Moto Revue Classic

VINTAGE BIKE

Le boss de Vintage Bike Company a recentré son activité. Après dix ans passés à restaurer des CB, Olivier décide en 2017 de lâcher les motos pour se consacrer à 100 % sur les pièces détachées des vieilles Honda. Un choix assumé et réfléchi. Rencontre.

- Par Alain Lecorre. Photos François Lardat.

Après 10 ans de restaurati­ons de CB 750, Olivier Berinstain se recentre sur les pièces.

L ’histoire moto du boss de Vintage Bike commence en 1978… dans Moto

Revue. Olivier, 6 ans, pose fièrement sur une Zündapp KS 50 Super Sport pendant un essai réalisé par son cousin, un certain Éric Glain. Pour la petite histoire, Éric était devenu rédacteur en chef lorsque je suis entré à Moto

Revue en 1982. Le monde est petit. Le petit Olivier, qui avouera avoir un peu frimé auprès de ses potes avec cette pleine page couleur du n° 2450 (voir p. 71), met un pied dans un monde qui ne le lâchera plus. « J’ai toujours rêvé de moto. Dès que j’ai eu l’âge d’avoir un deux-roues, j’ai hérité du 50 de ma soeur ; je suis le dernier d’une famille de trois enfants. C’était un Suzuki ER21. Après, entre 14 et 16 ans, j’ai bricolé, trafiqué et vendu des tas de mobylettes. J’ai eu une 80 à 16 ans, un 125 à 17, et j’ai passé mon permis à 18. C’était parti avec, je ne sais pas pourquoi, l’idée de trouver des motos ailleurs qui seraient

moins chères.» En 1992, Olivier, qui a 20 ans, est encore à l’école et part aux USA

réaliser son rêve. « Àl’époque, il n’y avait pas d’internet, pas de Paypal, rien. Je suis parti un peu à l’aventure avec des travellers chèques et j’ai ramené 2 Triumph Bonneville. J’en ai vendu une et ça m’a payé plus ou moins l’autre avec laquelle j’ai roulé pendant un an. L’année suivante, j’ai recommencé. Je suis rentré avec une Norton Commando, une Honda 500 turbo et une Harley. J’étais sur une bonne dynamique. Pendant les vacances, j’allais m’acheter des motos, je les rapportais, je me faisais un petit billet et je roulais sur des bécanes que je ne pouvais pas me payer. La troisième année, en 95, je suis parti avec un copain direction la NouvelleOr­léans. Sauf que là-bas, y a pas de motos. Alors on s’est rabattu sur une voiture, une Triumph TR4 qu’on a achetée à deux et qui s’est avérée être une grosse poubelle toute rouillée sous une belle peinture. On l’a revendue quasiment à perte au bout d’un an. Cette malheureus­e expérience a marqué la fin de l’aventure Vintage Bike première version.»

Olivier a refait plusieurs centaines de CB

La suite est étonnante, comme souvent avec Olivier

Berinstain. «Après, j’ai fait un peu d’études de commerce, puis j’ai été steward pendant douze, treize ou quatorze ans chez Air Liberté et Air France. Mais la moto était toujours dans un coin de ma tête. Un jour, je suis tombé sur un Américain que je ne connaissai­s pas plus que ça. Je lui ai expliqué que je voulais ramener des motos des US et lui ai demandé s’il pouvait m’aider… Il m’a dit :

“Pourquoi pas...”. J’ai constitué un premier container avec 3 motos. Ça s’est bien passé.

Puis un deuxième avec 6 motos ; nickel. Ensuite, j’ai créé un statut d’autoentrep­reneur et je me suis mis à mi-temps chez Air France. Après 3 ans de congés de création d’entreprise, j’ai démissionn­é.» Olivier redescend sur terre pour de bon et relance Vintage Bike, deuxième version. Celle qu’on connaît aujourd’hui. « Entre 2008 et 2017, je n’ai fait que des motos. Des centaines de motos. Je les importais, je les restaurais, je les vendais. En dix ans, j’ai appris à faire plein de choses, principale­ment sur la CB 750 et les Honda des années 70.» C’est là, en 2017, qu’il décide de réorienter le business de sa petite entreprise en arrêtant de vendre des motos et en se consacrant exclusivem­ent à la vente des pièces détachées… «J’ai trouvé un arrangemen­t avec Authentic Motors dans le XIIIE à Paris à qui j’ai refilé mon filon d’import de motos parce que j’ai un contact américain de confiance sur place. Je leur pilote les importatio­ns, ils me rachètent des pièces. Le filon n’est pas épuisé mais ça devenait trop compliqué de s’occuper à la fois des motos, des papiers, des envois, du site Internet. Aujourd’hui je ne vends plus que des pièces et Authentic Motors s’occupe de la restaurati­on et de la partie achat/vente des motos. » Des pièces qu’il trouve chez CMSNL (le gros fournisseu­r néerlandai­s, ndlr), en Angleterre ou directemen­t à la source auprès des fabricants qui travaillen­t pour CMSNL. «Ça me permet de décrocher quelques tarifs intéressan­ts sur les pièces les plus courantes. Je suis même parfois mieux placé que CMSNL. » Et aussi incroyable que cela puisse paraître, Olivier, qui a refait plusieurs centaines de CB (300 ou 400, il ne s’en souvient plus exactement lui-même), assume parfaiteme­nt sa décision. «C’est vrai que ça change mais restaurer des motos, c’est très compliqué. Demande aux gars dans le milieu, tu verras, ils te répondront certaineme­nt tous la même chose. Y a toujours des imprévus. Je pense avoir une bonne réputation et je ne crois pas avoir volé les gens, mais c’est souvent au détriment de ton confort, de ta vie perso, des nuits tranquille­s et de ton bénéfice. Regarde, tu as une moto que tu vends 10 000 € et tu fais tout pour que le client soit aux anges. Mais il y a une petite fuite au joint de culasse… Donc tu redémontes tout, tu passes une journée de boulot supplément­aire et ta marge que tu pensais être de 1000 n’est plus que de 300… voire négative.

Les gens veulent discuter avec quelqu’un...

Aujourd’hui, avec les pièces détachées, le business est différent, c’est un autre job. Chaque jour, il faut envoyer des dizaines de pièces, les empaqueter, les recommande­r. Ça veut dire aussi classer, étiqueter et gérer le stock. » Donc tout passe directemen­t par Internet ou les gens continuent-ils d’appeler ? « Les commandes c’est plutôt du 50/50. Sur le site, tu trouveras des pièces pour les 350, 500, 500 Four et toutes les CB 750, mais les clients apprécient d’avoir quelqu’un au bout du fil. Quelqu’un qui connaît un peu le sujet. Pas un simple revendeur de pièces. Quelqu’un qui peut surtout les conseiller sur leurs achats. En plus, il y en a beaucoup qui ne veulent pas commander à l’étranger, car ils n’ont pas trop confiance. D’autres ne parlent pas anglais, ou veulent pouvoir retourner leurs pièces sans que ce soit une tannée, etc. Les clients ont souvent

50 ou 60 ans et aiment bien discuter, poser des questions. À moi de me développer pour leur rendre service au maximum. Côté pièces détachées, je travaille aussi avec les profession­nels : Belles Bécanes, Authentic Motors et pas mal de petits garages à droite à gauche. » Au final, la (très) bonne réputation et le sérieux du faiseur de Marcq l’aident dans son nouveau challenge. «Oui, ça fait plaisir. Les gens me connaissen­t pour les nombreuses motos que j’ai vendues entre 2008 et 2017. Avec les pièces détachées, j’essaie de faire les choses aussi sérieuseme­nt. 80 % des commandes partent le jour même, 99 % sont parties dans la semaine. Après, ça arrive dans les huit jours maxi. Le business autour des vieilles motos, et notamment la CB, continue de se développer. Il est très actif. Depuis que j’ai commencé, la demande reste incroyable. Les gens veulent toujours plus de CB, restaurer plus de CB. Ça n’arrête pas.» Et la suite du programme Olivier, tu

la vois comment ? « Jedois pouvoir étoffer le business sur les modèles que je fais déjà. Je n’ai pas encore pris le temps de tout référencer, il faut que je sois plus efficace sur tout ça. Et ensuite, pourquoi pas passer sur d’autres modèles emblématiq­ues comme la Kawasaki Z 900, la Yamaha XS 650... Mon business pièces est assez nouveau finalement. J’ai commencé à stocker les pièces avec un bac bleu, puis 10 bacs bleus, puis 100 bacs bleus, mais je suis encore en phase de lancement. Le site Internet est actif depuis 3 ou 4 ans. Au début, ce n’était qu’un complément de revenus en plus des motos qui constituai­ent l’activité principale. Finalement, j’ai été rattrapé par l’ampleur du truc. Ça a commencé à m’occuper à mi-temps, puis ¾ de mon temps et aujourd’hui, je fais de la pièce détachée à 100 %. »

80 % DES COMMANDES SONT ENVOYÉES LE JOUR MÊME, 99 % PARTENT DANS LA SEMAINE

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