ATELIER M
Certains mécanos aiment partager et fédérer, Guillaume est un exemple à suivre.
Comme chez les musiciens ou les surfers, certains mécanos aiment partager et fédérer. Guillaume en est une interprétation et un exemple à suivre.
Un matin comme un autre, un peu pluvieux, Guillaume, de bonne humeur, se dirige comme d’habitude vers la porte de son atelier. Recouverte de métal et siglée simplement « Atelier M ». Contrairement à la sensation de « fraîcheur » que devraient dégager ces deux portes, ce « M » est plutôt l’interprétation d’un « j’aime toutes les Motos ». Cet atelier, de bois dominant, est grand ouvert à tout passionné de deux-roues, sans restriction ni ségrégation. La musique vous enveloppe dès le seuil franchi, tout comme l’odeur de l’arabica offert tout naturellement, pour se rencontrer. Ici, la jeune femme classique, l’amateur de tout-terrain ou le barbu en salopette côtoient le collectionneur d’anglaises et le pistard. Cet atelier, qui a dû héberger un charpentier ou bien d’autres artisans, accueille des bécanes des années 60 à 90 dans une ambiance post-industrielle.
Avec un passé déjà bien rempli pour un trentenaire, Guillaume s’évertue à accueillir toute personne victime de tracas mécaniques. Mécanicien poids lourd de formation,
puis commercial pour une grosse concession Opel, il a aussi endossé le rôle de restaurateur à la suite de son père. Après avoir passé une licence Pro Entreprenariat, il se décide à se lancer dans cette activité qui le tente depuis toujours. La découverte de ce local aura fini de le plonger dans le grand bain pour partager sa passion, lui qui aime s’entourer des conseils d’anciens mécanos ou d’amateurs éclairés quand il s’agit de bosser sur une BSA ou une Norton Commando.
Prêt à relever tous les défis
D’ailleurs, dans son prochain atelier, un espace sera consacré aux « anciennes », histoire de leur réserver toute la bienveillance qu’elles méritent. Bien sûr, il a une préférence pour la marque Ducati mais en fait, il se ravit de résoudre un problème mécanique qui concernerait un flat-twin, une italienne ou un scooter moderne. Les défis sont intéressants à relever et lorsqu’il s’agit d’un problème électrique ou électronique, le match s’engage jusqu’à ce qu’il soit gagné. Généralement, il s’aménage des moments de solitude hors des heures d’ouverture avant d’engager la « lutte ». Après quelques cafés et parfois quelques heures dans un silence monacal, il arbore un sourire de vainqueur et il ne mesurera pas le temps qu’il lui a fallu pour résoudre l’énigme. Certains modèles n’ont plus de secrets pour lui, comme la Yamaha XT 600 de 1991, sa moto personnelle avec laquelle il ne compte plus les virées à l’entour ou en Corrèze. De belles balades qui se terminent parfois
en musique car Guillaume joue aussi de la guitare dans un groupe de potes, des gens évidemment venus de tous horizons. Sa compagne Caroline roule bien sûr à ses côtés sur une Yamaha XS 360 de 1977 qui a été l’objet de toute son attention, du simple boulon défectueux au choix de la livrée définitive. Une customisation sobre, qui sert parfois de « modèle d’exposition », même si Guillaume refuse de s’enfermer dans un genre particulier. Tout comme pour les blousons et accessoires qu’il vend, il ne fait aucun calcul commercial, de marges ou de volumes. Les produits exposés sont d’abord ceux qu’il utiliserait pour lui ou ce qui lui semble adapté à ses clients. Pour l’heure, il raconte à ses mécanos, Marc et Paul, sa dernière virée entre amis sur l’île de Man pour le Classic TT. Au-delà du spectacle procuré par les courses, il a été émerveillé par le lieu. D’ailleurs, il n’hésite pas à partager ce grand moment de bonheur avec ses clients ou même de simples visiteurs. Partir sur la route avec lui semble naturel, tant cela paraît simple. Et c’est aussi la promesse d’un bon moment. Au fait, actuellement, le morceau qui passe en boucle dans l’atelier, c’est Bohemian Rhapsody de Queen…
Atelier M, tél. : 05 56 29 14 47
ENTRE LA MÉCANIQUE ET LUI, UN MATCH S’ENGAGE, QUI NE PRENDRA FIN QUE LORSQU’IL L’AURA REMPORTÉ