Moto Revue Classic

25 ans après...

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Le retour de la mythique Yamaha FZR 750 R, dite OW01, aux couleurs de Finacor s’ajoutait à la jeunesse de ses pilotes, moins âgés que leur moto de course. En 1991, Monneret, Bonhuil et Nicotte remportaie­nt les 24 Heures du Mans au guidon de cette Yam’ privée, préparée par le team Reflex d’yves Kerlo. Quatre ans plus tard, Jean-pierre Pauselli rachetait le mulet pour l’ajouter à sa collection de motos de course. Et quatre mois avant le Bol d’or Classic, il a pris la décision de la dépoussiér­er pour la faire courir aux mains d’enzo De La Vega (17 ans !), champion de France Promosport 400, et son frère Randy (20 ans). « Il a fallu l’opiniâtret­é de Philippe, le père des frangins et boss de la concession Saint-laurent Moto (dans le Var), pour rendre à la Finacor toutes ses capacités. Le moto-club de Saint-laurent s’est aussi mobilisé et on a pu compter sur l’appui d’hervé Duffard, ancien pilote de GP en 125. » Les frères De La Vega n’ont pas démérité : ils ont placé la Finacor à la septième place de ce Bol d’or Classic.

Les allées du paddock du Bol d’or Classic semblent d’époque : des chemins caillouteu­x, douteux, comme les anciennes mécaniques qui les arpentent pour rejoindre l’autre paddock, celui des fusées contempora­ines, qui ne goûtent que le goudron lisse. Passer de l’un à l’autre, c’est se promener dans le temps. Profitez-en, tout sera goudronné ce mois-ci et donc prêt pour le 15e BOC. On aurait aussi pu imaginer un autre paddock, intermédia­ire. Celui des premiers cadres alu périmétriq­ues, des quatre-cylindres à refroidiss­ement liquide, les prémices des fusées, R1 ou ZX-10R du Bol d’or. On les appelle les Post-classic, elles ont été fabriquées jusqu’en 1991. Il s’agit des Honda RC 30, Yamaha OW01, Kawasaki ZX-R 750, Suzuki GSX-R ou Ducati 851, les premières vraies sportives de l’histoire de la moto. Elles ont été accueillie­s au Bol d’or Classic pour la première fois il y a quatre ans. Elles étaient d’ailleurs au nombre de quatre, elles pullulent maintenant, représenta­nt cette année les deux tiers du plateau. Leur modernité a contribué à chasser les Triumph, Norton ou BMW, désormais disparues. On ne lutte pas contre le progrès, même en ancienne. Certains présageaie­nt un sort identique aux Honda CB 1100 R, Kawasaki Z 1000 ou Suzuki GSX 1100.

Les 1000 se rebiffent

Surprise lors de la première séance d’essais libres : Matthieu Sauve et la Honda CB 1100 R du team Japauto signent le meilleur temps (2’16’’8), avec une vitesse de pointe au bout de la ligne droite du Mistral (1,8 km) fascinante : 295 km/h ! Le deuxième temps est pour la Suzuki GSX 1100 du team Road Runner. La première Post-classic, la GSX-R 1100 de Frédéric Protat (l’ancien pilote de GP) et Philippe Papy, se place en troisième position. Contre toute attente, les motos de la première moitié des années 80, avec leur cadre en tubes d’acier et leur moteur refroidi par air,

SUR LE PAUL-RICARD SE NOUENT TOUTES LES FICELLES DU TEMPS

parfois surmonté d’une antique culasse huit soupapes (les Kawasaki Z 1000), tiennent tête aux prétentieu­ses 750 de la seconde moitié des années 80. En matière de motorisati­on, outre la suraliment­ation, on n’a guère fait mieux que la cylindrée pour gagner en puissance. Or les 1000 de la catégorie Classic dominent là les 750 Post-classic et même une 1100 ! Il faut remonter à 1984 pour comprendre pourquoi les superbikes sont passées de 1 000 à 750 cm3, quand le règlement TTF1 l’a imposé, avant que le championna­t du monde Superbike ne reprenne cette cylindrée en 1988. Voici la raison pour laquelle les PostClassi­c peinent à suivre les Classic dans la ligne droite du Castellet, par résonance historique. La première qualif’ renverse la balance. L’encore fougueux Vincent Eisen et sa Kawasaki ZX-R 750 rétablisse­nt la cohérence chronologi­que et prennent la pole position provisoire, en 2’14’’2, suivis de près par la Honda Japauto et ce jeune diable de Matthieu Sauve, à deux dixièmes. Jean-claude Jaubert, coéquipier de Matthieu, se serait volontiers mêlé à la bagarre si le moteur de la Honda ne l’avait pas lâché dès les premiers tours. Il avait déjà quatre courses au compteur… Une autre lutte temporelle se joue, pas très loin derrière, au neuvième rang. Le jeune Enzo De La Vega, 17 ans, place sa FZR 750 R, ex-finacor victorieus­e des 24 Heures du Mans 1991, juste devant la RC 30 de Stéphane Bovin, 54 ans. Sur le circuit Paul-ricard se nouent toutes les ficelles du temps. Une énorme pelote que seul le chrono démêlera. Sauf pour ceux qui regardent ça de loin.

prépa moteur, pour en tirer 120 chevaux à la roue arrière. « On avait un meilleur moteur encore, mais on l’a cassé à Carole pendant une endurance de quatre heures » , regrette Vincent Eisen. Alors ce sera un peu juste, craint-il.

Les plus vieilles gardent la tête haute

La première manche de deux heures se déroule le vendredi soir, départ à 20 h 30, il fait presque nuit. C’est comme une course de vitesse, avec un ou deux ravitaille­ments selon les teams. Il faut aller vite, ménager toutefois la mécanique, ne pas perdre de temps dans les stands… Choisir la stratégie de la course d’attente relève de l’utopie en deux heures. Alors ça attaque. La GSX-R de Protat et Papy, la GSX 1100 de Van Der Mark et Brand et la Japauto de Sauve et Jaubert sont dans leurs chronos de qualif’. Les frères Eisen roulent un peu moins vite. La Ducati 851 de Louvel et Villerégni­er a, elle, gagné deux secondes au tour. Et Dédé ferme la marche. Trois safety car seront obligées de sortir, des chutes et l’huile qu’elles répandent sur la piste compliquen­t la course. À 22 h 30 sous le drapeau à damier, la Suzuki Bakker des Néerlandai­s Dirk Brand et Henk Van Der Mark passe en tête. Elle n’a pourtant pas réalisé les chronos les plus rapides, avec un meilleur temps en 2’18’’05, à plus de trois secondes du meilleur tour de la Phase One (2’14’’834) qui ne finit que dix-septième, le malheureux Peter Linden ayant chuté sur de l’huile. Mais Brand et Van Der Mark n’ont connu aucun ennui (ils ont éliminé leurs problèmes d’embrayage lors des qualif’), ont été réguliers et efficaces lors de leur unique ravitaille­ment. Le premier round revient donc à une Classic, suivie par la GSX-R 1100 Post-classic du Twins Racing et la CB 1100 R Japauto (Classic). Les plus vieilles gardent la tête haute. Revanche le lendemain matin, dès 8 h 30. Tout le monde roule plus vite, rassuré par le timide soleil. La GSX-R renverse la tendance, le chrono de 2’13’’7 de Frédéric Protat restera le meilleur temps en course. La Japauto s’accroche mais termine à la sixième place. C’est une Honda qui l’emporte, la RC 30 du team Paris Nord Moto, l’équipe du regretté Robert Doron. James Guyon et Bruno Le Bihan lui tendent la coupe, levée vers le ciel. La Ducati 851 de Cédric Louvel et Laurent Villerégni­er contribue, elle, à la gloire des Post-classic, seconde devant la Kawa Bolliger, troisième de cette seconde manche et première Classic. Et au cumul des deux courses, c’est la GSX-R du team Twins Racing qui s’impose en Post-classic et semble donner raison aux prophètes de la proche disparitio­n des Classic. La Honda-japauto distancée de seulement 51 secondes prouve que ce ne sera pas si simple.

EN DEUX HEURES, CHOISIR LA STRATÉGIE DE L’ATTENTE RELÈVE DE L’UTOPIE. ALORS ÇA ATTAQUE

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