CHRONIQUE JEAN JUNIOR
Jean Junior met en avant 3 artistes motards : Grayson Perry, J. F. Cholley et Will Kurtz.
Brexit ou pas Brexit, quel que soit le résultat, on peut espérer qu’il ne nous privera pas d’artistes comme Grayson Perry dont les oeuvres ont été exposées en début d’année à la Monnaie de Paris. Cette exposition fait suite à plusieurs autres à travers le monde après, noblesse oblige, celles plus anciennes du British Museum et de la Royal Academy of Arts où on le voit élevé au rang de CBE (Commander of the order of British Empire). Grayson Perry n’est donc pas tout à fait le rigolo un peu frappé qu’on pourrait croire, surtout pour les Continentaux si raisonnables que nous sommes. Dans une interview, on a demandé à Philippa quel était son souvenir le plus romantique de celui qui allait devenir son mari, elle a répondu :
« La première fois qu’il m’a emmenée sur sa moto. » La suite, c’est Perry qui la raconte : « Je pense que je voulais frimer après une soirée tardive et nous sommes donc partis plein pot sur la M11 (l’autoroute LondresCambridge) en pleine nuit. Au bout d’un moment, une soupape a lâché !
On a poussé la machine pendant deux heures sous la pluie. La soupape cassée est toujours sur mon bureau en souvenir
de ce moment ! » La Harley (n° 1) est la pièce la plus spectaculaire du travail de Grayson, mais l’homme est un toucheà-tout doué. Il domine autant la peinture que le dessin, la poterie, la sculpture, la tapisserie, la céramique, l’écriture et aussi la conduite de ses motos puisqu’il ne possède pas de voiture. « J’ai une Harley pour l’été, dit-il, pour rouler lentement en profitant du paysage et une KTM pour aller vite en hiver. » Elle figure d’ailleurs en arrière-plan sur un immense autoportrait en noir et blanc (n° 2). Dans ses toiles ou ses tapisseries et aussi dans la vie lors de ses apparitions en public, Grayson aime mélanger les genres, d’où ses tenues féminines qui font désormais partie de son personnage et de son art. Son intention est d’obliger le public à se poser des questions sur le(s) sexe(s), la politique, la religion, le travail, les codes de la société anglaise, l’évasion fiscale, le racisme et
tutti quanti. On retrouve chez lui l’esprit ravageur des Monty Pythons (dans le film
Le Sens de la vie), esprit matérialisé ici par ses peintures ou sculptures.
Lorsqu’on voit le travail de Jean-François Cholley, ça donne envie de ressortir son Rolleiflex des années 50. Mais on n’ira pas, comme lui, jusqu’à des tirages au charbon, des cyanotypes et autres manipulations au collodion, toute cette cuisine « à l’ancienne » qui donne de si belles images. Je ne vais pas vous faire l’article plus longtemps, allez donc voir son blog sur http://blog.photographiecholley.com et jugez par vous-même. Et puis, tâchez de trouver quelque part dans ses trésors cette émouvante photo de Vélocette prise en 1974 qu’il a gardée du temps de sa jeunesse (n° 3).
Le journal sur papier perd du terrain, c’est ce que nous disent tous les jours nos quotidiens. Création de Jean Jaurès (pas la station de métro, l’homme politique),
L’Humanité a ses vapeurs et risque de finir par rejoindre les centaines de feuilles défunctées dans le courant du siècle dernier. Heureusement, l’art vole au secours des agonisants ! Coïncidence, le recyclage est dans l’air et ça tombe bien pour Will Kurtz qui fait ça depuis longtemps, bien avant que la « mode » ne s’en soit emparé. Avec une pile de journaux, un assortiment de magazines, des ciseaux, de la colle, du ruban adhésif et quelques clous, il vous crée une sculpture (n° 4). Grandeur nature !