Une marque à l'âme
Il y a quelques années, Moto Journal publiait l’image d’une Buell pendue à un croc de boucher, comme un vulgaire morceau de viande. A l’époque, en 2009, il s’agissait, en “détournant” une de ses publicités, d’illustrer l’arrêt brutal, par Harley-davidson, de la marque qu’elle possédait en partie depuis quinze ans. Relancée dix-huit mois plus tard par son fondateur historique Erik Buell, rachetée en partie par l’indien Hero Motocorp en 2013, mise en faillite en 2015, puis acquise par une société spécialisée dans la revente d'entreprises, EBR – pour Erik Buell Racing – n’a finalement pas survécu très longtemps ; il y a tout juste moins de trois mois, ce qui en subsistait a été vendu aux enchères, non loin d’east Troy, cité du Wisconsin où tout avait commencé quelque trois décennies plus tôt. Récemment, c’était au tour de Victory Motorcycles de voir sa production stoppée par le géant américain Polaris qui l’avait lancée même pas vingt ans avant. Et souhaite désormais se consacrer pleinement à l’une de ses autres marques, Indian. Au pays de l’oncle Sam, on ne fait pas de de sentiment en matière d’affaires. Plus près de nous, la superbe aventure Voxan s’est tristement terminée en 2010, quand, là aussi, ce qu’il en restait a fini sous le marteau du commissairepriseur — la marque au sens légal du terme (le nom) a toutefois été reprise par Venturi Automobiles et un proto de moto électrique Wattman dévoilé en 2013, sans suite. Une litanie d’annonces qui fait mal, d’autant qu’elle continue ou que d’autres noms sont sur la sellette. Dernier exemple en date, MBK, plus connue avant comme Motobécane : ces dernières semaines, Yamaha, son propriétaire depuis 1986, confirmait la cessation de sa production, parlant officiellement d’une mise en suspens. L’occasion de se rappeler que, jusque dans les années 50, la France comptait encore des dizaines de constructeurs. L’occasion aussi de constater qu’une marque de moto qui disparaît, c’est un peu de l’âme commune des motards, notre âme, qui disparaît.