Moto Journal

LE PETIT FRÈRE

Pour la seconde victoire d’alex Marquez en Moto2, il n’y a pas eu de match. En tête du premier au dernier virage, celui qui, enfant, voulait être mécano de son grand frère est en train de gagner ses galons.

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Sur son scooter à cornes de zébu, Stefan Prein, riding coach du team Marc VDS et ancien pilote de GP en 250, rentre de son inspection de bord de piste Moto2 le sourire aux lèvres. « C’est vraiment du bon travail. Alex applique les consignes et progresse en pilotage. Son syndrome des loges [muscles de l’avant-bras qui tétanisent], c’est de l’histoire ancienne et Alex est à la fois plus doux et précis en pilotage. C’est de la belle ouvrage. » Pour le 250e GP du team à la maison, il va de soi que le cadet des Marquez était attendu. Cervera, sa ville natale, n’est qu’à 117 km, et le fan-club des frangins Marquez, dirigé par leur oncle Ramon, a fait le déplacemen­t en masse. Lors de chaque séance d’essais, les fans du Pistolero, drapeaux et tee-shirt bleus, soutenaien­t leur champion. Résultat, une progressio­n continue : 5e, 2e puis 1er des trois séances libres, Alex confirme en qualif avec une pole de 1’49”408, à moins de trois dixièmes du record absolu établi en 2016 par Johann Zarco en 1’49”179, sur un circuit au bitume un peu moins abîmé il est vrai. Le lendemain, en course, rebelote. Holeshot, sept dixièmes d’avance dès le premier tour, 1”7 au deuxième et nouveau meilleur tour en course : 1’49”712 en dépit du réservoir plein. Alex contrôle totalement la course, comptant jusqu’à 4” d’avance au 10e tour et passant le drapeau à damier avec 3”5 d’avance quatorze tours plus tard. « Le soutien du public fut total !, s’enthousias­me l’espagnol dans le parc fermé. Je l’entendais m’encourager et me pousser dans les derniers tours, c’était génial ! »

C’EST DANS LA TÊTE

Un autre soutien de poids sur lequel Alex peut compter, c’est celui de son grand frère Marc, qui, malgré, une procédure de mise en grille Motogp distante d’à peine vingt minutes, a filé serrer son frangin dans ses bras. Comme d’autres fratries en GP, les Binder ou les Espargaro, Marc a toujours fait son maximum pour que son cadet de trois ans (21 contre 24) fasse son trou en Motogp. Une démarche qui ne date pas d’hier. Alors que Marc comptait déjà deux titres de champion de Catalogne en mini-moto d’enduro (à sept et huit ans !) et venait de passer à la vitesse sur son 50 Conti, il persuade son frangin d’essayer son Pee Wee. Au lieu de devenir mécano pour Marc comme il projetait de faire ; ça valait le coup ! Après une couronne mondiale Moto3 en 2014, Alex est sur la voie royale pour se battre pour un second titre. Et rejoindre son grand frère en catégorie reine. Alors que son coéquipier Franco Morbidelli avait remporté sans coup férir quatre des cinq premières courses de la saison, Alex l’a dominé lors des deux suivantes et se trouve désormais troisième à vingt points de l’italo-brésilien. En Moto2, à moteur, châssis et pneus égaux, ce sont des détails qui font la différence. Disposant d’un des top-teams Moto2, cornaqué par un chef ingénieur de talent et d’expérience,

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le Japonais Naoya Kaneko, bénéfician­t des conseils de son grand frère ainsi que de la nébuleuse de contacts de leur manager commun Emilio Alzamora, et jouissant d’une belle popularité en Espagne et de la confiance que procurent deux victoires chez lui, Alex Marquez semble avoir aujourd’hui tous les atouts en main pour se battre devant. A deux bémols près : ses deux victoires ont été acquises dans des conditions identiques, des pistes ultra-chaudes avec peu de grip – Alex doit maintenant prouver qu’il est

un vainqueur tout-terrain ; d’autre part, Johann Zarco le dit : « Alex n’a pas le talent de son frère. » C’est donc à force d’acharnemen­t et de travail qu’il est parvenu à ces résultats. Mais sans l’équilibre et les réflexes de chat de Marc, il sera toujours plus proche de la chute que son frère lorsqu’il pilote à la limite. Ses nombreux volumes des deux saisons passées en attestent. S’il parvient à rester à 99 % de ses possibilit­és au lieu de glisser jusqu’à 101 %, nous tenons probableme­nt un futur candidat au titre.

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