OU GRANDE ÉVASION ?
C’est une anecdote qui m’a été racontée par un ami qui roule avec un side-car allemand des années 40. Un engin militaire, vous l’aviez compris. Un samedi, durant une balade bien arrosée par la pluie, il s’est arrêté dans un petit village pour boire un coup au café du coin. Comme il était accompagné d’un collègue qui est, lui aussi, amateur de side-cars militaires, inutile de vous dire qu’à peine arrivés, les questions ont fusé : année de fabrication, puissance, marque, etc., etc. Loin de susciter l’animosité, ces engins qui, 75 ans auparavant, équipaient une armée occupante, semblent aujourd’hui plutôt provoquer un élan de sympathie. Une fois qu’ils ont eu fini de répondre à toutes les interrogations, ils ont pu se rendre au comptoir et commander deux chocolats chauds car il faisait un peu frais ce jour-là. À l’intérieur, nouveau bombardement de questions et évidemment, on en est venu à évoquer Steve Mcqueen et La Grande Évasion. Mon ami a un peu ramé pour expliquer qu’en fait, la moto sur laquelle le beau Steve tentait de s’évader était une Triumph 650 maquillée en moto de la Wehrmacht. Après un instant de répit, un gars s’est approché un peu dépité en expliquant qu’il y a quelques années, il s’était payé une Triumph 900 Bonneville « Steve Mcqueen Edition », une T100 moderne maquillée en moto de La Grande Évasion. Bref, il venait de comprendre que ce « coup marketing » un peu tordu tendait à faire passer des vessies pour des lanternes. Un autre client commençait à se moquer gentiment de lui lorsque, du fond de la salle, un petit vieux s’est écrié : « T’as qu’à imiter la signature de Bourvil et dire qu’elle a tourné dans La Grande Vadrouille… » Le propriétaire de la Bonneville a esquissé un sourire, ses copains ont éclaté de rire et mon ami s’en est retourné, se disant que le « capital sympathie » de ces engins de guerre devait beaucoup au 7e art. Christophe Gaime