Moto Revue Classic

VISITOR CENTER

Le Visitor Center, inauguré fin 2017 à l’entrée de l’usine Triumph de Hinckley, rend enfin hommage à l’histoire de la marque anglaise, âgée de 117 ans. Visite guidée.

- Texte : Zef Enault – Photos : Triumph

Le "Visitor Center " inauguré en 2017 rend hommage à l'histoire de la marque.

Une allée de dalles en pierre mène au Triumph Visitor Center, flanquée de plaques dédiées à quarante-quatre des noms les plus emblématiq­ues de l’histoire de la marque anglaise. À tout seigneur, tout honneur, la première est pour le fondateur, Siegfried Bettmann, mais y figurent également Johnny Allen, auteur du célèbre record mondial de vitesse sur le lac salé de Bonneville en 1956 (d’où le nom attribué à la Triumph Bonneville en 1959), ou encore Gary Johnson, vainqueur de la catégorie Supersport de l’édition 2014 du Tourist Trophy, au guidon d’une Daytona 675.

70 000 Triumph vendues en 2018

Inauguré en novembre 2017, le Visitor Center rend ainsi hommage à l’histoire de l’une des plus vieilles marques de moto du monde, dont le premier exemplaire naquit en 1902. Pourtant, lorsque John Bloor a relancé Triumph au début des années 1990, avec sa gamme de machines à trois et quatre cylindres, il s’attachait à effacer systématiq­uement toutes les traces de la cruelle période que Triumph a traversée entre 1970 et 1984, année où il racheta la firme. Presque trois décennies ont passé et les choses ont bien changé. Bloor et ses équipes ont réussi à créer un climat de confiance autour de la marque, grâce à des modèles toujours plus fiables et performant­s ; les blagues sur les traces d’huile sous les motos anglaises sont oubliées. Avec près de 70 000 motos vendues dans le monde en 2018, Triumph est aujourd’hui l’une des marques européenne­s les plus importante­s, derrière BMW. Les Bonneville, Thruxton et autres Scrambler n’y sont pas pour rien. Cette mode néo-rétro a d’ailleurs exigé une valorisati­on du patrimoine historique et la richesse du passé de Triumph se prêtait à merveille à cet exercice. Enfin, John Bloor a passé le relais de la direction à son fils, Nick Bloor, qui a lui moins de scrupules vis-à-vis

d’une histoire qu’il n’a pas vécue. Tout cela explique la naissance du Visitor Center. Toutefois, lors de la soirée d’inaugurati­on de ce musée moderne, le premier novembre 2017, John Bloor a fait une rare et brève apparition, preuve qu’il a fait la paix avec l’histoire de sa marque. Miles Perkins, responsabl­e de la communicat­ion et du marketing, a souligné le caractère exceptionn­el de cette inaugurati­on, impensable il y a encore une quinzaine d’années. Au coeur de cette usine moderne, reconstrui­te après l’incendie de 2002, Triumph honore enfin son histoire. Mais il fut aussi question ce soir-là de futur : les moteurs des Moto2 de la saison 2019 tournaient déjà sur les bancs et l’un d’eux était exposé là, et on fêtait le nouveau partenaria­t avec la société indienne Bajaj, troisième fabricant mondial de motos, pour produire des modèles de moyenne cylindrée. La balade dans le Visitor Center ramène toutefois l’histoire au coeur des débats. On y trouve, au premier étage, le tout premier modèle sorti en 1902, avec son petit moteur belge Minerva ; la Trusty de 1919, issue du modèle utilisé lors de la Première Guerre mondiale par les troupes britanniqu­es ; le Streamline­r de 1956 piloté par Johnny Allen ; la TR6 R de Steve Mcqueen qui a exécuté le fameux saut dans le film La grande évasion (saut effectué par le double de l’acteur américain, Bud Ekins), ou encore la Speed Triple de Tom Cruise dans Mission Impossible…

Collection­neurs du monde

Il y a également une Hurricane X75 du début des années 70, une Trident de 1993 et la première Speed Triple de 1994. Les collection­neurs de Triumph du monde entier ont été mis à contributi­on pour réunir ces motos, mais les modèles les plus rares proviennen­t de l’incroyable collection (plus de trois cents modèles) de l’anglais Dick Shepherd, qui possède notamment cinq Triumph de Grand Prix des années 50. Dans une autre salle, le travail des designers et ingénieurs s’expose sous forme de croquis, de pièces, de moteurs découpés… On peut aussi visiter l’usine, en réservant à l’avance sa place et contre 15 Livres, soit une vingtaine d’euros. Le Visitor Center, lui, est gratuit. Il est évidemment possible d’acheter des tee-shirts, casquettes, livres et autres produits dérivés Triumph. La Café 1902 se trouve au même étage.

Le boom des musées moto

Il paraît aujourd’hui évident qu’une marque de moto possède un tel espace à l’entrée de son usine,

surtout pour les plus anciennes. Mais ces hommages historique­s restent relativeme­nt récents, l’année 1998 semble d’ailleurs avoir été celle des musées moto : Ducati a ouvert le sien cette année-là, Honda a inauguré le Collection Hall peu après, Yamaha faisait de même avec son Communicat­ion Plaza… Harley-davidson créait son espace historique dix ans plus tard. Seul BMW avait été précurseur, dès 1973. Triumph rattrape ainsi son retard, que son histoire récente explique. ✦

Infosprati­ques:https://www. triumphmot­orcycles.fr/ visitor-experience

IL PARAÎT AUJOURD’HUI ÉVIDENT QU’UNE MARQUE DE MOTO POSSÈDE UN TEL ESPACE PRÈS DE SON USINE

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1. L’entrée du Visitor Center se souvient des “héros Triumph” à travers des plaques commémorat­ives. 2. Le TVC marie harmonieus­ement dessins et pièces mécaniques. 3. Les motos d’avant-guerre ne sont pas oubliées à l’instar de cette 500 de GP. 4. Pour se désaltérer, il y a le 1902 Café.
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