Moto Journal

INDIAN SCOUT SIXTY

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Bizarremen­t, c'est toujours le même trousseau de clés qui reste sur le comptoir, au moment de reprendre la route: celui de l'indian Scout Sixty. Mal-aimé, ce custom bridé? Mal compris, plutôt. Cette moto est pourtant jolie, avec ses deux longues flûtes sur le côté, son massif V2, sa selle en cuir qui ne détonnerai­t pas sur un cheval de course. Il a fallu que je force Cindy à poser ses fesses dessus pour qu'elle découvre enfin ce qu'est le plaisir de rouler en custom. D'accord, le gabarit en impose avec ses 2,3 m de long, ses 252 kg, et même la selle placée au ras du sol (643 mm) suffit à peine à rassurer notre miss MJ et son permis A2. « Je ne vais pas réussir à aller chercher le sélecteur avec mes p’tites jambes, puis le guidon est trop loin devant et j’aime pas quand ça frotte en virage… J’y vais, mais j’ai peur! » Aux commandes d'un custom, il faut laisser les a priori au vestiaire, repartir d'une feuille blanche, puis se laisser tranquille­ment porter par la mélodie chaloupée d'un bon gros V-twin, pieds devant, nez au vent. La Scout Sixty est la version d'entrée de gamme d'indian, et son moteur 999 cm3, très moderne (double ACT, refroidiss­ement liquide, arbre contrarota­tif…) de 78 ch, n'en délivre ici réglementa­irement que 47,5 pour recevoir l'approbatio­n A2. Plutôt que de voir les 30 canassons perdus, regardons plutôt le couple. Et celui-ci reste sensibleme­nt le même, version bridée ou pas. Le couple, c'est ce qui fait le piment de la vie, mais aussi le charme d'un moteur. Et donc d'une moto.

UN V-TWIN BIEN COUPLEUX

Cindy revient, le sourire aux lèvres: « C’est plutôt cool une fois que tu as pris l’habitude, c’est même vachement plus sympa que je ne le pensais ! Au début, j’avais l’impression de conduire un bus, je tétanisais des bras, des jambes, puis j’ai pris la mesure de la moto, tout en douceur. » La Scout Sixty n'est pas une moto de brute épaisse avec sa puissance mesurée en version A2, mais elle n'est en rien une moto frustrante. C'est même l'un des meilleurs moteurs de cet essai. On roule sur le couple, entre 2 000 et 4 000 tr/mn, le regard

posé au loin sur l'horizon, les pieds en avant, les fesses bien calées au fond de la selle creusée. Bien sûr, dès que l'on angle avec un soupçon d'autorité, ça frotte généreusem­ent, mais ça fait aussi partie des charmes du custom. Bon, il y a bien Matthieu pour démontrer que l'on peut jouer avec comme sur un roadster sportif, en déhanchant dans tous les virages pour tenter de suivre une bande d'énervés. Mais la Scout n'est pas vraiment conçue pour ça. Le débattemen­t des suspension­s est réduit, ça tape derrière, la fourche (non réglable) s'écrase au freinage et ça tortille du croupion dans les virages bosselés. Mieux vaut rendre la main plutôt que de se retrouver en panique

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