La bonne école
La France boude toujours les petites cylindrées, mais la BMW G 310 R est bien là et ne compte pas se laisser faire. A-t-elle assez de qualités et d’arguments implacables pour se faire plus grosse et nous clouer le bec ?
Station-service après le péage: je me remémore la liste des motos qu'on va s'échanger au cours des trois prochains jours. Pas de GSX 750 S sur cette liste, je ne suis pas fou. Cependant, c'est bien Matt que j'aperçois, là-bas, sur une Suz. « Non, me rétorque un gars de la bande, c’est la G 310, la petite BM… » Pourtant, de face, dans ce coloris bleu, avec sa fourche inversée de 41 mm anodisée or, ses écopes couvrant le large radiateur et son phare plutôt ressemblant, j'aurais juré. Le ton est donné. Une fois que l'on s'est rapproché, on lui trouve des mensurations plus raisonnables et on se demande où elle cache ses 158,5 kg tous pleins faits. En dépit de ses faibles dimensions, il y a de la place pour tous les gabarits, des grands aux petits qui apprécieront la faible hauteur de selle de 785 mm. A bord, justement, la position est naturelle, légèrement basculée sur l'avant. C'est bien senti pour affronter la pression du vent. La protection est bonne jusqu'à 130. A cette vitesse, le moteur (qui a de la réserve) turbine à 8000 tr/mn, ce qu'on peut trouver bruyant à la longue. Bon point, à ce régime, il a perdu les vibrations qui envahissaient les repose-pieds et la poignée droite aux alentours de 110 km/h, provoquant de désagréables fourmillements. La selle, au confort appréciable, et le réservoir de 11 litres permettent de bonnes étapes. Avec les 3,7 l/100 km de conso moyenne de l'essai, ce sont bien 300 km que la G a devant elle. La baby BM a encore quelques arguments en stock, dont une originalité technique – et pas des moindres: le cylindre incliné vers l'arrière et la culasse inversée ont pour but avoué un meilleur centrage des masses. Banco pour l'agilité.
GRENOUILLE CONTRE BOEUF
Pour ne rien gâcher, ce petit mono, à défaut d'être très coupleux, est d'une souplesse remarquable. Il accepte de descendre sous les 50 km/h en sixième et de repartir sans le moindre hoquet. Bon compagnon de 3000 jusqu'à 7000 tr/mn, ce n'est qu'après qu'il se révèle, ou s'excite! De 7 500 à 9 500 tr/ mn, le mono germano-asiatique (la moto
BMW G 310 R Un vrai look de gros roadster et un comportement au-dessus de tout soupçon
a été conçue avec l'indian TVS) résonne, gueule, déménage et donne tout ce qu'il a en allongeant jusqu'à plus de 10 000 tr/mn. Avec la boîte bien étagée et précise, ça peut vite devenir un jeu. Le châssis n'a pas été oublié non plus, si bien que la fine G 310 R est d'une stabilité sans défaut. Les suspensions sont comme sur les grandes, confortables et efficaces en toutes situations. Si certains trouveront un excès de souplesse dans la fourche, ce ne sera qu'en usage sportif. L'attaque douce de l'étrier radial évite une plongée franche. Et si on tire franco, l'attaque se renforce et s'ensuit une bonne puissance de décélération, surtout en prenant soin d'utiliser l'arrière, efficace. Quant à L'ABS, il veille mais ne surintervient pas. Avec ça, plus un bon rayon de braquage, la G 310 R s'affranchit de l'épreuve de la ville les doigts dans le nez. Mais c'est bien sur départementale qu'elle en donne le plus, mettant à l'honneur l'art de la trajectoire, les freinages au panneau “trop tard” pour profiter du train avant qui semble sans limites, sans oublier les remises des gaz avant le point de corde pour maintenir le moteur dans le bon régime. Une véritable école du pilotage, cette BM.