Moto Journal

Honda 650 XRV Africa Twin

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Pas moins de 28 ans après sa sortie, le patronyme Africa Twin résonne encore dans les discussion­s motardes autant qu'il inspire les ingénieurs Honda. Après l'apparition il y a un peu plus d'un an de la très attendue CRF 1000, c'est aujourd'hui le simili-enduroscoo­t X-ADV qui reprend les codes du genre, mais ne nous dispersons pas : c'est bien la première du nom qui nous intéresse ici. La dénommée XRV 650 diffusée de 1988 à 1989, type RD03, reconnaiss­able à ses coloris HRC, à son monodisque avant et au carénage quasi complet de tous ses périphériq­ues. On a beau ne plus la sentir échappée du dernier rallye-raid, il n'en reste pas moins qu'elle garde une tronche avec sa grille de phares, ses pneus à tétines, son réservoir joufflu orné de vis Dzus quart de tour et sa selle bleue au revêtement antidérapa­nt. Tout ou presque était livré en double par rapport aux trails monos qui initièrent la catégorie ; la course à l'armement était en marche, mais l'africa offrait toujours de réelles capacités en tout-terrain, un domaine dans lequel ses remplaçant­es et concurrent­es se montraient moins à l'aise. Si Honda a accroché le train du trail à la bourre sur Yamaha et sa série XT, il ne lui a pas fallu longtemps pour combler le retard. Côté châssis déjà, où l'art du compromis route-tt était maîtrisé par la marque avec la saga des monos XL/XR et la sortie un an plus tôt de la Transalp à vocation plus routière. Côté moteur, ensuite, où la base mécanique de cette dernière s'est imposée après avoir reçu quelques aménagemen­ts. Une mécanique qui révélera une fiabilité sans faille. Une bien meilleure recette que celle appliquée par la marque à la XLV 750 R, un maxi-trail en avance sur son temps, plein de bonnes intentions, mais dont la carrière a fait long feu... Un pour qui je n'aurai pas à prêcher, c'est Eric, le propriétai­re du modèle présenté et d'un autre plus équipé de 68 000 km avec lequel il roule au quotidien. N'allez pas penser pour autant que celui-ci dort dans son salon. Les Conti à crampons ne sont pas là pour décorer, et sa dernière balade sérieuse a été la présentati­on avec le staff Honda de la CRF 1000 sur les pistes espagnoles l'an dernier. Les 72 000 km qu'elle affiche au compteur n'ont d'ailleurs pas refroidi le boss de Honda World présent pour l'occasion qui, ni une ni deux, en plus de l'avoir détaillée, décida de poser sur la bête le temps d'un instant.

PARFAIT COMPROMIS

Vous me direz : « Le folklore, c'est bien, mais à l'essai, ça donne quoi ? A tous les coups, ça danse et c'est mou. » De là à ce qu'on ose transposer le second qualificat­if (prévu pour les suspension­s) au moteur dont la puissance de 57 ch à 8 000 tr/mn n'impression­ne plus, il n'y a qu'un pas... Oui mais... A l'essai, ce qui surprend en premier, plus que les chiffres donc, c'est l'absence de vibrations au ralenti ou quand on enroule. Le couple aussi, qui atteint 6,2 mkg à 6 000 tr/mn, pas débordant mais bien présent de suite et tout le temps, chaleureux, réconforta­nt. On note sans grande surprise une boîte précise et un embrayage souple, précieux alliés des évolutions à basse vitesse. Ensuite, quand on ouvre plus franchemen­t, le bicylindre se réveille et envoie de bonnes vibrations. Pas de quoi me désarticul­er les poignets, mais je ne me lasserai pas de ce second visage sur le reste de la balade. Quant à la puissance, j'en ai toujours eu assez sur les départemen­tales et je n'ai pas eu besoin de faire ronfler la mécanique qui incite

Pour partir à l'aventure lointaine ou pour défier la jungle parisienne, l'africa Twin 650 est aujourd'hui encore un choix malin.

plutôt à passer le rapport supérieur par sa disponibil­ité. Ce qui surprend aussi, hormis la hauteur de selle un peu élevée, c'est l'équilibre général et la rigueur des suspension­s, qui n'en sont pourtant pas à leur premier aller-retour. Le compromis fermeté-confort sur les petits chocs est parfait, et la Honda ne plonge pas ou peu au freinage, qui offre d'ailleurs du feeling et une puissance suffisants, en accord avec ses velléités hors-piste. Pas plus de mouvement à l'arrière, où l'amortisseu­r garantit une bonne tenue jusqu'à une sérieuse augmentati­on du rythme, ce que les pneus n'ont pas permis sur cet essai. Alors même si, en cherchant bien, on pourra lui trouver quelques défauts (souvent de ses qualités), elle est encore une sacrée bonne moto, un choix malin aujourd'hui, en ces temps d'aventures mixtes retrouvées et fantasmées. Une vraie alternativ­e à ses propres descendant­es plus routières, et à des concurrent­es plus récentes, plus chères, ou qui auraient moins bien vieilli.

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1. Si la double optique n'était pas une nouveauté (vue sur la Ténéré 600 deux ans avant), l'éclairage était correct et bien protégé avec cette grille en plastique que les routards ajoutaient en accessoire. La bulle, fixée par cinq petites vis en...
3 1. Si la double optique n'était pas une nouveauté (vue sur la Ténéré 600 deux ans avant), l'éclairage était correct et bien protégé avec cette grille en plastique que les routards ajoutaient en accessoire. La bulle, fixée par cinq petites vis en...
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