Randy Mamola Légende du Motogp
« Je sais que je ne dois pas pleurer, car sinon, Kenny va se foutre de moi, mais c’est pas simple », explique un Randy étreint par l’émotion au pupitre de conférence Motogp. En face de lui, Kenny Roberts, son fils Kenny Junior, Wayne Rainey et Kevin Schwantz, qui tous quatre aussi ont été nommés “Légendes”, savourent l’instant. C’est comme si la bande des prestigieux pilotes US venus conquérir l’europe il y a quarante ans était à nouveau réunie. Ne manquent que Freddie Spencer et Eddie Lawson pour que le tableau soit complet. Carmelo Ezpeleta, patron de Dorna, le promoteur des GP, prend la parole : « Randy est le premier pilote non titré en catégorie reine à accéder au statut de Légende du Motogp. A nos yeux, il mérite amplement cet honneur du fait de son palmarès : il fut quatre fois vice-champion du monde en 500 (en 1981, 82, 84 et 87), mais, surtout, il a joué un rôle déterminant en tant qu’ambassadeur de notre sport. En tant que commentateur, pilote de la motogp biplace, coach de pilotes et, bien sûr, grâce à son action caritative en Afrique avec Riders for Health, dénommée aujourd’hui Two Wheels for Life. » Randy, à la fois fier et ému, acquiesce en précisant qu’aujourd’hui, « les toubibs à moto qu’il a contribué à financer aident quinze millions de personnes en Afrique. » La voix nouée, il évoque ses débuts en dirt-track, l’aide déterminante que lui a apportée Kenny Roberts pour devenir le plus jeune pilote de vitesse de l’histoire à décrocher un podium en catégorie reine (au GP de Finlande 1979, à 19 ans). Il serre les dents en évoquant son exil européen et craque finalement, fondant en larmes à l’évocation de ses parents (88 et 92 ans) qu’il aurait souhaités présents lors de cette cérémonie. Un courant d’émotion parcourt la salle, tandis que Randy s’accroche et poursuit son speech, mais les larmes coulent à nouveau lorsqu’il évoque la mort de Nicky Hayden, puis la lettre que Randy a écrite à Wayne après l’accident qui laissa celui-ci paraplégique en 1993 à Misano. « Mais au moins toi, je peux encore te parler et te serrer dans les bras, alors que Nicky, je ne peux plus, sanglote Randy, le visage baigné de larmes. Parce qu’après tout, c’est ce qui compte, le Motogp, c’est une famille. » La salle se lève et offre à Randy une standing ovation. C’était poignant.