Guerre commerciale Usa-europe : tous perdants ?
Quand il s’agit de leurs intérêts commerciaux, les Etats-unis font rarement dans la dentelle. Quitte à mettre le bazar sur la planète, alors que personne ne leur demandait rien. En même temps, qui s’en étonnera vraiment ? Au pays des cowboys testostéronés, le style “on tire d’abord, on réfléchit ensuite” a toujours fait florès. La remarque prend d’autant plus de sens et de sel que l’ineffable Donald Trump est aux manettes. Et que la dentelle n’est visiblement pas sa tasse de bourbon. Le 1er juin, il imposait une taxe de 25 % sur l’acier importé chez lui. Quelques semaines plus tard, retour de bâton : l’europe décidait d’augmenter de 25 % les droits de douane sur des dizaines de produits made in USA. Les motos de plus de 500 cm3 sont concernées – comme les tuyaux d’acier, du jus d’orange, ledit bourbon ou encore le riz long grain... Une mauvaise nouvelle pour Harley-davidson, entre autres. Qui va délocaliser une partie de sa production, bien consciente du risque pour ses nombreuses ventes de motos sur le Vieux Continent. Pour Trump, arcbouté sur son Make America great again, c’en était trop. Fidèle à son habitude, le président américain s’est fendu d’une série de tweets rageurs sur l’air du coup de poignard dans le dos. « Une Harley ne devrait jamais être fabriquée dans un autre pays. Jamais ! S’ils osent, ce sera le commencement de la fin », a-t-il notamment tonné. Le président l’a d’autant plus mauvaise que les représentants de Harley furent les premiers responsables d’une société américaine à lui rendre visite après son élection à la Maison Blanche, début 2017. Il n’avait alors pas de mots assez doux pour vanter le patriotisme économique du constructeur. Qui plus est, le siège de la marque, 115 ans cette année, est implanté dans le Wisconsin, Etat qui a donné la majorité de ses voix – de peu, il est vrai – au futur président. Reste le fond. Et là, n’en déplaise à l’oncle Trump, les délocalisations – pour des raisons la plupart du temps financières – sont aujourd’hui la règle dans le commerce mondialisé. On peut le déplorer (ou pas), mais c’est comme ça. Le problème est que personne n’a rien à gagner dans l’histoire. Ni les constructeurs, concernés au premier chef, ni les consommateurs, ni les concessionnaires. C’est peu ou prou ce qu’avait martelé l’association européenne des constructeurs de motos au printemps dernier. Par la voix de son secrétaire général, l’acem vient cette fois d’appeler à « un retour à la raison » des deux parties. Mais la raison a-t-elle sa place dans ce dossier ? C’est bien là toute la question.