DUNLOP GONFLÉ À BLOC
Dans une épreuve pas épargnée par les intempéries, Michael Dunlop et Ian Hutchinson ont une nouvelle fois dominé, remportant chacun deux courses. Pour le team officiel Honda, en revanche, entre l'absence de Mcguinness, blessé, et la contre-performance de
On se rappellera longtemps le Tourist Trophy 2017. Pas tant du fait des performances réalisées qu’à cause de la météo, qui a beaucoup perturbé les essais comme les courses. De fortes pluies ainsi que du brouillard dense ont en effet conduit à l’annulation de plusieurs sessions d’essais et de la seconde course Supersport.
RIVALITÉ
Quoi qu’il en soit, quand les pilotes ont pu en découdre dans des conditions normales, les courses ont été spectaculaires, même si elles ont été un peu plus “lentes” qu’en 2016. Une nouvelle fois, Ian Hutchinson et Michael Dunlop ont été les rois d’un TT auquel manquait John Mcguinness, spectateur malgré lui après son grave accident à la North West 200 (lire page 104). Si Ian Hutchinson utilisait toujours la BMW Tyco à laquelle il est fidèle depuis l’an passé, Michael Dunlop avait choisi de relever un nouveau défi. Après avoir quitté BMW, il a en effet signé voici quelques mois pour rouler sur la nouvelle Suzuki GSX-R 1000 RR dans le team Bennetts. En toile de fond, une rivalité pas nouvelle entre les deux hommes – on se rappelle la conférence de presse d’après Senior TT de 2016, au cours de laquelle ils ne s’étaient pas épargnés pour des histoires de règlement... En “piste” cette fois, Dunlop a lancé les hostilités le premier,
faisant claquer, dès les essais, le tour le plus rapide de la semaine à 210,924 km/h de moyenne. Malheureusement, dimanche 4 juin, pendant la course Superbike, les spectateurs ont été privés de la bagarre tant attendue quand le moteur de la Suz a rendu l’âme, forçant l’irlandais à abandonner dès le deuxième tour. La voie libre, Hutchy, comme on surnomme Ian Hutchinson, s’est imposé sur sa S 1000 RR devant Peter Hickman qui, après avoir débuté “tranquillement”, a fait parler la poudre sur une autre BMW. Au passage, on note que le tour le plus rapide en course a été réalisé par Michael Dunlop avant son abandon, à 211,041 km/h de moyenne. Un tour tout de même en deçà
de son époustouflant record établi l'an passé en Superbike sans coup férir, 214,675 km/h de moyenne, soit 133,393 mph – il était alors le premier à dépasser la barre des 133 mph et avait été le seul à descendre sous les 17 minutes au tour.
« L’IMPOSSIBLE EST POSSIBLE »
Autre course, mais toujours la même bagarre entre Hutchinson et Dunlop en Supersport. Bien que le cadet de la mythique lignée – Michael, fils de Robert et neveu de Joey, est le frère de William – détienne le record du tour en 600 cm3 depuis 2013, Hutchinson avait jusque-là remporté les quatre dernières courses Supersport du TT, en 2015 et 2016. Mais Dunlop a frappé fort cette année sur sa Yamaha R6 du team MD Racing. Il a signé là sa 14e victoire dans l'épreuve, se hissant ainsi au même niveau que Mike Hailwood. Mais son grand oeuvre était à venir : la victoire en Senior, “reine” des courses organisées sur l'île de Man. Et quelle victoire, obtenue devant Peter Hickman, encore lui, qu'il devance de presque 14 secondes, et Dean Harrison. « Aujourd’hui, nous avec rendu possible l’impossible, nous avons remporté la course avec un nouveau constructeur et une toute nouvelle moto. Ça en dit beaucoup sur moi en tant que personne et pilote, et ça en dit beaucoup également sur le team, a lâché Dunlop avec son franc-parler coutumier. C’est une course que tout le monde veut gagner, celle dont on parle et je l’ai remportée. Maintenant, j’ai quinze victoires en poche. C’est quelque chose de spécial. » L'histoire aurait pu être différente si Ian Hutchinson n'avait pas lourdement chuté dans le deuxième tour, imposant aux organisateurs de sortir le drapeau rouge et de relancer le Senior pour quatre tours. Tandis qu'hutchy était emmené à l'hôpital où l'on diagnostiquera un fémur cassé, Dunlop a profité de l'interruption pour modifier les réglages de suspensions de sa Suzuki, suspensions avec lesquelles il bataillait depuis le début. Un coup parfaitement joué : après le nouveau départ, il claquait deux tours à plus de 132 mph, dont un sous la barre des 17 minutes à 133,334 mph (214,580 km/h). « J’étais vraiment bien sur la moto, lors des rétrogradages et des changements de rapports, expliquera-t-il. Ça montre à quel point elle fonctionne bien. Ça glissait pas mal aujourd’hui et je ne pense pas que le grip était le même que l’an dernier. »
LA MARQUE DE LA CONSÉCRATION
En féroce compétiteur et en digne héritier qu'il est, l'irlandais de 28 ans admet qu'il a tiré une motivation supplémentaire d'avoir perdu contre Hutchinson à cause de la casse de sa moto alors qu'il menait : « Après la course Superbike, j’avais les tripes retournées et je pense que j’aurais pu gagner sans problème. Je me suis levé, je suis monté sur la 600 et j’ai gagné, et maintenant, c’est le succès au Senior TT. » C'est également une sorte de consécration. Michael a en effet remporté des courses au TT sur Honda, Yamaha, Kawasaki, BMW et maintenant Suzuki ! « Je savais que je pouvais le faire, nous devions juste avoir le bon package. Venir ici et gagner avec la Suz me comble. C’est très important pour moi de vaincre avec un nouveau constructeur. Je l’avais déjà fait avec les autres, et c’est le dernier avec qui je devais le faire... »