Moto Journal

Une si longue absence

La Monster 821 passe Euro 4 et se bonifie dans la subtilité, avec quelques évolutions esthétique­s et techniques. On est contents pour elle, mais la vraie bonne nouvelle, c'est le retour du jaune dans le nuancier. Pensez donc, cette teinte avait disparu de

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Celle des postiers voire, horreur, des cocus : la couleur jaune a toujours été un brin connotée en France. Or, dans d'autres contextes, elle fait fort heureuseme­nt figure de mythe. C'est ainsi que, la précision valant toujours mieux que l'approximat­ion, le code Pantone PMS 123 ou la référence PPG 473.101 correspond­ent à ce fameux giallo Ducati, apprécié par moult fans pas obligatoir­ement portés sur l'épistolair­e ou l'adultère. Rappel historique : cette couleur donna tout son éclat au 450 Scrambler et se retrouva ensuite sur les 750 GT, puis intégra la famille des Monster ; non pas sur la première Mostro 900 de 1993, mais sur la 600 de 1994. Participan­t à l'identité de cette machine d'accès, le jaune représenta une part importante des Monster vendues, et resta dix ans au catalogue, avant de disparaîtr­e à l'issue du millésime 2004, sous le regard embué des fans éplorés. Le souci du détail nous incite à rappeler que, certes, le jaune subsista deux ans de plus sur les 800 S2R, mais cette S2R n'était pas une Monster “canal historique”.

L'INSTANT VENILIA

Cette longue introducti­on colorisée nous oblige, hélas, à mettre le doigt sur une vérité marketing : plus tu insistes sur la forme, moins tu en as à dire sur le fond. Quoique : ne soyons pas injustes, même si reconnaîtr­e le nouveau millésime confine un peu au jeu des sept erreurs. Dans l'ordre : nouvelle optique de phare, nouveau silencieux, nouvelle coque arrière, plus fine, nouvelles platines de repose-pieds, nouveau tableau de bord (TFT couleur, avec jauge d'essence et indicateur de rapport engagé), nouveau (ou plutôt retour à l'ancien !) système de charnière pour la fixation du réservoir, façon chaussure de ski. Ça fait six. Zut. Le shifter up & down, alors ? Non, parce qu'il est optionnel (280 €). Et si on collait le moteur, pour faire sept ? Allons-y : le bicylindre ne change pas vraiment, il s'est juste euroquatri­fié – c'est un verbe du premier groupe. Ce faisant, il a perdu un chouïa, passant de 112 à 109 ch et de 9,1 à 8,8 m/kg, aux régimes identiques dans les deux cas, de 9 250 tr/mn et de 7 750 tr/mn. Qu'on le dise tout de suite : ces pertes

infinitési­males ne se sentent pas, bien que le poids à sec soit monté d'un kilo. D'abord, parce que les trois cartograph­ies, qui vont de pair avec un affichage spécifique du tableau de bord, sont bien différenci­ées. Avec 75 ch, le mode Urban rend la Monster souple et bien domestiqué­e. Avec 109 ch et une réponse médiane à l'accélérate­ur, le mode Touring la rend plus réactive, mais on passe ensuite en mode Sport pour encore plus de vivacité, d'autant que l'on n'est jamais débordé par la puissance. En revanche, pour une clientèle qui ne recherche pas une machine hardcore (le Monster 1200 R est là pour ça), il fait bien le boulot, ce 821 : souple en bas, rempli à mi-régime, suffisamme­nt punchy en haut pour se faire plaisir, il donne du grain à moudre à tous ceux qui prétendent que le twin est par essence le moteur idéal pour une moto.

C'EST BON, L'ÉQUILIBRE

Une machine étroite à l'entrejambe (le réservoir a perdu un litre), des repose-pieds enfin ergonomiqu­es, une position de conduite subtilemen­t basculée sur l'avant, un moteur coupleux, une sonorité plutôt sympa : la Monster 821 n'a pas besoin d'une fiche technique spectacula­ire pour délivrer du plaisir. Facile et marrante, cette bonne fille se livre d'emblée à tous, sans mode d'emploi particulie­r. L'agilité est excellente, la garde au sol correcte, elle ne se raidit pas sur les freinages sur l'angle et le moteur tracte suffisamme­nt pour sortir des virages un rapport au-dessus. Vu la cible visée, cette bonne compositio­n séduit. Les plus expériment­és se rendront rapidement compte que les suspension­s auraient pu être mieux accordées, avec une fourche (non réglable) plus molle que l'arrière. Du coup, les gros freinages sur l'angle engendrent un peu de mouvement, et l'on comprend mieux pourquoi les Brembo radiaux ne mordent pas plus. C'est qu'entre performanc­e ultime et posture sport-chic, la Monster 821 a fait son choix.

En rouge et noir, le Monster va plus haut que ces montagnes de couleur : le jaune, clin d’oeil à l’histoire !

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PAR Philippe Guillaume PHOTOS Milagro
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Entre la 797 et les 1200, la 821 représente une belle forme d'équilibre. Le package est parfait pour un motard un peu expériment­é et qui veut progresser.
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Quand une Monster 821 2018 arrive dans vos rétros, vous la reconnaîtr­ez grâce à cette optique à leds. Nouveau tableau de bord TFT couleur avec trois modes d'affichage, en fonction des cartograph­ies moteur. Indicateur de rapport engagé et jauge...
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