MIROBOLANT
Le jour de l’annonce de son recrutement pour trois ans au sein du team Marc VDS, Joan Mir s’est une fois de plus joué de la concurrence pour gagner. De quoi s’offrir 45 points d’avance.
Mégot au coin des lèvres et sourire gouailleur, Christian Lundberg fait penser à un garagiste de banlieue. Un bon garagiste, car le directeur technique du team Leopard était un top-pilote de karting qui préparait lui-même ses moteurs en championnat du monde avant de passer à la moto. L’italien, comme son nom ne l’indique pas, s’occupe de Joan Mir depuis une saison et demie désormais. Il est le mieux placé pour jauger des progrès du Majorquin, passé de KTM à Honda avec le succès que l’on sait : cinq podiums en sept GP, dont quatre victoires. « Nous sommes à un tournant de la saison, analyse Christian. Après le Mugello, nous avions peur que Joan devienne la cible de nombreux adversaires qui l’ont déjà soit bloqué, soit percuté, et que ce genre d’incident se systématise pour le reste de l’année. Au lieu de ça, avec le dernier tour qu’il a produit aujourd’hui, il prouve à ses adversaires qu’ils vont vraiment devoir se cracher dans les pognes pour aller le chercher. Voilà pourquoi, même si c’était limite, il était crucial de s’imposer plutôt que de simplement viser le podium. » C’est vrai que ce dernier tour, ce n’était pas du mou de veau. Au passage sur la ligne, Joan n’est que 4e, soit avant-dernier du groupe de tête, après s’être fait faire les freins par Bastianini au virage 10. Mais Mir reste Zen et met à profit ses capacités de super-freineur pour tenir en respect Bastianini après lui avoir fait l’aspi dans le virage 1. Il remonte ensuite pour se placer dans le sillage de Fenati au virage 10, lui fait les freins en arrivant d’au moins cinq mètres derrière, puis le bloque-passe à la corde. Du grand art. Le voilà deuxième, mais il ne lui reste plus que les virages 13 et 16 pour doubler, et encore, c’est chaud. Mais Mir n’hésite pas et fait l’inter à Martin dès l’entrée du virage 13, privant son compatriote de sa première victoire. Pas de quartier, et après avoir fermé toutes les portes, le Majorquin s’impose. La grande classe. « Ce fut la course la plus dure du championnat cette saison, car la température était déjà élevée et le circuit est un peu éprouvant, explique Joan à l’arrivée. J’ai étudié mes adversaires durant la course et j’ai pris de gros risques, mais c’est passé. »
UN LATIN À SANG FROID
Quand on cause à Joan Mir entre deux séances d’essais, il est plutôt cool, modeste et pas du genre à se prendre la tête. « Si je connais Jorge Lorenzo ? Non, mais ma cousine, elle, le connaît, donc il faut que je lui demande de nous présenter ! », rigole-t-il, car les deux champions sont tous les deux originaires de Palma de