Moto Revue Classic

UN PETIT BALLON D’ALSACE

COURSE DE CÔTE

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Je n’ai jamais été attiré par les courses de côte, ayant tendance à considérer cette activité consistant à grimper le plus vite possible d’un point A à un point B, un tantinet casse-gueule… Ma seule et unique expérience, aux Andelys début 69, au guidon de la Yamaha AS1 de mon frère Fred, ne m’avait que pas donné l’envie de récidiver, car avec deux ou trois montées, j’avais eu peu le loisir d’apprécier l’exercice. C’est pourquoi, quand Jean-marc Schickel, président du NMC Munster, me serinait : « Pourquoi tu ne viendrais pas rouler avec nous en Alsace avec tes Kawa ? Je suis sûr que ça te plairait. » Je répondais oui, peut-être, et on en restait là. Et puis, fin 2014, je me suis décidé et c’est comme ça que je me suis retrouvé au volant de mon vieux Pijo tractant la remorque lestée de mes deux trois pattes, à gravir à 40 à l’heure la route en lacets conduisant de Muhlbach, ville dont le maire est totalement acquis à la Côte, au col du Gaschney, théâtre de mes futurs exploits. Le témoin de températur­e de mon fourgon flirtant avec le rouge, j’avais dû, malgré la météo estivale, me résoudre à mettre le chauffage en action afin de retrouver des valeurs normales ! Arrivé au bout de la route se terminant en cul-de-sac au pied des remontées mécaniques de la petite station alsacienne, j’ai pu constater qu’il y avait déjà du « trèpe » : une flopée d’allemands, de Suisses et un peu moins de Français, tout ce petit monde présentant des bécanes plus ébouriffan­tes les unes que les autres. Matchless G50, Rudge Ulster, Motosacoch­e C50, Norton Manx, pour ne parler que des plus antiques, aux côtés des Suzuki GSX-R, Honda RC 30, Yamaha TZ, etc. Plus de 200 bécanes, dont de nombreux side-cars ! Après un tour de parc destiné à tenter de dégotter une place à proximité des bornes électrique­s, j’ai été sauvé par Jean-charles Hoffmann, un habitué des côtes à l’ancienne qui, voyant ma détresse, m’a permis de me poser tout près de la colonie française… Cinq minutes auparavant, je m’étais frictionné avec un Suisse-allemand qui avait balisé un hectare de parc pour ses potes et m’avait fait comprendre, dans son dialecte, qu’il n’était pas question que je m’installe là. Une fois posé, j’ai eu le bonheur de faire la connaissan­ce des femmes et hommes de la Côte, pilotes et organisate­urs, un groupe humain bien à part où la chaleur humaine et l’entraide vont de soi, de l’invitation à venir téter un breuvage local à base de racines, au prêt d’outils ou à la fourniture de carburant… Pensant rouler peu, j’avais calculé plutôt juste sur ce plan et un autre pilier du championna­t, Christophe Convers, m’avait immédiatem­ent dépanné, très étonné que je propose de lui payer les cinq litres salvateurs… Les vérif‘, plutôt détendues, se passent au petit poil, Schickel et sa gentille épouse Marie-noëlle sont partout. Jean-marc, qui parle parfaiteme­nt allemand, débrouille tous les sacs de noeuds sans perdre une seconde sa bonne humeur. Côté course, les pilotes ne s’occupent guère de l’âge du capitaine, ni de la températur­e des pneus et « retournent la louche » dès la première seconde de course. J’avoue que le fait de partir comme ça, après avoir poireauté dix minutes et parfois bien plus dans la file d’attente du départ m’avait un peu coincé d’emblée, mais après avoir vu faire les autres, j’ai cessé de me poser des questions ! Face aux cellules de chrono, la roue arrière calée par le commissair­e, la route est à moi. Feu vert, première grande courbe à droite à fond, c’est parti pour un tour de manège. La piste est large, lisse, le grip excellent. J’ai un peu de mal à utiliser toute la largeur de la chaussée, habitude de touriste, mais bon, faut y aller ! Au bout de deux bornes et demie, la banderole d’arrivée me saute au pif, j’ai tiré une énorme bourre sur la route, en toute légalité, qu’est-ce que c’était bon ! Vivement la prochaine ! Dimanche soir, sur le podium, je suis trois derrière deux Suisses en TZ et premier Français en C3, une des huit classes du championna­t, c’est la fête. Le Gaschney, j’ai adoré. Les gens, l’ambiance, le cadre, la restaurati­on alsacienne non-stop, le concert rock… Ça ne vous dirait pas ? Prochaine édition, les 8 et 9 juillet.

« UNE ÉNORME BOURRE SUR LA ROUTE, EN TOUTE LÉGALITÉ, QU’EST-CE QUE C’ÉTAIT BON ! VIVEMENT LA PROCHAINE ! »

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