Moto Revue Classic

JAPAUTO CB 1100 R

Engagée au Bol d'or Classic, la Japauto a fait sensation et s'est imposée en 2016.

- Texte : Zef Enault – Photo : Alexandre Krassovsky

Le chiffre circule depuis 2 ans dans le paddock du Bol d’or Classic : la Japauto CB 1100 R du team Power Racing développer­ait plus de 150 ch à la roue arrière. Jean-pierre Burraschi, ancien pilote, désormais team manager et préparateu­r de la moto, reste évasif lorsqu’on lui demande combien de chevaux sort sa moto. En endurance classique aussi, les secrets se gardent précieusem­ent. La vitesse de pointe de la CB 1100 R au bout de la ligne droite du Mistral, sur le circuit du Castellet, a pourtant mis la puce à l’oreille à tous les concurrent­s. Aucune autre moto du début des années 80 n’a réussi la même prouesse : 296 km/h ! Cette CB 1100 R Japauto date de 1982 est une réplique de la moto engagée par le concession­naire parisien cette même année, hormis le cadre, resté d’origine sur la moto actuelle, car Japauto utilisait un PEM à l’époque, fabriqué par le Français Édouard Morena. « Je m’acharne à le répéter à JeanPierre » , soupire Jean-claude Jaubert, l’un des deux pilotes. « Il faut changer le cadre ! Nous avons un moteur génial, puissant, mais je veux bien troquer 15 chevaux contre un Harris ou quelque chose de plus moderne et léger. » Jean-claude, vainqueur du Bol d’or 1981 avec Dominique Sarron, n’a rien perdu de ses exigences de pilote de haut niveau. Jean-pierre le reconnaît, la prochaine étape sera le remplaceme­nt du cadre. Mais, épaulé en cela par Patrick Massé, le président du club Japauto, il a d’abord veillé à soigner la préparatio­n moteur avec l’aide de spécialist­es du gros quatre-cylindres en ligne Honda, le Belge Dholda et le Français Lionel Brancquart, mais en achetant des pièces spéciales devenues rares et donc hors de prix. Une grosse partie du budget du team a été engloutie par cette recherche de chevaux. Une casse moteur destructri­ce lors des essais du dernier Bol d’or Classic a encore repoussé l’achat de ce cadre réclamé par Jean-claude, mais aussi par Matthieu Sauve, l’autre pilote : « Parce que quand tu arrives à Signes à presque 300 km/h et que tu prends les freins, tu les sens les kilos ! » Ce qui ne les a pas empêchés de remporter la catégorie Classic au Castellet, en septembre dernier, et de terminer 2e au classement scratch virtuel. « Notre moto se comporte particuliè­rement bien au Castellet grâce à sa puissance, avoue Jean-pierre. Nous sommes plutôt pénalisés sur les petits circuits car la CB 1100 R reste une moto lourde (243 kg). Pour la puissance, je ne préfère pas donner de chiffre. Nous avons deux types de préparatio­n différents. La plus performant­e est celle qui a cassé pendant les essais du Bol d’or Classic. Le vilebrequi­n, qui avait quatre courses, s’est brisé en deux, une bielle est remontée dans le haut moteur, même le carter s’est fendu ! Nous avons donc poursuivi avec le second. Certains éléments de la préparatio­n sont connus, comme le kit Wiseco avec les pistons forgés. Les arbres à cames ont été refabriqué­s, le vilebrequi­n aussi…

Conserver l’esprit de la moto de 1982

Le défaut majeur se situait, à l’époque, sur la distributi­on. Elle est composée de nombreuses pièces destinées à réduire les frictions et sa sonorité, ce qu’on entend très bien quand on la compare au quatre-cylindres à seize soupapes concurrent, le Suzuki GSX, beaucoup plus bruyante. Mais ces pièces vieillisse­nt mal et sont compliquée­s à trouver aujourd’hui. Il faut maintenant les refaire, c’est hors de prix. » Il est vrai que les Kawasaki Z 1000 J et les Suzuki sont beaucoup moins chères à préparer. De plus, la CB 1100 R n’a que trois années de commercial­isation (81, 82, 83), Honda s’étant par la suite concentré sur le V4. Mais ce 4-cylindres en ligne était puissant et facile. Cette moto, que Jean-pierre et Patrick Massé ont voulu ressuscite­r, se distinguai­t par sa coque arrière profilée pour l’aérodynami­que. Les éléments de partie-cycle, comme la fourche (issue d’une CBR 600) ou les amortisseu­rs Öhlins, ne sont bien sûr pas d’époque sur la Power Racing, mais correspond­ent au règlement du Bol d’or Classic. Jean-pierre et Patrick se sont efforcés de conserver l’esprit de la moto de 1982. Avec un peu plus de chevaux...

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Jean-claude Jaubert ( ici lors du Bol d’or Classic 2015) a toujours la grosse attaque. Il faut dire que sa Japauto-honda CB 1100 R ne manque pas de chevaux.

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