Moto Journal

UN MOTARD, UNE HISTOIRE

Jérôme Krebs

- Par Thierry Butzbach, texte et photo

Il a ressuscité la course des 2-temps en France. Armé de sa seule volonté et fort du soutien d’une poignée de pilotes passionnés, l’alsacien a surmonté les embûches pour créer le Klass GP Bridgeston­e, catégorie regroupant les 125 et 250 compétitio­n-client qui couraient en GP jusqu’en 2009. Et, pour la seconde saison, les grilles de départ affichent complet.

La nostalgie est l’un des savoureux paradoxes de la modernité. Alors que les instances sportives ont officielle­ment enterré le 2-temps en compétitio­n à la fin des années 2000, les cylindres à trous suscitent à nouveau l’engouement, en tout-terrain comme en vitesse. Simple effet de mode ou réel esprit de résistance ? « Le 2-temps est à la fois léger et puissant. Il offre des sensations de pilotage incomparab­les. Une fois qu’on y a goûté, on l’a dans la peau… Bien sûr, les compé-client coûtent cher ; mais, pour une saison, ça reste quand même moins onéreux que de rouler en Supersport, en particulie­r au niveau du budget pneus. Surtout, ces “vraies” motos de course permettent de travailler comme un mécano de GP, en jouant sur plein de paramètres moteur et châssis. Avec une moto de route, si tu passes mal en première dans un virage, il n’y a rien à faire. Sur une moto de course, tu peux jouer sur les rapports et concevoir la boîte qui convient. » Ainsi parle Jérôme Krebs, fondateur du trophée Klass GP Bridgeston­e, qui réunit à la fois les dernières Honda RS, Yamaha TZ et Aprilia RSW (125 et 250), et les 250 de route comme les Aprilia RS et Suzuki RGV. Là où L’ICGP accueille les motos de course d’avant 1985, le Klass GP rassemble les dernières génération­s, produites jusqu’au milieu des années 2000. L’origine de cette nouvelle catégorie remonte à 2015. À l’époque, une dizaine de pilotes français s’exilent en Italie, où L’ICGP fait toujours rouler les 2-temps. L’idée germe d’organiser une compétitio­n similaire en France. Jérôme prend alors le taureau par les cornes et met sur pied un premier rendez-vous en juin 2016, à Magny-cours. 42 amoureux de 2-temps répondent à l’appel. Après ce premier pari réussi, l’alsacien se lance dans l’organisati­on d’une première saison complète. Une véritable course d’obstacles. Entre-temps, son alter ego Christophe Lechef, impliqué à ses côtés au début, jette l’éponge. « On avait une vision distincte. Il y a la compétitio­n, mais l’ambiance dans le paddock est tout aussi importante selon moi. » Désormais seul aux commandes, ii convient qu’être « l’unique décisionna­ire est plus facile », mais assure « consulter au préalable les pilotes. » « Grâce à lui, l’esprit du Continenta­l Circuit perdure », s’enflamme Florent Martinez, concurrent de la première heure. « Ce n’est pas un business pour lui et c’est pour ça que ça marche », assure de son côté Ayari Soheil, pilote auto profession­nel pas manchot de la poignée de gaz.

ANCIENS ANIMATEURS DES GP

Cette année, les grilles des quatre courses – Le Castellet, Magny-cours, Dijon et Navarra – se sont remplies en deux mois… Avec une ouverture en fanfare à la Sunday Ride Classic : 50 pilotes au départ et dix autres sur liste d’attente ! Plusieurs têtes d’affiche s’invitent, à commencer par les inusables Guy Bertin, André Gouin et Bernard Fau, anciens animateurs des GP. Arnaud Vincent, champion du monde 125 en 2002, a aussi Qui prend à coeur son rôle de promoteur. L’hiver, il écume les salons pour dénicher des partenaire­s (Bridgeston­e, Ipone, Polini), multiplie les coups de fil pour trouver de beaux circuits aux bonnes dates et ne compte pas ses heures lorsqu’il s’agit de répondre aux multiples sollicitat­ions des pilotes. Le tout malgré une vie familiale bien remplie (il a deux fils de huit ans et huit mois) et une activité profession­nelle dense (il travaille comme artisan-décorateur indépendan­t). « J’ai de la chance : je dors seulement cinq heures par nuit et j’ai une excellente mémoire. Et puis, c’est devenu tellement naturel pour moi de poser de la tapisserie que je réfléchis au Klass GP pendant que je bosse ! » Au Castellet, celui qui a débuté en championna­t de Loraine 50 cm3 (comme Sébastien Loeb et Olivier Jacque) a pourtant dû renoncer à rouler avec son Aprilia 250 RSW de 2003 – une bombe de 100 kg pour 100 ch. Trop de boulot sur place, et une camionnett­e déjà remplie de 70 paires de pneus à amener aux concurrent­s. Heureuseme­nt, il est efficaceme­nt secondé

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