Orange mécanique

Et à la fin... c’est KTM qui gagne. Avec le premier succès de son compatriote Matthias Walkner, la marque autrichienne a remporté son 17e Dakar d’affilée ! Pourtant, en rallyes-raids, la concurrence a relevé les manches depuis longtemps, mais ça ne suffit visiblement pas : cette année, au-delà de la victoire, les Orange, qui équipent toujours le gros des troupes, ont placé quatre motos parmi les cinq premières à l’arrivée. Une insolente domination aussitôt soulignée par Pit Beirer, le directeur sportif maison, d’un presque laconique : « Cela va sans dire, c’est une réussite incroyable pour KTM. »

Il fut un temps, au mitan des années 90 dominées par les Yamaha et un certain Stéphane Peterhansel, où la partition n’était pas vraiment la même. Où l’arrivée en force du constructeur de Mattighofen sur le roi des rallyes s’était en quelque sorte faite dans la douleur. Avec stratégie pas claire, moto pas vraiment au point, préparation perfectible, on en passe – l’auteur de ces lignes se souvient de discussions houleuses, sur le terrain d’un Dakar africain de l’époque, avec les responsables du team engagé, quand il évoquait avec eux le sujet. Aujourd’hui, tout cela est loin. Une fois réglés sur la piste ces errements de jeunesse, KTM a rapidement conquis ses galons à coups de belles victoires sportives, d’un engagement constant sous la bannière de son fameux slogan Ready to Race (prêt pour la course), qui constitue son ADN depuis des décennies, mais aussi par une politique industrielle tous azimuts, laissant peu de créneaux en jachère. Passant du statut de “petite” marque ambitieuse à ogre voulant tout dévorer. En sport, donc, dont le récent engagement en Motogp n’est que la dernière illustration en date, mais pas seulement. Et ça marche : depuis sept ans, les Autrichiens battent record de ventes sur record de ventes. En 2017, ils ont même vendu 239 000 motos dans le monde, quelque 17 % de plus qu’en 2016, dont plus de la moitié ont trouvé preneur hors d'europe. La vie en rose, quoi.