PIERRE ORLUC, CHEF ANTI-INTRUSIF
La moto 3.0 et les STI, mais qu’est-ce donc… ? Je reconnais à la “technologie” de vrais apports en termes de sécurité ; il faudrait être particulièrement obtus pour soutenir le contraire. Mais point trop n’en faut. Surtout, je l’aime si elle est non-intrusive et que j’ai connaissance de son action. Et puis l’hyperconnexion “involontaire” en permanence, sans que j’aie mon mot à dire, très peu pour moi. Comme tous les outils, les STI peuvent être formidables à condition de leur mettre des limites. Il n’est malheureusement sans
doute pas loin le temps où chaque déplacement à moto (et avec tout autre véhicule, bien sûr) sera surveillé en temps réel. Par son assureur, la police, un dictateur – on pourrait rallonger la liste. Le premier pourra moduler votre prime en fonction de votre comportement routier ; la deuxième pourra vous pruner en jetant juste un oeil aux données qui vous concernent – même plus besoin des radars automatiques. Le dernier pourra imposer ce qu’il veut sans que personne ne puisse rien faire. Qui me dit en effet que, demain, les STI ne permettront pas à l’un des trois précités de prendre le contrôle à distance de votre moto – comme on le craint très sérieusement dans l’aviation commerciale ? En clair, régulera, par exemple, votre vitesse sur la route pour la conformer aux limitations de vitesse sans aucune possibilité de passer outre. Sans même aller jusque-là, on nous prépare une société de la déresponsabilisation, dans laquelle ladite technologie serait la solution miracle à tout et préviendrait les comportements dits à risques. Mais c’est justement l’inverse qui fait le sel de la vie, et, en ce qui nous concerne ici, le plaisir de rouler à moto ! Quand j’ai envie de me transporter d’un point A à un point B sans me soucier de rien, je me connecte sur oui.sncf et je prends le train.