Contrôles radars Les premières voitures-radars “privées” roulent en normandie
Chose promise, chose due... En octobre 2015, l’etat avait annoncé son intention de confier les voitures-radars à des opérateurs privés. Histoire de faire passer leur temps d’utilisation quotidienne de 1 h 30 en moyenne à six, voire huit heures. C’est fait, puisque les cinq premières ont été mises en service le 23 avril en Normandie. Elles sont mises en oeuvre par Mobiom, une entreprise « sélectionnée parmi 21 offres [...]. » Compte tenu des inquiétudes et protestations légitimes, la Sécurité routière assure : « Selon les termes du contrat, l’entreprise ne pourra jamais se prévaloir du nombre de contraventions générées par les voitures qui roulent sous sa responsabilité pour réévaluer sa rémunération. Le système est bâti de telle sorte qu’il ne peut y avoir ni intéressement aux amendes, ni encore “course au chiffre” pour [elle]. » Mais, de fait, la simple augmentation de leur durée d’utilisation conduira à plus de flashs. Quoi qu’il en soit, seul le Centre national de traitement des infractions, à Rennes, est habilité à traiter les PV qui lui sont transmis automatiquement par les voitures. A bord de ces Peugeot 308 choisies – restant « propriété de l’etat » –, un seul conducteur qui devra souffler d’abord dans un éthylotest antidémarrage. Obligé de « s’insérer dans le flot de circulation », il doit normalement conduire « sur le parcours qui lui a été prescrit et qui reste affiché en permanence grâce au GPS. » GPS qui permet de régler en permanence et automatiquement la vitesse limite autorisée (VLA) dans la zone traversée. On espère que les infos seront actualisées... « Parallèlement, des caméras situées à l’avant et à l’arrière du véhicule lisent les panneaux de limitation de vitesse situés sur le parcours pour confirmer l’exactitude de la vitesse à contrôler. » Si le conducteur s’écarte du parcours imposé ou ne roule pas à une vitesse adaptée, la société prestataire s’expose à une amende de 1 000 €. A terme, explique la Sécurité routière, 26 de ces voitures seront affectées à la région Normandie. Et, dès 2020, le territoire métropolitain sera intégralement équipé. On n’arrête pas le progrès... Macron a assuré que si les résultats n’étaient pas probants, il faudrait abandonner la mesure. A la clé, un sacré désaveu pour son Premier ministre. Lequel s’était engagé devant la presse, le 9 janvier, à revenir sur la mesure en 2020 si l’accidentalité ne baissait pas. Mais il sera difficile d’en juger si l’ensemble du réseau passe à 80 km/h. Dans une énième maladroite tentative de désamorçage, l’observatoire national interministériel de la sécurité routière a publié, quelques jours avant que le groupe de sénateurs prenne position, une synthèse sur l’accidentalité sur le réseau secondaire hors agglomération. Précisément celui sur lequel le 80 km/h s’appliquera dans deux mois. A quelle fin ? Prouver que les routes nationales sont plus meurtrières que les routes communales et couper court à toute décentralisation. Pour couronner le tout, Matignon fait preuve d’un étonnant silence. Les sénateurs Hervé Maurey (Eure) et Philippe Bas (Manche) ont bien entendu envoyé le rapport au Premier ministre, mais également demandé à être reçus par le chef du gouvernement. Le 19 avril, ils n’avaient toujours aucune réponse. ENTÊTEMENT Si Edouard Philippe ne daigne pas recevoir les parlementaires et s’entête, “l’affaire du 80 km/h” constituerait une étonnante conception de la démocratie. Lorsque la question fut posée au sénateur Raison de savoir si l’affaire n’était pas définitivement pliée, celui-ci nous a répondu : « On se bat jusqu’au bout parce qu’on ne connaît pas le résultat. Qui plus est, on ne demande pas au Premier ministre de reculer, mais d’aménager, alors il faut continuer. » Coïncidence, les premiers radars embarqués conduits par des sociétés privées (lire ci-contre) ont été mis en service dans l’eure le 23 avril...