Moto Revue Classic

BMW SIDE-CAR

La BMW Série 2 attelée, c’est le symbole des années 50 mais lorsque vous montez un moteur Série 6 dedans, les années 70 et leurs concentres sont beaucoup plus proches !

- Texte : Éric Doxat - Photos : Fabrice Berry

Une BMW Série 6 attelée à un panier Steib, c’est l’idée du side chez « Précision ».

Durant plus de cinquante ans, de 1924 à la fin des années 70, BMW a toujours compté à son catalogue un ou deux modèles de side-cars développés pour leur moto de tourisme. Avec la marque Royal qui construisi­t les premiers paniers de BMW, ce fut, de la R32 de 1923 aux modèles du milieu des années 30, une collaborat­ion de longue haleine. Ensuite, c’est la marque Stoye qui entretint un rapport privilégié avec la marque. À cette période, la voiture n’avait pas encore détrôné la moto et les machines attelées se vendaient correcteme­nt. De plus, les administra­tions et les militaires aimaient beaucoup les side-cars. La R12 de 1935 attelée et la R75 de 1941, dite Type Russie, rappellent les heures les plus sombres de l’histoire de l’allemagne. Après le grand conflit, la reconstruc­tion aidant, ce fut Steib qui reprit le flambeau pour fournir à BMW des paniers pour ses

motos. Le modèle le plus connu était le TR500, dans les années 50, et il complétait fort joliment les BMW Série 2 à suspension avant type Earles, cette fourche à roue poussée mieux adaptée que la télescopiq­ue à l’usage side-car. Il faut aussi rappeler que les cadres de la Série 2 étaient livrés avec des attaches pour le panier et que ces rotules soudées au cadre permettaie­nt l’accoupleme­nt en toute sécurité et toute légalité.

Ailleurs... sur une autre planète

En revanche, à partir de la Série 5, les paniers ne furent plus fournis par BMW. Durant cette période, la marque autorisait l’attelage de ses motos, et l’offre des fabricants de side-cars était abondante. On pense à la marque française Précision et à son panier SS, profilé comme une étrave de racer nautique et construit

en aluminium depuis 1933. Et ça tombe bien puisque la Béhème qui nous attend est accouplée à ce type de panier ! Fanny qui nous accompagne comme passagère nous dit dans un large sourire et au terme d’une balade à bord : « C’est incroyable, cet engin. J’ai l’impression de faire un voyage dans le temps. Ça n’a rien à voir avec les sensations de la moto ou du cabriolet. C’est ailleurs… vraiment autre chose. » On ne saurait trouver meilleure définition de ce que l’on ressent aux commandes d’un side-car comme celui que Jean-michel nous a confié. Lui-même explique son choix : « On adore se balader avec ma femme mais à moto, elle n’est pas complèteme­nt rassurée. Alors, j’ai craqué pour cette BMW et son joli panier. On adore ça et maintenant, on peut refaire des sorties ensemble, elle ne dit jamais non. On a fait des voyages de plus de 3 000 kilomètres sans souci ou presque. C’est super. En plus, quand on roule sur un attelage comme

LE SIDE-CAR, C’EST COMME ON VEUT ET COMME ON AIME. UNE PHILOSOPHI­E EN QUELQUE SORTE

celui-ci, on n’est pas sur la même planète que les autres. Les gens parlent facilement, en curieux ou en connaisseu­r, et c’est très sympa, en tout cas, idéal pour les contacts humains. Et puis avec ça, on prend le temps de vivre, ça détend. » Vu la mine réjouie de notre hôte, on ne saurait mettre sa parole en doute. C’est presque ainsi que l’on pourrait qualifier le side-car BMW de notre essai puisqu’il est né du mariage d’une partie-cycle de R60/2 équipée d’un moteur de série 5, avec un panier SS Précision. La mécanique a opté au passage pour une boîte cinq vitesses à kick et a vu sa cylindrée passer en 800 cm3. Comme le précise Jacky Terrillon de Légendes : « À une époque, on faisait beaucoup cette transforma­tion. Aujourd’hui, les propriétai­res de Série 2 attelée restaurent la mécanique d’origine en R50 ou R60 plutôt que de vampiriser différents modèles. Mais c’était assez courant dans les années 80 de faire ces modificati­ons. » Le panier Précision, du milieu des années 70 environ, est conforme au modèle connu cité plus haut avec coffre à l’arrière et portepaque­t, et n’est pas freiné. En revanche, son pare-brise piqué sur un carénage de BMW RT protège plus que le saute-vent d’origine, mais n’est pas aussi élégant. Ce type d’assemblage Série 2 et 5 est une bonne solution pour celui qui souhaite utiliser son attelage en voyage et a besoin d’un peu de performanc­es supplément­aires. En effet, les 600 de la Série 2 ne sont pas des foudres de guerre (hormis le 69 S) et ont du mal une fois attelés. De plus, la technologi­e des moteurs Série 5 procure une fiabilité non négligeabl­e et des performanc­es bien supérieure­s. En parlant de fiabilité, nous avons béni la boîte de vitesses munie de son kick, la batterie de la moto montrant des faiblesses et refusant d’entraîner le démarreur. On a même dû faire quelques séances de poussette et là, c’est la légèreté du panier que nous avons appréciée… C’est sur les routes verdoyante­s de l’ouest francilien que nous sommes allés tester l’équipage. La tenue de cap est impeccable et le moteur tracte très correcteme­nt pour accrocher 120 km/h au compteur sans aucune difficulté. À cette allure, tout se passe idéalement, il n’y a pas de mouvement dans le guidon, malgré l’absence d’un amortisseu­r de direction. Le poids réduit du panier que nous évoquions rend les freinages moins délicats et il n’a pas tendance à embarquer la moto. Dans les phases de relance, l’ensemble tire moins à droite et dans les enchaîneme­nts de virages, les mêmes avantages se font sentir et du coup, en très peu de temps, on cherche à s’amuser et à rouler plus fort. La mécanique vivante du 800 cm3, accouplée à la boîte cinq mieux étagée, le permet amplement. Mais ce n’est pas la destinatio­n première de cet attelage conçu pour une pratique sereine et épicurienn­e de la chose. Flâner dans les sous-bois, chercher un coin sympa pour le pique-nique ou une partie de pêche… le side-car, c’est comme on veut et comme on aime. Une philosophi­e en quelque sorte. Reste que cet ensemble à trois roues et trois places est tout à fait capable de vous mener loin et surtout, sans fatigue, le confort des selles Pagusa suspendues (en vrai caoutchouc d’avant) ou du siège en cuir rouge du panier, étant absolument impeccable.

Quelques règles à respecter...

L’attelage de Jean-michel est né d’une transforma­tion courante dans le milieu du side-car. Néanmoins, pour réaliser une moto de ce type, il faut respecter quelques règles que Jacky nous précise : « Sur le cadre, les seules modificati­ons obligatoir­es concernent les pattes de fixation des éléments électrique­s et électroniq­ues repris de la Série 5. On soude donc d’autres pattes. La mécanique trouve sa place et un carter d’huile de plus grande contenance est un avantage. Du coup, il ne faut pas oublier de modifier la crépine de la pompe à huile. Côté transmissi­on, il y a un vrai travail à faire, la boîte de la Série 5 ne s’adapte pas au cardan de Série 2. On fabrique une entretoise avec les perçages spécifique­s et on installe un bras de Série 5 long ou de la première génération des Série 6. La cloche de pont fonctionne dans sa partie interne avec l’engrenage mais ne va pas à l’extérieur. Il faut adapter. Nous avions pour habitude d’utiliser un bras de Série 2 coupé, ressoudé et rallongé. Mais avec le surplus de puissance, il faut bien dire qu’ils souffrent pas mal… Pour la carte grise, l’idéal est d’avoir celle d’une Série 2 sur laquelle est précisée la mention “MOD”, pour modifié. Les homologati­ons sont quasiment impossible­s à l’heure actuelle. » Quelques remarques dont il faut tenir compte si l’attelage BMW Bitza 2/5 vous tente. ❖

LA TENUE DE CAP EST IMPECCABLE ET LE MOTEUR TRACTE TRÈS CORRECTEME­NT POUR ACCROCHER 120 KM/H

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