois trop la roue arrière lorsqu'on évolue dans le sable mou, limitant trop la puissance.

EASY TO RIDE

Tant que le sable est porteur, la KTM impression­ne par sa facilité de conduite et son équilibre. Debout, la selle enserrée par les genoux du pilote, le guidon tombe parfaiteme­nt sous les mains. Les commandes sont agréables et bien positionné­es, que ce soit au niveau du guidon ou des pieds. On peut alors regarder loin, très loin, pour anticiper une bosse ou un trou qui secouerait la partie-cycle. Pas tant que ça finalement, quand on connaît les capacités de la KTM à encaisser, grâce au débattemen­t impression­nant de 220 mm de la fourche WP entièremen­t réglable. Sur les gros chocs ou une réception de saut optimiste, il arrive toutefois que la fourche arrive en butée et que le sabot en aluminium maousse costaud (au catalogue des accessoire­s) vienne flirter avec le sol.

160 CH POUR LABOURER

Après avoir tenté de dompter les 100 ch du mode enduro, un rapide appui sur les boutons du commodo gauche me permet de passer en mode route pour bénéficier de toute la puissance du twin. J'en profite aussi pour déconnecte­r le contrôle de motricité avec autant d'aisance, mais à l'arrêt. Et je peux vous dire que ça crache sévère derrière. Gare aux potes qui sont à la traîne, sous peine de les mitrailler à coups de gros calibre type cailloux affûtés. Il faut dire que la moindre rotation de la poignée droite

se solde par une pluie de météorites à l'arrière du pneu, avec une connexion de gaz plus nette, plus directe. On ressent sans filtre le couple et la puissance du bloc autrichien trancher le sol désertique. En efficacité, ça ne sert pas à grand-chose par rapport au mode enduro, plus doux et progressif. Mais question kif, c'est autre chose. On peut tracer des grandes courbes tout en dérive sur la silice encore vierge pour découvrir un sable blanc sous une couche noircie, comme grillée par le soleil. Je ne sais pas si ce sont les plus de 35° qui me tapent sur le casque, mais on a l'impression de surfer sur le désert péruvien. Les roues ne semblent pas être directemen­t en contact avec le sol. Grisant. Grisant aussi de tracer sa route au cap, sur un sable d'un noir immaculé. On s'est surpris à prendre facilement plus de 100 km/h, en (presque) toute décontract­ion au guidon de cette dévoreuse de sable.

MOU OU CORSÉ

Rien ne semble pouvoir arrêter la 1290. Même les dunes au sable dur ne lui ont pas posé de problèmes. Bien positionné en arrière, toujours les gaz un peu ouverts pour éviter de se planter, la 1290 grimpe avec une facilité déconcerta­nte n'importe quelle pente. Et elle descend avec la même aisance, bien aidée par un levier et une pédale de frein au feeling parfait. Vraiment impression­nant. En revanche, une fois qu'on pose les roues dans le sable mou, la Katoche est beaucoup moins à son aise et le pilote aussi. J'essaye alors de me remémorer les conseils de Chris. Les bras fléchis, mais pas trop, le dos droit, les fesses vers l'arrière en conservant toujours un peu de gaz dès que le sable devient mou. C'est sûr, ça passe mieux. Mais la direction devient floue et la moto semble s'alourdir au fur et à mesure que le sable se ramollit. Normal, on ne peut pas demander à la Super Adventure et ses 240 kg des capacités d'une moto d'enduro de 110 kg équipée de vrais pneus de tout-terrain.

NOUVELLE FACE

On reconnaît du premier coup d'oeil cette nouvelle Super Adventure qui se caractéris­e par une robe revue, avec une optique au dessin très affirmé : deux rangées de leds verticales sont séparées par une pièce en aluminium. On aime ou pas, mais cette face particuliè­re fait parler. Si on n'a pas essayé l'éclairage, il est bon de noter que l'optique est dotée de feux de virage qui s'illuminent en fonction de l'angle pris. Une autre grosse évolution se situe au niveau du tableau de bord, entièremen­t en couleur. Avec son gros écran parfaiteme­nt lisible, il apporte une touche de modernité certaine. On le commande aisément depuis le commodo gauche. Et même sous un soleil de plomb, sa lisibilité n'a jamais été prise en défaut. On retrouve sur cette version spéciale R des barres latérales de protection, des suspension­s spécifique­s pourvues de débattemen­ts de 220 mm et réglables dans tous les sens, une roue avant de 21 pouces à rayons, ainsi qu'un petit pare-brise réglable, plus joli que réellement efficace. Et, question prix, elle s'échange contre 500 € de plus que la version S, plus routière.

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 ??  ?? 1. Petit détail qui à son importance lors d'un changement de roue arrière, les crans présents au-dessus de l'axe de roue permettent d'accrocher la chaîne sans qu'elle traîne au sol. 2. De série, on retrouve un efficace système de clé mains libres et un...
1. Petit détail qui à son importance lors d'un changement de roue arrière, les crans présents au-dessus de l'axe de roue permettent d'accrocher la chaîne sans qu'elle traîne au sol. 2. De série, on retrouve un efficace système de clé mains libres et un...
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 ??  ?? 3. L'écartement entre le sélecteur et le repose-pied est réglable sur 3 positions. Des repose-pieds costauds qui ne manquent pas d'accroche. 4. De série, la KTM est équipée de ces gros pare-carters en acier. 5. Tout nouveau, le tableau de bord est...
3. L'écartement entre le sélecteur et le repose-pied est réglable sur 3 positions. Des repose-pieds costauds qui ne manquent pas d'accroche. 4. De série, la KTM est équipée de ces gros pare-carters en acier. 5. Tout nouveau, le tableau de bord est...
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La fin de notre périple de près de 200 km dans les dunes du désert péruvien, près de Paracas, s'est soldée par un retour au cap, avec comme seul point de vue cette immensité de sable. De la silice noire en surface, qui laisse de grandes traînées...
 ??  ?? Que ce soit de la terre, des cailloux, du sable dur ou des dunes, la KTM s'est défaite avec brio de tout ce qui lui barrait le chemin. Une vraie prouesse pour une moto aussi imposante.
Que ce soit de la terre, des cailloux, du sable dur ou des dunes, la KTM s'est défaite avec brio de tout ce qui lui barrait le chemin. Une vraie prouesse pour une moto aussi imposante.

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