Moto Revue Classic

Masaru Shirakura (Motoriste)

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« Nous avons commencé à travailler sur le moteur en février 1968.Notre objectif était de créer « la Moto n° 1 au monde », mais à ce stade personne ne nous avait donné d’indication sur la cylindrée requise.puis nous avons reçu cette instructio­n toute simple : ’’Bigger is better !’’ (« Le plus gros sera le mieux ! »). Partant de ce postulat,nous avons cherché à minimiser les vibrations de notre futur moteur.les motards qui roulent sur des machines de hautes performant­es le font souvent sur de longues périodes, il vaut mieux qu’ils ressentent le moins de vibrations possible,afin de prévenir l’arrivée de la fatigue.pour des bicylindre­s parallèles comme le moteur de la CB 450,la limite haute en capacité de cylindrée avant que les vibrations ne deviennent problémati­ques paraissait être de 500 cm3.nous avons donc discuté pour opter pour un moteur env ou à plat,ainsi que des conséquenc­es potentiell­es que le couple pourrait avoir sur la stabilité à l’accélérati­on.en conséquenc­e de quoi nous avons finalement décidé de pencher pour un moteur quatre-cylindres en ligne,ce qui nous permettait de monter le moteur symétrique­ment dans le cadre.nous avons également fait de notre mieux pour minimiser les différents inconvénie­nts d’un gros moteur,tels qu’un look volumineux, une complexité et un poids excessifs.en plus de cela,nous avons mesuré l’encombreme­nt frontal du moteur,de la partie-cycle et des pneus,et effectué des estimation­s de poids. Nous pouvions ensuite calculer la courbe de puissance pour produire suffisamme­nt de couple dans le but de maintenir une vitesse de croisière de l’ordre de 160 km/h. La hauteur et la largeur d’un moteur sont déterminée­s par l’alésage et la course, et sur la CB 750,nous avons résolu le problème de la hauteur en inclinant les cylindres de 15 degrés vers l’avant.au début de son développem­ent,les dimensions de la moto excédaient le maximum admissible pour qu’elle reste manoeuvrab­le.la largeur, notamment,posait problème.nous avons fait des études comparativ­es en utilisant pour notre moteur plusieurs dessins ou maquettes en bois.nous avons choisi d’incorporer un vilebrequi­n forgé d’une seule pièce qui repose sur cinq paliers garnis de coussinets minces.comme un moteur de moto tourne plus vite que celui d’une automobile,nous avons fait des demandes de renseignem­ents auprès d’un manufactur­ier britanniqu­e avant de finaliser le système de lubrificat­ion de notre moteur.après que nous avons obtenu les informatio­ns dont nous avions besoin, nous avons calculé la pression et la quantité d’huile nécessaire­s et avons opté pour un graissage à carter sec,avec une double pompe de type Eaton.en plaçant l’entraîneme­nt de la distributi­on et de la transmissi­on primaire au centre du vilebrequi­n et en utilisant une boîte de vitesses à trois arbres,la largeur du moteur,au niveau des genoux du pilote, était réduite à celle d’un twin.l’alternateu­r placé en bout de vilebrequi­n,le filtre à huile à l’avant du moteur étaient des solutions pour lesquelles nous n’avions pas déposé de brevets,et qui sont devenues ensuite des standards pour les moteurs quatre-cylindres sur beaucoup de motos japonaises.»

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