F rance Wolf, coordinatrice de la FFMC*
La Fédéation Française des Motards en Colère est en pointe dans le combat contre le 80 km/h. Pourquoi les motards se sentent-ils les plus concernés ? Parce que les motards ont une vraie capacité à se mobiliser. Surtout quand on touche à leur droit et qu’ils ont l’impression qu’on les prend pour des jambons. Et c’est le cas avec le 80 km/h. Tout ce qui est proposé dans le CISR n’est pas mauvais, il y a plein de mesures qui peuvent être utiles. Mais on fait du 80 km/h la mesure phare et on retombe dans un système répressif. Que préconise la FFMC contre la mortalité routière ? Les choses que l’on revendique depuis des années. Plutôt que de doubler le nombre de radars, nous préférerions doubler les glissières de sécurité. Les routes ne sont pas du tout entretenues. En agglomération et hors agglomération, l’état de la chaussée est désastreux. Baisser la vitesse de 10 km/h ne changera rien pour le motard qui passe dans un trou.
Pourquoi les gouvernements successifs s’enferment donc dans ce genre de politique ? Parce que c’est facile. C’est de la communication. On balance une mesure qui va faire parler, mais on ne cherche pas à résoudre les vrais problèmes. On est au bout du système répressif, il faut maintenant travailler sur la pédagogie et convaincre les usagers que les mesures sont bonnes pour eux. Or, il y a quand même 76% des Français qui ne sont pas convaincus par le 80 km/h et qui pensent qu’il faut changer la politique de sécurité routière. Ça n’a pas de sens de faire de cette mesure-là une mesure phare. Quid de tous les travaux du Conseil national de la Sécurité routière, qui vont dans le bon sens, qui travaillent sur le risque professionnel, sur la formation, sur l’alcool et les médicaments ? Autant de choses qui sont vraiment des enjeux de sécurité routière.
Il y a plein de mesures utiles dans le CISR, mais avec le 80 km/h, on retombe dans une mesure répressive