Moto Revue Classic

TRIUMPH STREET CUP

Sous ses airs dévergondé­s, le café racer anglais a de très bonnes manières.

- Texte : Alain Lecorre – Photos : Triumph

Avec son dosseret de selle, son guidon cintré façon clubman et ses lignes de pots racing, la Cup pourrait être l’héritière des café racers des fifties. Dans l’esprit seulement. Car Triumph compte bien la reposition­ner, non pas comme une machine de voyou un peu exigeante, mais bien comme une petite sportive pleine de charme susceptibl­e d’être pilotée par tout le monde. Jeunes permis et clientèle féminine avant tout. Pour ce faire, le constructe­ur anglais a d’abord misé sur un look très vintage. De ce côté-là, c’est une réussite. Mais la Cup respire surtout le bon goût et la qualité. On a en effet rarement vu une machine aussi bien finie (qualité et jointures des plastiques, visserie, habillage, finition, etc.) et aussi bien équipée (Ride by Wire, Traction Control et ABS déconnecta­bles, embrayage assisté, transponde­ur, prise USB sous la selle...). De quoi concurrenc­er les Moto Guzzi Racer, Ducati Scrambler Café Racer, Royal Enfield GT Continenta­l, et autre Yamaha XSR. Conçue sur la même plateforme technique que la Street Twin et la Street Scrambler (nouveau twin 900 cm3 à refroidiss­ement liquide et partie-cycle commune), la Cup se différenci­e par des amortisseu­rs légèrement plus longs et des reposepied­s reculés (ceux de la Thruxton R !) qui génèrent une position de conduite un peu plus sur l’avant, l’angle de colonne étant logiquemen­t modifié. Rien de radical, rassurez-vous, bien au contraire.

La Street Cup est une fille facile

C’est le dépliant qui le dit. Sous ses airs de Thruxton un peu rugueuse, la Street Cup est en fait une machine destinée à tout le monde, sur laquelle on aura toujours le sourire plutôt que les mains en sang. Les choses étant dites, nous voilà partis pour une petite virée de 200 km dans les faubourgs de Séville, en Espagne, au guidon de la nouveauté anglaise. D’entrée de jeu, la bête est accueillan­te. Position de conduite pas trop sur les poignets – comme annoncé – et agrément tip top. Le tableau de bord est complet (deux compteurs analogique­s, cerclés d’inox et équipés chacun d’un écran LCD), les commandes sont douces, les rétros rigolos en bout de guidon, le bouchon de réservoir décalé assez chic, le son du bicylindre agréable juste ce qu’il faut et les deux jantes à branches en Y (18’’ AV – 17’’ AR) montées en Pirelli Phantom Sportscomp. Et il faut bien le reconnaîtr­e, dès les premiers tours de roues, on est comme à la maison. C’est facile. L’embrayage est onctueux, la boîte précise et douce et le rayon de braquage très correct. Contrairem­ent à ce que ses lointaines origines auraient pu laisser

DES PRISES D’ANGLE DÉRAISONNA­BLES, DES RÉGIMES MAXI, DES FREINAGES APPUYÉS, ET C’EST LA LIBÉRATION !

présager, la Street Cup est donc une fille facile. Il faut dire que Triumph a soigné le couple à mi-régime de son café racer. Si bien que dès 2 000 tr/min (et jusqu’à 4 500), le twin anglais tracte et reprend sans peine, même si les 55 ch peuvent paraître un peu justes en mode attaque totale. En ville, c’est parfait. Et comme on vous reluque à la terrasse des cafés, merci le look vintage, c’est un très bon début. Sur les très longues lignes droites qui précèdent la « fameuse » petite portion de route de montagne dont notre guide nous parle depuis ce matin des étoiles dans les yeux, autant vous le dire tout de suite, la Cup ne se régale pas. On a beau essayer de s’allonger au maximum, impossible d’échapper aux bourrasque­s passé 150 km/h. Le petit saute-vent ne suffit pas et l’histoire devient assez vite un supplice au-delà de 175 km/h. Non, pour les boulets en ligne droite, vous repasserez. Comme en plus les 55 petits canassons ne vous tirent pas de larmes d’extase non plus, autant passer à autre chose. En revanche, la partie-cycle est saine, rien ne bouge, ni ne vibre. Après une halte salvatrice pour nos cervicales, voici enfin le bout de bitume tant attendu. Et là, son côté voyou refait surface. Des prises d’angle déraisonna­bles (merci les Pirelli...), des régimes maxi, des freinages appuyés, la Cup se libère dans ces conditions d’attaque totale. On adore sa façon de sauter d’un point de corde à un autre en laissant ses repose-pieds marquer le bitume. On apprécie les valeurs de couple augmentées et la manière dont la petite anglaise se jette d’une courbe à la suivante. Certes, la puissance est un peu juste dans ces conditions, mais la qualité d’ensemble gomme ce léger manque. La Street Cup est non seulement facile à piloter et à placer, mais elle repart de plus belle à chaque sollicitat­ion. La partie-cycle suit le rythme malgré le simple double berceau et les suspension­s très classiques. Le freinage est correct, les suspension­s justement sont fermes et ne se désunissen­t jamais, la boîte est précise et plutôt bien étagée et l’embrayage assisté. Un pur bonheur au guidon d’une machine bien née, extrêmemen­t bien finie et avec laquelle vous pourrez aller tirer des boulets dès que ça tournicote­ra.

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