MONTMELO DANS UN SALE ÉTAT
Le problème principal pour les pilotes à Barcelone fut le manque de grip. Le coupable idéal dans une telle situation, ce sont les pneumatiques, mais ce serait aller un peu vite en besogne. Le vrai problème, c’est l’état de la piste. Le bitume, qui n’a pas été resurfacé depuis plus de dix ans, est à la fois trop lisse pour engendrer suffisamment de grip et extrêmement abrasif. Deux données qui semblent contradictoires, mais qui ne le sont pas, comme l’explique Nicolas Goubert, le boss de Michelin : « Le grip et le degré d’abrasion sont le fruit de deux éléments différents qui constituent le revêtement : les petits cailloux ou silex, qu’on appelle aussi enrobé, et le liant, le bitume qu’on étale pour fixer cet enrobé. » Quand le revêtement est neuf, les silex en question sont pointus, ce qui accroche le pneu et crée le grip. Le liant comble les espaces entre les silex, rendant la surface homogène, ce qui n’use pas trop le pneu.
Lorsque le revêtement vieillit, le liant disparaît petit à petit, laissant de larges espaces entre les silex. C’est cette structure inégale qui attaque le pneu et le dégrade sévèrement en moins de dix tours. Lorsque le circuit est beaucoup utilisé, les silex qui assurent le grip sont progressivement polis et perdent leur faculté à générer de l’adhérence. Voilà l’état dans lequel se trouve le circuit de Barcelone aujourd’hui. D’où les écarts de quatre secondes au tour entre pneus neufs et pneus usés qu’on a pu constater aux essais en Motogp, écarts moitié moindres d’habitude. Et les chutes soudaines et violentes de Luca Marini et Bradley Smith (main très abîmée aux essais). Au point qu’en commission de sécurité, qui se réunit chaque vendredi soir, plusieurs pilotes étaient furieux devant l’inaction du circuit. « C’est le seul tracé de toute la saison à ne tenir aucun compte de nos recommandations », enrageait Bradley Smith.