Moto Revue Classic

LE TWIN ORIGINAL

Moins connue que la Manx monocylind­re, cette moto de course des années 60 a donné son nom à la dernière création de Norton. Voici sa genèse.

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Pendant des années, l’usine Norton a maintenu une forte distinctio­n entre ses monocylind­res et les twins. Le bicylindre, dessiné par Bert Hopwood, a été lancé en 1948 pour équiper la Dominator. Passé de 500 à 600 puis 650 cm3, ce fut un succès commercial de Norton après-guerre, et les profits générés avec les motos de série allaient directemen­t soutenir l’effort de la marque en compétitio­n, concentrée sur les monocylind­res Manx. Cette machine avait remporté trois couronnes mondiales aux mains de Geoff Duke en 1951 et 1952. Après ça, la tâche fut plus rude face aux multicylin­dres pour jouer au premier plan. Ce n’est qu’en 1961 que la marque ne gagna plus un shilling avec ce modèle compé-client, et Doug Hele – l’ingénieur en charge du développem­ent – eut l’idée de créer une moto à partir du twin de la Dominator. L’objectif était une machine qui serait bien moins chère à produire, plus facile en entretien, et pas moins compétitiv­e que la Manx. Ainsi, l’équipe accoucha en 1961 de la première Domiracer, engagée aussi sec au TT.

Le twin culbuté, 3e au Tourist Trophy

Le metteur au point Dennis Poulton avait réussi à en extraire 55 ch à 7 000 tr/min, la même valeur que sur le mono double arbre, puissance atteinte à des régimes moins dangereux pour la mécanique, avec une petite louche en plus au-dessus de 8 000 tr/min. Cerise sur le gâteau, le twin culbuté était plus léger de 13 kg, sans recourir à des carters magnésium. Ce racer dit « low boy » était plus ramassé que la Manx, avec un cadre Featherbed plus bas de 64 mm et un empattemen­t de 1 335 mm contre 1 420, le tout avec des roues de 18 à l’arrière et toujours 19 à l’avant. Au TT 1961, le twin arriva en 3e position aux mains de l’australien Tom Phillis, les quatre premières places étant trustées par des Manx ! Aux basques de Mike Hailwood, Phillis avait réussi l’exploit de tenir 100,36 mph de moyenne. C’était la première fois qu’un twin culbuté tenait « the ton » au TT. Mais l’herbe fut coupée sous le pied de la Domiracer dès l’année suivante, Norton ayant été racheté par AMC, qui déménagea de l’usine de Bracebridg­e Street à Plumstead dans le Sud-est de Londres. Dans l’affaire, le départemen­t course fut vendu au préparateu­r Paul Dunstall. Ce dernier continua le développem­ent de la machine et proposa sa version Dunstall Domiracer à la vente, aussi bien pour la course que pour la route. C’est ainsi que le twin, installé dans le cadre low boy, continua sa carrière jusque dans les années 70. Dunstall tira finalement un trait sur cette épopée en 82… pour se lancer dans l’immobilier.

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