100 ANS DE ZÜNDAPP
La marque allemande a fêté son centenaire au château de Sigmaringen.
Lorsque vous parlez de Zündapp en France, la plupart des gens vous parlent de machines bon marché fabriquées en RDA dans les années 70 : ils confondent avec MZ ! Au grand dam des amateurs de la marque car, avec tout le respect que j’ai pour MZ, Zündapp a une histoire un peu plus prestigieuse. Une histoire qui va durer de 1917 à 1984 et que Bourdache vous a contée dans MR Classic n° 38. SI vous vous replongez dans cet excellent article, vous constaterez que si la marque a été créée en 1917 par Fritz Neumeyer, en revanche, ce n’est qu’en 1921 qu’apparaît la première moto, la Z22, un monocylindre deuxtemps de 200 cm3. Peu importe, 2017 c’est l’année qui a été choisie pour fêter les 100 ans par une association de clubs allemands. Quant au lieu, ni Nuremberg, ni Munich, les deux sites historiques de la marque, n’ont été retenus puisque les festivités se sont déroulées le dernier week-end de mai à Sigmaringen, dans le Bad-wurtemberg. Et pourquoi donc Sigmaringen, une ville tristement célèbre en France puisque c’est là que le gouvernement de Vichy s’est réfugié entre août 1944 et avril 1945 ? Pour en savoir plus, il faut s’adresser au jovial Matthias Henze, un des organisateurs, qui lorsqu’il prend la parole, est difficile à arrêter : « Tout a commencé ici en 2010 lorsque mon club, celui des scooters Bella, a organisé son rassemblement annuel. On est venu à Sigmaringen parce que la région est très belle mais aussi et surtout, car on y trouve un musée Zündapp. » Eh oui, il a été créé il y a 10 ans par Ralf Rakel et il a la particularité de se trouver dans sa brasserie qui propose également un musée de la bière !
« Nous avons accompli notre mission »
Et Outre-rhin, dieu sait si ce breuvage est apprécié. Matthias reprend : « En 2013, conjointement à d’autres clubs Zündapp, on a donc décidé de fêter le centenaire ici, car c’est plus simple que dans une grande ville. Ralf, le brasseur local nous a tout de suite dit OK mais ensuite, la tâche a été rude pour rassembler tout le monde car la marque Zündapp est un peu comme un chat : elle a sept vies…» Peut-être pas sept, mais bien trois ou quatre : il y a donc la période des ancêtres d’avantguerre, celle des machines de guerre (en particulier la KS 750), les quatretemps (KS 601) et les deux-temps d’après-guerre (la classe S), puis la production de Munich à partir de 1958 avec, en particulier, la flopée de 50 cm3. Et on peut ajouter les motos de toutterrain 125 cm3. Et donc, comme le dit Matthias, les disciples de ces différentes chapelles ne parlent pas forcément entre eux. Mais en quatre ans, le comité d’organisation dirigé par Rainer Bosch a fait des étincelles et a réussi à fédérer à peu près tout le monde. À peu près car un événement dissident est annoncé en septembre à Munich. « Peu importe, reprend Matthias. Nous, on estime que nous avons accompli notre mission et durant ce long week-end, on attend 1000 motos de la marque. » Et le fait est que la manifestation commence sous les meilleurs auspices avec une météo estivale : comme disait je ne sais plus qui, c’est déjà 50 % de réussite assurée ! Après le guichet où les participants reçoivent leur accréditation et où
« LA MARQUE ZÜNDAPP EST UN PEU COMME UN CHAT : ELLE A SEPT VIES »
les simples visiteurs sont délestés de 7 €, un vaste parking accueille toutes les motos. Matthias m’explique que les motos seront exposées par année et il revient aussi sur le fait que l’entrée soit payante : « Certains s’en plaignent, en particulier en France, comme de l’inscription à 28 €, mais il faut comprendre qu’organiser un tel événement engage beaucoup de frais et que nous n’avons pas trouvé de sponsor… » Pour illustrer son propos, il m’explique que lors d’un entretien avec un assureur, il s’est entendu demander si Zündapp était une nouvelle application pour téléphone mobile. Matthias en rigole encore mais évidemment, le gars n’a pas lâché un centime.
Une organisation « à l’allemande »
Continuons notre balade. En face du parking, on trouve un énorme chapiteau, style Oktoberfest à Munich, où la bière locale coule à flot. Autour, on découvre quelques stands marchands, mais sans plus. En fait, le spectacle continue dans le camping qui prend, lui aussi, des allures de musée vivant : toutes les Zündapp de la création sont là, ou presque ! Évidemment, il y a beaucoup de machines d’après-guerre et une majorité de 50 cm3, ce qui, après tout, semble logique vu les chiffres de production des cyclos dans les années 60 et 70. Si l’on voulait émettre une petite critique, on dirait que les organisateurs auraient pu créer un plateau central sur le parking pour y exposer des modèles rares voire uniques. Ne chipotons pas, l’événement est un succès, avec une organisation « à l’allemande » et une convivialité certaine. D’ailleurs, il semblerait que Matthias et ses amis ne veuillent pas en rester là : « On est content d’avoir réussi à fédérer tout ce monde et on a un projet pour le futur… » Décidément, Zündapp n’est pas une marque comme les autres : disparue il y a 33 ans, elle suscite toujours autant d’intérêt. Cet anniversaire est à la hauteur de nos attentes et, comme on dit, les absents ont toujours torts.