VÉCU
Caramel Trophy en 1200 GS
Avant de vivre l’expérience en live, pour de vrai, j’avais dans l’idée que le GS Trophy, c’était une version juste un poil aseptisée du Camel Trophy dont les visuels ornaient les quatrièmes de couverture des magazines moto de ma jeunesse. Un truc pour para à tendances masochistes... Où le but du jeu consiste à prendre à bras-le-corps sa machine, en l’occurrence une BMW 1200 GS de 250 kg, dans des endroits où même une chèvre ne s’aventurerait pas. Bref, avant de prendre le train pour Narbonne en ce 20 octobre, j’avais dans l’idée dans baver et je m’étais préparé à revenir de mission meurtri dans ma chair, rincé, détruit. Au bout de ma vie, quoi. Et puis un événement a commencé à me faire douter du supplice : une conversation, la veille de l’épreuve, avec Sébastien Saphores, ancien vainqueur du GS Trophy, désormais en charge des sélections françaises qui se déroulent tous les deux ans. Plus exactement aux International GS Trophy, la compétition chargée d’élire la meilleure équipe de finishers au monde. Sébastien m’a avoué que l’idée étant de faire gonfler les troupes féminines, 4 maintenant que les dames sont admises sur le GS Trophy, l’organisation avait ajusté le tir en réduisant la difficulté des épreuves de pilotage. Pour éviter qu’une partie des participants se rue également vers les modèles plus légers que la 1200 GS, comme les F 650, l’accent fut également mis sur l’orientation et la nécessité de gérer au mieux sa consommation de carburant. De quoi me rassurer partiellement. Enfin, plus que mes deux séances annuelles de crossfit… L’examen de mes adversaires fut en revanche moins réconfortant. Sur les 120 personnes inscrites, dont certaines à la veille de l’événement qui devait initialement se dérouler au Travel Park de Tours en juin (des soucis administratifs ont conduit à changer le lieu), pas mal disposaient de GS bardées de toutes les options vendues par les accessoiristes spécialisés.
BRANCHER LE CERVEAU
En tout cas, pour s’en sortir, au BMW GS Trophy, tu ranges ton attaque de crossman et ton chrono. Ta première mission, c’est de sortir tes Stabilo, ta carte
du coin, puis ton cerveau pour établir ton parcours du week-end à partir du book remis aux participants. Car de là dépend ta réussite. Si tu veux t’en sortir, tu ne gagnes pas du temps dans les ateliers, tu gères ton planning pour en faire le plus possible et pour ne pas te perdre dans les liaisons qui doivent t’y mener. Pas si simple, sachant que tu dois prendre en compte les conditions météo, donc l’état des sols, l’affluence devant chaque atelier, plus ton état de fatigue et, forcément, tes capacités. Intellectuelles plus que physiques, encore une fois. L’organisateur te fixe également un rendez-vous auquel tu ne peux te soustraire. Il appelle ça l’oasis, qui consiste à embarquer sur des canoës par équipe de six pour ensuite pousser une GS 1200 sur une petite colline avant de traverser des bacs remplis de pneus, de sarments, de traverses de chemin de fer... C’est l’un des vingt ateliers planifiés où tu peux marquer des points. Car voilà l’ultime paramètre à prendre en compte : les points attribués à chaque défi. Forcément, tu viseras en priorité les gros comptes et les ateliers où tu es convaincu de réaliser un score maximum. Mais c’est là que ça se corse. Parce que des défis où tu doutes de tes capacités, il y en a plein.
REMONTER UNE TENTE
Par exemple, je ne me suis pas senti de reconnaître dans le noir les modèles de la gamme 2017, reconnaître des clefs de bagagerie au milieu d’un bac plein... de clefs, grimper sur un pont de singe, ou démonter et remonter mes rétroviseurs à la perfection... Je pensais aussi pouvoir porter une caisse de vin vide sur un parcours de lenteur, atteindre une cible les yeux bandés sur une Urban GS et survivre à un test de maniabilité avec une GS 700 surchargée ; mais, là aussi, j’ai échoué. Comme j’ai échoué à remonter une tente en plein vent. En fait, pas certain que je sois fait pour cette aventure-là, moi le crossman de base. J’ai certes doublé quelques concurrents dans les bouts droits sur les parcours des Eoliennes surplombant le magnifique domaine de Château de Lastours et ses 800 hectares, mais sans finalement marquer plus de points qu’eux, puisqu’ils ont couvert le nombre de tours demandés. Bref, gloire à Jérôme Durand, Paul
Basseville et Olivier Fayat, le trio finaliste qui portera l’an prochain les couleurs françaises en Mongolie, lors des GS International. Ainsi qu’à Jessica Leyne et Sonia Barbot, les meilleures féminines. Elles seront admises aux préqualifications organisées en Afrique du Sud pour les dames, avec l’espoir de se confronter aux hommes lors de la grande finale.