Conseil de lecture

La Femme à la mobylette

Ce n’est un secret pour personne : j’aime la moto. Alors, quand le club de lecture Litres & Ratures me propose de lire La Femme à la mobylette, de Jean Luc Seigle [éditions Flammarion], je pense que c’est une provocation. J’ai toujours cru qu’une rencontre pouvait changer une vie, et aussi qu’un objet motorisé peut vous donner des ailes. Pour Reine, c’est la mobylette bleue, qui va accomplir un miracle. Mieux que la lampe d’aladin : de la dignité, du courage, un travail et l’amour. Elle nous interroge sur Dieu et elle sert de passeur à ces mortes et morts qu’elle habille pour que le ciel voie leurs beautés. Elle devient l’artiste, il suffit de la laisser faire et de croire en elle. Reine sait entrer dans le mystère de l’autre. Seuls les artistes ont ce don, cette vision, cette sensibilité des autres. Elle est, dans les bras de Jorgen, la Bethsabée sortant du bain de Rembrandt, impudique et voluptueuse. Aimer, c’est avoir l’impression de mourir sans mourir. Et cette phrase qui dit tout : « Les siècles ne sont pas le passé, ils sont l’histoire. » Comprendre le sens du mot image et le relier à l’âme pour aller chercher la ferveur des ancêtres. Que le miracle de la résurrection se passe sur terre et non au ciel, quand la force de se relever après des défaites est plus forte que l’abandon. J’ai écrit tout ça et j’en suis à moins de la centième page. Ce livre te chope et te dit de ces choses qui, même dans le désespoir, te font espérer. En résumé, j’ai tellement aimé ce livre que je me surprends à faire le signe du motard à tous les deux-roues que je croise, en espérant un jour rencontrer Reine. Thierry, de Châteaurenard, motard et lecteur