Dani, Jorge et Dovi unanimes : « Elles vont marcher beaucoup moins bien, maintenant ! »
freinage, il élargit au virage 6 et se fait passer par Rins et Dovi. Les caméras restent principalement rivées sur la bagarre en tête entre Lorenzo, Marquez et Pedrosa, mais on aperçoit de la poussière derrière. Tout le monde retient son souffle, c’est Rins qui est tombé dans le premier droite. Ça respire à nouveau. Au 8e tour, Viñales a Bradley Smith à ses trousses sur la KTM, Pol Espargaro (KTM) pas loin derrière, ce qui ravit Fellon : « Ça me fait une bonne pub, ça ! Si Smith passe Viñales, je me fais une attaque, moi ! », lance celui qui vient de faire signer Zarco chez le constructeur autrichien. Avec les “fellonneries” que balance l’avignonnais à chaque action de course – ça ne manque pas –, les tensions se relâchent petit à petit. Marquez récupère une énorme glisse de l’arrière et Fellon se retourne vers moi : « Lui, c’est un acrobate ! C’est plus de la vitesse, c’est du motocross, du supermot’ ! » Dans le 13e tour, Karel Abraham s’en fait prendre un par les leaders et gêne un peu Johann, déjà distancé du quatuor de tête. Fellon prend un coup de sang : « T’aing, ça devrait être interdit, ça ! » Devant, Marquez met un coup de collier. « Bon, là, il est parti, l’autre, on le reverra plus… » A huit tours de l’arrivée, Fellon se montre visionnaire : « Ça va mal finir entre les deux Ducat’, je te le dis, moi… » Et boum, Dovi se rate, Lorenzo tente de repiquer à l’inter, mais Pedro est déjà là et se fait accrocher, tout le monde à terre, Pedro en l’air. Fellon lui aussi fait des bonds sur son siège, voyant Zarco passer involontairement de la cinquième à la deuxième place du Grand Prix ! Mais la Honda de Pedrosa reste couchée sur la piste, presque sur la trajectoire, en sortie de courbe… On pense à un drapeau rouge, mais Fellon hurle : « T’es fou, pas rouge, sinon, Johann, il finit cinq, cong ! » Bien vu. La course continue et Laurent Lacroix (Shark) détend l’atmosphère : « Les trois, là, ils viennent d’annuler leurs vacances ensemble, je crois… » Les derniers tours pourraient paraître interminables avec Zarco en deuxième, cinq secondes derrière Marquez, mais Fellon maintient l’ambiance à l’aide de quelques vannes balancées à la troupe. Les sourires commencent à faire place à l’anxiété d’un team entièrement dévoué à son pilote n° 1. Mais Guy Coulon, discret jusqu’alors, pense aussi à Hafizh Syahrin, son second pilote, qui roule au
16e rang dans la douleur, avec des brûlures profondes suite à une chute de vélo à l’entraînement. « Là, les croûtes sont collées dans le fond du cuir… »
DEUXIÈME DU CHAMPIONNAT !
Dernier tour : une bonne partie des membres de l’équipe de précipite sur le muret des stands pour saluer la prestation de Zarco, mais Guy reste en retrait, comme à son habitude. Avec un petit sourire de satisfaction, il me lâche avec réalisme : « Hé bé, on est deuxièmes au championnat, là ! » Dans le box, tout le monde se tombe dans les bras, mécaniciens, data guys, ingénieurs japonais, partenaires techniques, amis, sponsors. Hervé Poncharal a une tape ou un mot amical pour chacun, un regard et une poignée de mains à Guy Coulon qui en disent long sur les liens qui unissent les deux patrons de Tech3 depuis 1990. Hervé répond aux premières interviews pour la télé ; Guy, plus discret a déjà l’esprit plongé vers la prochaine course : « On aurait pu faire un autre choix de pneus. Peut-être meilleur, mais peut-être moins bon… Cinquième sur ce GP, j’étais déjà content. Quatrième, très content. Mais là… Parfois, on subit les circonstances, parfois, on en profite. » Jacky Hutteau,
“pompiste” de course pour Elf-total qui fournit le team en carburant racing, essaye de traîner Coulon vers le podium : « Non, je me réserve pour plus tard [sousentendu : la victoire], puis il faut bien que quelqu’un garde la baraque, hein ? » Prochain GP le 20 mai au Mans