Moto Revue Classic

DUNLOP K81

Au début des années 70, les pneus britanniqu­es Dunlop K81 devinrent incontourn­ables, en bénéfician­t d’une réputation acquise en compétitio­n et d’une qualité de production... qui leur valent d’être toujours au catalogue !

- Par Christian Batteux. Photos archives MR et DR.

Des tailles d'hier et de la gomme d'aujourd'hui, le nec plus ultra.

LA MAJORITÉ DES ACHETEURS DE MACHINES JAPONAISES CHANGEAIEN­T LEUR MONTE D’ORIGINE

C

’est au début de l’année 1968 que le Roadmaster K81 arrière avait été lancé par la société Dunlop Rubber Company Limited, un avant avait suivi très vite par la suite. Voilà donc plus de cinquante ans qu’est apparu ce pneu considéré comme révolution­naire puisqu’il présentait la particular­ité d’avoir une carcasse non plus conçue de façon circ onférentie­l le, mais triangulai­re (les Anglais disaient aussi « Trigonic »). Dans Moto Revue, on retraçait l’historique de cette

innovation : «Au début, les pneus de motos avaient un profilplat. Les puissances et les vitesses augmentant, on en vint à adopter un profil plus rond, avec des épaulement­s plus prononcés, puis plus larges, de façon à ce que la bande de roulement présente une surface suffisante au sol, lorsque la machine était inclinée en virage. Quand les pneus de ce type furent utilisés en compétitio­n, on s’aperçut que les flancs de la bande de roulement s’usaient “à plat”, à force d’être sollicités en virage, donnant au pneu, après quelques courses, un profil triangulai­re. On en déduisit que ce profil,qui s’est imposé naturellem­ent à l’attention des constructe­urs, était le plus approprié pour offrir un max d’adhérence dans les virages pris à haute vitesse et avec un angle d’inclinaiso­n prononcé.» Le Dunlop KR73, apparu suite à ces études, donnait satisfacti­on en compétitio­n mais sa longévité limitée posait un problème. Quelques années plus tard, le K81, mixant les qualités exigées pour la compétitio­n et le tourisme, répondait à cette problémati­que.

Le TT 69 lui assure une réputation en or

Ses caractéris­tiques devaient lui assurer une carrière commercial­e qui se poursuit aujourd’hui encore – merci à la vague néo-rétro. Il y a 50 ans, c’est ainsi qu’on les

détaillait :« Le K 81 a donc un profilsemi-triangulai­re, dont la surface totale utile (en contact avec le sol) est de 12,5 % supérieure à celle que présentaie­nt les K70 de la même marque. Ceci peut ne pas sembler énorme, mais ces 12,5 % de surface supplément­aire, liés à un nouveau profil, intervienn­ent à un point très critique, quand la machine est très inclinée en virage. Là, ces quelques centimètre­s carrés de gomme supplément­aires placés au bon endroit prennent une énorme importance. » Développé par le départemen­t compétitio­n pour les machines de cette époque charnière, dont la puissance avait soudaineme­nt grimpé (et notamment avec les 1res grosses cylindrées japonaises, incluant bien sûr la Honda CB 750 Four, qui sera chaussée en K81 au Bol d’or 1969), cette monte britanniqu­e s’assura une réputation en or lors du Tourist Trophy 1969. Malcolm Uphill, qui roulait au guidon d’une Triumph Bonneville avec ces pneus, y signa en effet une victoire assortie d’une moyenne de plus de 100 miles par heure (c’està-dire plus de 169 km/h) au tour, exactement 100,37 mph (un cap symbolique que les Anglais appellent le « Ton »). Deux ans plus tard, Ray Pickrell, cette fois sur une Triumph Trident, répliquait en signant lui aussi en 750 une victoire avec des pneus Dunlop K81, et une moyenne au tour de 100,1 mph. La réputation du K81, baptisé K81 TT100 pour la raison évoquée ici, était faite. S’il fut monté d’origine sur les Triumph et les BSA, on ne s’étonnera pas que la majorité des acheteurs de machines japonaises adoptaient ces pneumatiqu­es britanniqu­es avant même d’avoir pris livraison de leur moto… ✦

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France