Moto Revue Classic

HOUND MOTORCYCLE

Vous aimez les chiens ? Alors, vous allez adorer l’atelier de Gaëtan Caquineau situé dans les Deux-sèvres.

- Texte : Peter Wicked – Photos : Fabrice Berry

Gaëtan, le tôlier, met en avant le côté humain, fait bosser les artisans, et affirme ne pas vouloir de motards d’élevage.

Heureuseme­nt que son chien préféré est le basset hound. Imaginez s’il avait été amateur de caniche ou de lévrier ! Mais bon, ça s’appelle Hound Motorcycle et c’est tant mieux. Si l’enseigne ouvre officielle­ment en 2009, ne vous y trompez pas, ça fait un moment que Gaëtan Caquineau, le tôlier, roule sa bosse dans le monde du deux-roues. « J’ai commencé à faire de la moto au milieu des années 80 après l’obtention de mon permis.

Ça correspond à la sortie de la Suzuki GSX-R 750 et à l’essor du hard-rock allemand. Moi, je cherchais autre chose. » Concernant la moto, l’alternativ­e se concrétise­ra avec une Royal Enfield Bullet de 1963. Pour la musique, ce sera le rock alternatif style Négresses vertes ou Souris déglinguée. « En fait, je rêvais d’une Harley-davidson WL 750 mais je n’avais pas le pognon… » Il faut dire que le Gaëtan n’est pas né avec une cuillère en argent dans la bouche, il enchaîne les boulots (pâtissier, éducateur, livreur…) et ne roule pas sur l’or. Comme il l’avoue lui-même, il travaillai­t la semaine pour pouvoir bricoler le week-end sur son mono anglais. « C’était pas évident de rouler en anglaise à l’époque, les rares clubs qui s’occupaient d’anciennes étaient plutôt branchés françaises d’avant-guerre. Et puis je suis issu d’une ville des Deux-sèvres, Gâtines, un coin assez rustique. Quand je passais avec mon Enfield, j’avais l’impression d’être

un extraterre­stre… » Mais Gaëtan persiste et signe et après la Royal Enfield, il passe à la Triumph Bonneville T120. Avec cette moto, il se saigne dans les deux sens du terme. Pour l’acheter d’abord, et en se prenant une belle gamelle suite à la perte de son garde-boue avant… Il répare tout seul, évidemment en glanant des conseils de-ci de-là. Et il continue son petit bonhomme de chemin. Quelques années passent, et il finit par se séparer du twin anglais pour quelque chose de moins « cliquant », selon ses propres termes. En l’occurrence, une Moto Guzzi V50. Par la suite, il roulera aussi avec un mono Ducati, histoire de goûter à une italienne plus vivante. Puis les mômes arrivent, mais il y a toujours une moto dans le garage, tient-il à préciser. Et un beau jour, le twin anglais fait son retour par le biais d’une Norton Commando démontée. À ce moment de l’entretien, Gaëtan en profite pour partir dans une envolée philosophi­que : « Pour moi, la moto est un outil de communicat­ion, de savoir et d’apprentiss­age. Une démarche personnell­e qui a été initiatiqu­e au fil du temps. » Du coup, en 1999, il se met à son compte avec un statut de négociant, d’organisate­ur d’événements, mais aussi de vendeurs de moto, ça ne mange pas de pain. Une manière pour lui de découvrir les différents modèles et d’apprendre à vendre une machine. « Et puis, il y a dix ans j’ai fait le grand saut, je suis allé

à Québec pour chercher 25 motos. Ça n’a pas été facile, je n’avais pas d’expérience, je découvrais. Et je peux te dire qu’il n’y a pas d’eldorado. » N’empêche que Gaëtan revient avec 25 motos, alimente son commerce et se fait une petite notoriété. Mais son gros coup médiatique, c’est sur le Mototour qu’il le réalise. Sans expérience de la course, il s’engage sur une Triumph 6T de 1958, sa moto de tous les jours à peine préparée. « C’est l’époque où j’adopte le pseudo de Kruel et où j’interviens régulièrem­ent sur le site motorhino. Mon personnage a pris de l’ampleur, les gens me suivaient sur Internet. » Re-pub pour son commerce qui prend de l’ampleur. Et en 2009, il crée l’enseigne Hound Motorcycle avec un peu de mise en scène et des formules chocs comme : « Vous achetez une vieille moto, vous allez en chier ! »

La plaque tournante des artisans

Il importe des motos du Royaume-uni, prend la concession Royal Enfield et comme les lieux deviennent un peu petits, il investit dans un local de 150 m2 toujours du côté de Saint-pardoux dans les Deux-sèvres. « Je comptais sur Royal Enfield pour développer mon activité mais je n’en ai pas vendu beaucoup et j’avais souvent affaire à une clientèle pénible, un peu comme pour Harley mais en plus pauvre. » Aujourd’hui si Kruel, pardon Gaëtan, vend plutôt de la moto anglaise, il propose aussi toutes sortes de machines, y compris une GSX-R de 1985, celle qu’il abhorrait il y a 30 ans ! « Hound Motorcycle, c’est une plaque tournante pour faire bosser des artisans. Le magasin bénéficie d’un réseau de sous-traitants dans toute la France. On a développé une économie totalement différente de ce qui se pratique pour les motos modernes. On met en avant le côté humain. D’ailleurs, à l’époque du site motorhino, Gaëtan avait une devise : “Non aux motards d’élevage !” »

« J’AVAIS SOUVENT AFFAIRE À UNE CLIENTÈLE PÉNIBLE, UN PEU COMME POUR HARLEY MAIS EN PLUS PAUVRE »

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