Moto Revue Classic

LE 2-TEMPS N’EST PAS MORT

Balade dans les Monts du Lyonnais avec les quatre références deux-temps des années 80 et 90 : Bimota V-due, Suzuki RG 500, Honda NS 400 R et Yamaha RD 500. À bas la soupape !

- Texte : Christophe Gaime – Photos : Fabrice Berry

Balade dans les Monts du Lyonnais avec quatre références 2-temps des années 80 et 90.

Si la RG des pages précédente­s n’est pas la première 500 de Grands Prix deux-temps, c’est en revanche celle qui a marqué les esprits. Et l’histoire s’est répétée 10 ans plus tard avec la version route, la fameuse Gamma. Dans les deux cas, c’est Yamaha qui a tiré en premier : en 73, pour la course, les ingénieurs sortent la YZR 500 et son quatrecyli­ndres en ligne et en 1984, pour la route, la RD 500 LC et son (faux) V4. Suzuki réagit dès 1985, tout comme Honda avec sa NS 400 R. Là, pas de 4-cylindres, mais seulement un V3. Et si on allait faire un petit tour avec ces trois bécanes, histoire de se rappeler qu’au milieu des années 80, le deux-temps n’était pas encore considéré comme un paria ? Coup de fil à Jean-paul Lecointe, l’incontourn­able patron de Motodépôt à Lyon. Quand on se met à lui causer de ce genre de meules, il est intarissab­le. Et pour cause, de 1984 à 1990, il a roulé avec dans différents championna­ts, en France et ailleurs. Avec trois francs six sous, il a tutoyé les étoiles. Bref, après quelques minutes de conversati­on, il conclut en lâchant : « Pas de problème, j’ai les trois motos sous la main et j’ai même une Bimota V-due si tu veux... » C’est beau la passion.

Des toxicos du mélange à 2 %

Lundi matin. À peine descendu du TGV, nous voilà déjà dans la caverne d’ali Baba (voir page 85). Jean-paul nous présente ses potes qui vont venir rouler avec nous. Deux toxicomane­s du mélange à 2 %. Gilles, 54 ans, est venu en voisin. Il ne roule qu’avec des Kawa deux-temps de la 90 cm3 à la 750 H2. Claude, deux ans de plus, possède une 125 MBA de Grands Prix, une Aprilia 250 RS et une demi-bimota V-due ! « Ben oui je l’ai achetée avec Jean-paul ! » Ça demande explicatio­n. Du coup, on va commencer par la fin. On est en 1999, à l’époque, Bimota France se situe dans la région lyonnaise et Motodépôt devient concession­naire de la marque. Laissons parler le tôlier car, de toute façon, il est bien difficile de l’en empêcher. « Quand j’ai vu arriver cette bécane, je me suis dit que c’était le retour du gros deux-temps, Ferry (Ndlr : l’importateu­r de l’époque) m’en a passé une. En partie-cycle, elle était top mais l’injection électroniq­ue manquait de mise au point. » Jean-paul évoque la version italienne à carburateu­rs qui n’est jamais arrivée chez nous. Et puis l’importateu­r a changé et il a repris la belle Bimota. « Il y a quelques années, un client est venu pour mettre la sienne en dépôtvente et avec Claude, on s’est jeté dessus. L’idée, c’était de la mettre au point et pour ça, on a transformé l’injection qui est devenue indirecte et on a monté une puce spéciale. En revanche, on a conservé le faisceau et le programmat­eur d’origine. Ça résout pas mal de problèmes mais c’est pas encore ça… » Ce qui n’a pas

« PAS DE PROBLÈME, J’AI LES TROIS MOTOS SOUS LA MAIN ET J’AI MÊME UNE BIMOTA V-DUE SI TU VEUX... »

empêché Jean-paul de nous gratifier de superbes wheelings. « En fait, cette meule, c’est l’inverse des deux autres 500 : une super partie-cycle et un moteur décevant ! » On va pouvoir reprendre le fil de l’histoire. Retour dans les années 80, précisémen­t l’été 1984. Lecointe attend la RDLC 500 commandée chez Montagne, célèbre concession­naire Yamaha lyonnais. En amoureux du deux-temps, il veut l’engager au Bol d’or. La Yam’ finit par arriver au mois d’août et elle passe tout de suite sur le billard. Le moteur est ouvert pour contrôle, selle et carénage sont remplacés par des éléments en polyester peints en vert (à la bombe !) et surtout, la roue avant de 16 pouces est remplacée par une 18 récupérée sur une XJ 750. Histoire de monter un pneu racing. Et voilà l’équipe Motodépôt en route pour le Castellet. Avec à la clé, une 17e place au classement général. Pas mal pour des débutants. « Avec cette bécane, on a encore roulé aux 24 Heures du Mans et au Bol d’or l’année suivante et on a fini à chaque fois ! » Et alors, ça vaut quoi une 500 Yam’ ? « Le gros problème, c’était la tenue de route, il aurait fallu refaire un cadre. Et puis le moteur est un vrai cassetête avec ses admissions différente­s. »

24 H du Mans, Bol d’or et GP de France

Jean-paul en pince beaucoup plus pour la RG 500 Gamma qui arrive un an plus tard. Là, c’est du sérieux puisque l’histoire d’amour va durer quatre ans avec, en point d’orgue, un Grand Prix de France au Mans. « On a commencé à bosser dessus en 1986 et si la base était meilleure, il y avait quand même du boulot. » Le gros souci sur la Gamma, c’est la boîte de vitesses qui est sousdimens­ionnée. Au Japon, la Suz’ ne fait que 400 cm3, ceci explique peut-être cela. Le moustachu se ravise : « La tenue de route n’était pas terrible non plus, heureuseme­nt que les pneus radiaux en 17 pouces ont fait leur apparition. Et puis on a rapidement monté une fourche et des freins de GSX-R. » Sans oublier l’énorme boulot sur le moteur avec des cylindres rechemisés alu et munis d’une barrette à l’échappemen­t, les pots de détente italiens et les carbus de RM 250. Sur les courses d’endurance, la Gamma verte fait mieux que de la figuration et à l’occasion d’un Salon de Paris, Tamai, le boss de Suzuki France félicite les Lyonnais. « Il nous a envoyé des pièces spéciales dont des pots d’usine qui ont gagné pas mal de chevaux... » C’est bien beau tout ça mais sur la route, il en pense quoi le Jean-paul de nos quatre nippones ? « Par le biais du magasin, j’ai pu retrouver des modèles 100 % d’origine mais je roule assez peu avec. Entre les deux 500, à l’inverse du circuit, je préférerai­s la Yam’ qui est plus confortabl­e. Et puis même sur la route, la boîte de la Gamma reste fragile. Mais tu vois, à choisir entre les trois, je me

IL A FALLU ATTENDRE DIX ANS POUR QUE LES AMATEURS LES RESSORTENT DE LA NAPHTALINE

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