Moto Journal

La relation de travail

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Comment c’est, bosser avec lui? Je me souviens de ce que tu m’as dit après les essais de Sepang : « Ce qui m’impression­ne, ce sont ses objectifs. » Johann aime le travail. C'est un perfection­niste qui a toujours énormément travaillé pour y arriver. Ce n'est pas une charge pour lui de travailler: il aime ça. Il aime rouler, discuter avec son équipe. Et c'est quelqu'un d'assez atypique. Ils sont tous très doués, à ce niveau-là, mais tu en as qui arrivent et qui se reposent plus sur leur don qu'autre chose. Johann, lui, demande à travailler. C'est l'école Laurent, aussi, l'école ZF [Zarko Fellon]. C'est ce qui me bluffait cet hiver, et qu'on a maintenant intégré dans notre manière de travailler avec lui. Tandis que certains pilotes ont, bien sûr, la volonté de rouler en Motogp, mais, pour eux, c'est un peu l'aboutissem­ent de leur carrière. Ils sont passés par des championna­ts nationaux, puis européens, puis par le Moto3 et le Moto2. Ils sont arrivés en Motogp, et là, ils se disent : « Ça y est, j’y suis. Effectivem­ent, si je peux faire des résultats, c’est bien, mais bon… »

Johann ne voit pas les choses de cette façon… Il est en Motogp pour faire ce qu'il a déjà fait en 125 et en Moto2: se battre devant. Pour des podiums, des victoires et des titres, pas pour remplir

la grille. Il a de très grands rêves. Mais ce ne sont pas que des rêves: il fait tout pour qu'ils deviennent réalité. Et ça a marché! On réalise l'interview avant le GP d'allemagne, et on a déjà fait une première ligne et un podium au GP de France, une pole à Assen. On s'est battus avec Marquez, Lorenzo, Rossi, Dovizioso. Tu m'aurais dit ça à Valence, en novembre, je t'aurais dit: « Tu rêves, c’est impossible. » Le travail, c'est un ami de Johann. Non seulement ça ne l'effraie pas, mais ça l'attire.

Quelle est ta relation de travail avec lui ? Mon job vis-à-vis de Johann est de regarder de l'extérieur. Toutes les sollicitat­ions médiatique­s, marketing, sont gérées par Mathilde [la fille d’hervé, l’attachée de presse]. Tout ce qui est technique est pris en charge par Guy [Coulon], Alex [Merhand] et son équipe technique. Je regarde ce que Johann fait au niveau communicat­ion comme au niveau technique, mais je ne suis pas en prise directe avec lui. Ce n'est pas moi qui lui dis : « Faut que t’ailles faire l’interview avec machin, tourner la vidéo de truc, ou encore, la séance prochaine, on a les pneus truc et les suspension­s réglées comme ça… » J'apporte une vue plus globale.

Et que constates-tu ? C'est un mégapro. Il ne laisse rien au hasard. Il répond toujours positiveme­nt à toute sollicitat­ion. Il m'a notamment bluffé lors du GP de France – où on voulait encore plus le protéger – en me disant : « Non, je veux quand même faire telle et telle chose. » Il est très ouvert. Ce que je peux voir en travaillan­t avec lui, c'est qu'il s'est mis dans la peau du leader de la vitesse moto en France. Il a envie de devenir un exemple, non pas pour flatter son ego mais pour motiver les jeunes. Popularise­r davantage le sport moto en France. Il voit ce qu'il se passe en Italie, et surtout en Espagne, et il se dit : « Il n’y a pas de raison que ça n’arrive pas chez nous. » Il adore les sollicitat­ions parce qu'il se dit que s'il est sollicité, c'est du fait qu'il crée de l'intérêt. En somme, il a compris la mécanique médiatique et il se comporte de manière très pro. Au départ, je le trouvais un peu taciturne, un peu timide, un peu replié sur lui-même. Je me suis dit que ça allait être compliqué, que ça n'allait pas du tout lui plaire de devenir un peu une star, d'avoir toutes ces demandes. Au contraire : il joue le jeu, et tu vois que ça lui plaît. Il nous le dit.

Le travail est l'ami de Johann. Il répond présent à toute sollicitat­ion. C'est un très grand pro

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 ??  ?? Deux premières lignes en sept GP, la troisième place sur la grille au Mans et la pole à Assen, ce n'est pas non plus du mou de veau. Ici, l'équipe de Johann célèbre sa deuxième place au Grand Prix de France.
Deux premières lignes en sept GP, la troisième place sur la grille au Mans et la pole à Assen, ce n'est pas non plus du mou de veau. Ici, l'équipe de Johann célèbre sa deuxième place au Grand Prix de France.

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