Le bon choix pour rouler
Pour rouler loin et longtemps à moto, il y a le choix. Les routières se déclinent de fait en quatre catégories principales. On a donc réuni quatre spécimens représentatifs, la BMW K1600 GT pour la GT, la Kawasaki Z 1000 SX pour la Sport-gt, la Suzuki V-st
GT, ça veut dire Grand Tourisme. Aujourd'hui, ça ne veut plus dire grand-chose, mais au milieu du siècle dernier, ça qualifiait des voitures capables d'abattre de grandes distances à grande vitesse. Ajoutons « dans un grand confort », et on a une description très fidèle de la BMW K 1600 GT. A son guidon sur autoroute, on est le roi : assis sur un trône aussi confortable qu'ergonomique, les mains naturellement posées sur le guidon, la bulle réglable électriquement faisant office de protection rapprochée. Bref, on est bien et on ne demande qu'à enquiller les bornes.
BOURGEOISE ET LYRIQUE
La cerise sur le gâteau, c'est que cette sérénité n'est jamais troublée par le moteur. Avec ses six cylindres en ligne, il est naturellement très bien équilibré. La conséquence pour le pilote, c'est une quasi absence de vibrations ressenties. Pas de fourmillement dans les pieds ou les mains, que du velouté de bielles bien éduquées. Bien éduquées, mais pas fades pour autant. Quand on leur donne la permission en ouvrant la poignée, les six gamelles bien peignées de la bourgeoise bavaroise savent pousser la chansonnette. Dans un registre lyrique, forcément, mais c'est si bien exécuté que même un amateur de métal lâchera une petite larme. Ce six-en-ligne BMW, c'est tout simplement un demi-v12 Ferrari ! Sans blague, la mélodie est ensorceleuse et les montées en régime très aériennes. D'ailleurs, l'aiguille du compteur de vitesse ne manque pas de s'envoler. Ça roule très vite, malgré les 334 kg à plein du bestiau. Le poids, c'est précisément la face sombre de la BMW. Pourtant, elle est relativement bien équilibrée. Sur des belles routes rapides, on la balance d'un angle à l'autre sans souci, en s'aidant du grand bras de levier offert par les demi-guidons surélevés. La K 16 est précise dans ses trajectoires et accepte qu'on les corrige si besoin est. Le train avant Duolever limite la plongée et offre
une sensation de sérénité quand on enquille les courbes. Il autorise même des freinages sur l'angle sans que la moto se redresse. La motricité est par ailleurs excellente. Bref, la BMW est efficace et tient le parquet. Il ne reste plus qu'à s'isoler du vent en montant la bulle électrique au maximum pour profiter des vocalises du 6-pattes. Tout est au beau fixe, jusqu'à ce que la route se dégrade, devienne trop sinueuse ou mène en ville. Sur chaussée dégradée, les suspensions travaillent bien et le confort est préservé. Mais pas le dynamisme de la moto. La K 16 ne se désunit pas, mais les trois quintaux chahutés deviennent physiques à maintenir sur le cap désiré. Même constat quand on cherche à emmener la BMW à un rythme élevé sur des routes étroites. L'imposant vaisseau montre ici ses limites et son véritable caractère : il ne tolère qu'un pilote qui sait où il veut aller, pas un flâneur qui aime l'improvisation. En ville, c'est le même refrain. Quand on roule avec assurance et fluidité, la K 16 ne
La BMW K 1600 GT est un TGV : rapide, vissée sur des rails, confortable et dotée d'un vaste espace dédié aux bagages