Moto Journal

LE MOTO3 FÊTE SES 100 GP

Quelle bagarre pour ce centenaire ! 22 pilotes roues dans roues 17 tours durant, qui se tenaient en trois secondes. Un spectacle éblouissan­t qu’on doit à un règlement bien ficelé.

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Le cap des cent Grands Prix en Moto3 est atteint (comme la tarte !). Les 250 cm³ 4-temps ont remplacé les 125 2-temps en 2012, suite au monopole de fait d’aprilia, qui louait ses motos un million d’euros et offrait le titre à l’équipe la plus riche : Aspar et Terol en 2011, alors que Johann Zarco n’a jamais eu les mêmes pièces moteur et ne pouvait pas lutter. Depuis, tous les moteurs sont plombés, et le meilleur gagne. Bien sûr, tout n’est pas parfait. Les coûts de fonctionne­ment restent trop élevés pour une catégorie d’accès au Motogp : de l’ordre de 300 000 € par pilote et par saison pour un package compétitif. Soit plus qu’un tiers des guidons en Moto2. De plus, l’aspiration permet de gagner énormément de temps sur ces petites motos (55 ch pour 80 kg), et l’on assiste à chaque fois à des sketches en qualif, avec des pilotes qui attendent des roues. A Silverston­e, 17 pilotes patientaie­nt dans les box à cinq minutes de la fin de la séance qualif, et le poleman Fenati s’est même arrêté à la sortie des stands pour avoir un tour clair juste avant le drapeau à damier. Mais, globalemen­t, les choses s’améliorent : premièreme­nt, toutes ces incartades sont de plus en plus réprimées par la direction de course, avec des pénalités sévères : jusqu’à douze places sur la grille pour les pilotes pris plusieurs fois de suite à plus de 107 % de leur chrono le plus rapide dans trois des quatre partiels du circuit. La direction de course surveille aussi les petits malins qui dépassent les limites du circuit pour s’ouvrir les virages et gagner des dixièmes. A Silverston­e, 139 tours ont été invalidés par la direction de course durant la séance qualif !

DE PLUS EN PLUS PRO

Sur le plan du matériel, la catégorie n’a jamais été aussi équitable en 68 ans de championna­t du monde. Avec Mahindra qui s’en va, officielle­ment pour investir dans l’électrique, officieuse­ment parce que ses motos se traînent à l’accélérati­on,

les pilotes seront équipés de KTM ou de Honda l’an prochain ; des machines compétitiv­es, tant en châssis qu’en moteur. Le patron de KTM, Stefan Pierer, détestant Honda, on peut être assuré de sa motivation de récupérer le titre 2018 après la razzia effectuée par Joan Mir et le team Leopard. De plus, pour ne plus donner l’impression que KTM favorise le team Ajo, le sponsor Red Bull n'y figurera plus l’an prochain, l'équipe passant de deux à un seul pilote. Ce favoritism­e est de toute façon une vue de l’esprit, puisque, en 2012, c’est Calvo et Viñales qui ont coiffé Salom et Ajo grâce, entre autres, à un moteur tout neuf livré lors du dernier GP à Valence par l’usine. Il y a dix ans, un espoir comme Jules Danilo n’aurait jamais pu bénéficier de la même machine que Mir ou Fenati, alors que c’est le cas aujourd’hui. Ce qui permet à de jeunes pilotes comme Arbolino, Masia ou Rodrigo de se faire remarquer alors qu’ils sont moins expériment­és. Il y a une autre raison : les pilotes n’ont jamais été si bien formés. Avec un championna­t du monde junior ultracompé­titif, le Fim CEV, de nombreuses formules de détection performant­es (Red Bull Rookies Cup, Asia et European Talent Cup) et, enfin, le pré-moto3 en championna­t espagnol (voir le reportage dans GP Plus n°15, en kiosque le 27 septembre), les jeunes pilotes ont accès aux mono 250 4-temps dès treize ans et bénéficien­t de trois ans d’apprentiss­age avant d’intégrer le championna­t du monde. La profession­nalisation du sport moto amène sur la scène internatio­nale des athlètes de haut niveau qui parlent anglais avec leur team et les journalist­es, sont affûtés physiqueme­nt et formés sur le plan intellectu­el (il y a des exceptions…). Le résultat, ce sont quasi-systématiq­uement les meilleures courses du week-end, avec des grappes de dix furieux qui se tiennent en une seconde jusqu’au dernier tour. On souhaite que les 100 prochains GP soient aussi beaux, mais foi de MJ, il n’y a guère de souci à se faire.

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 ??  ?? 2 [2] Sangsue Jules Danilo, a galéré ce week-end et ne décroche que la 22e place. On ne pourra pas lui avoir reproché de ne pas avoir soigné son plat ventre. 3
2 [2] Sangsue Jules Danilo, a galéré ce week-end et ne décroche que la 22e place. On ne pourra pas lui avoir reproché de ne pas avoir soigné son plat ventre. 3
 ??  ?? 1 [1] Baston Canet (44) mène devant Rodrigo (19), Bastianini, Fenati et Loi (masqués), puis Mir (36). 23 pilotes ensemble pendant 17 tours : la plus belle empoignade du championna­t.
1 [1] Baston Canet (44) mène devant Rodrigo (19), Bastianini, Fenati et Loi (masqués), puis Mir (36). 23 pilotes ensemble pendant 17 tours : la plus belle empoignade du championna­t.
 ??  ?? [3] Rouge = vert Bastianini, Canet et Martin sourient sur le podium. Mais juste après la présentati­on du drapeau rouge, Martin était vert, car il n'a pas eu le temps de coiffer ses adversaire­s.
[3] Rouge = vert Bastianini, Canet et Martin sourient sur le podium. Mais juste après la présentati­on du drapeau rouge, Martin était vert, car il n'a pas eu le temps de coiffer ses adversaire­s.

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