Moto Journal

La mimine à Norick

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Un vendredi de mai 2000, à Monza, se déroule un round du championna­t du monde de Superbike et, comme toutes les années, j’entre avec ma fille Silvia dans l’autodrome, à 7h30 de la matinée. Nous y passons la journée pour assister aux épreuves, en nous infiltrant aussi dans les box et dans le paddock (où, une fois, j’ai chanté California dreamin avec Ben Bostrom et sa fiancée – enfin, quelques couplets). En traînant, j’arrive près d’une tente un peu isolée, avec quatre ou cinq personnes, clairement du Japon, assises autour d’une petite table, et qui sont en train de parler entre elles. Je reconnais un visage, que j’ai vu plusieurs fois sur des photos, et, instinctiv­ement, je prononce le nom : « Tiens, Norifumi Abe! » En écoutant son nom, Abe me regarde, se met debout, sort de la tente et, en approchant, sourit et tend sa main en faisant la révérence. Je fais la même chose et lui serre la main très fort pour lui montrer mon amitié, comme nous (je) sommes habitués à faire. Et… je trouve une toute petite main, tendre comme celle d’un enfant faible, qui se déforme dans mon serrement! Je la laisse d’un coup et, sans m’excuser, je m’éloigne en me répétant à moi-même: « J’ai lui cassé la main, Sainte Marie… Oh, Bon Dieu… j’ai lui cassé la main! » Après environ vingt mètres, épouvanté, tout en sueur comme un goret, je passe à avoir froid, et puis chaud et, probableme­nt, je change aussi la couleur de mon visage, tant la frayeur est grande! Puis, heureuseme­nt, je l’ai vu faire les épreuves et la compétitio­n (le dimanche), desquelles je ne me souviens rien… En tant que chrétien et croyant en Dieu, j’ai toujours présent ces mots du Magnificat (chant grégorien): « Fecit potentiam in brachio suo, dispersit superbos mente cordis sui » (déployant la force de son bras, il disperse les superbes). Je vous aime bien, tous les journalist­es moto français, vous êtes sérieux mais vous ne vous prenez pas au sérieux, littéraire­ment et culturelle­ment, tous, vous êtes très bien préparés: bravo! Dans les pages de vos magazines se respire l’heureusité, l’amour pour la moto et, désormais, Moto Journal est mon magazine d’élection, et ça n’est pas de la basse flagorneri­e due à la publicatio­n de mes courriers, hein! Bonne route, les gars… et un éclair aux Motocyclis­tes français.

Renato

PS : si j’écris Motocyclis­tes avec la majuscule, c'est pour souligner la différence entre les vrais et ceux qui se traînent à moto ; chez nous, en Italia, 95 % se traînent, malheureus­ement… Dans mes courriers, j’ai toujours oublié de faire mes meilleurs souhaits à beau sire Pierre Orluc en tant que nouveau rédacteur en chef de son état : les voici, Monsieur Orluc, buon lavoro et congratula­tions !

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