Moto Journal

Le pohaime de la quinzaine

JE ME SOUVIENS D’HIER

- LLG

Je me souviens d’hier, d’une époque lointaine, Où l’on pouvait rouler en toute bonne conscience, Sans le joug écrasant de la morale hautaine, Bridant notre passion, comme une panne des sens

Est-ce un mal nécessaire que cette répression, Qui nous transforme tous en de nouveaux coupables, Qui a pour ennemi vitesse et pollution, Mais qui nous rend toujours, un peu moins responsabl­es ?

Je me souviens d’hier, d’une époque lointaine, Où l’on vendait du rêve, chez les concession­naires, Nous répondions présents chaque fin de semaine A cet appel de phares des nippones chimères

Les normes en vigueur étaient vite cernées Puisqu’elles se résumaient à bannir de la route Les moteurs infernaux de plus de cent poneys Certains gardant leurs bêtes, pour les cacher en soute

Aujourd’hui tout est propre et même aseptisé, Le marketing prenant le pas sur la folie Le temps a fait son oeuvre, et aussi émoussé, Le fil de la passion d’un motard qui vieillit

La voiture sans chauffeur et l’iphone qui couine En disent assez long si l’on veut écouter « Ne réfléchiss­ez plus, laissez faire les machines, Elles vous indiqueron­t ce qu’il vous faut penser »

Le raisonneme­nt paraît sans doute trop simpliste Mais au temps des capteurs et autres assistance­s Je me demande quand même s’il n’est pas un peu triste Qu’une moto perde en âme ce qu’elle gagne en puissance

Sans doute ce discours, fut tenu en son temps, Par des motards déçus qui entendaien­t le glas De ces belles anglaises, laissant flaques de sang Ou d’huile c’est pareil, dans leur dernier combat

Alors assez parlé et assez ruminé Sur les déconvenue­s de cette nouvelle ère, Je vais mettre le casque pour écouter chanter Sur la route et en live, mon quatre-en-ligne à air

Et si c’est bien normal, et dans l’ordre des choses De progresser sans cesse pour ne pas dépérir Défendre le passé, sans en faire une cause Peut être un bon moyen de croire en l’avenir

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