CHEVALLIER HONDA 500
En 1984, après avoir fabriqué des partie-cycles pour les moteurs Yamaha TZ 250 et 350, Alain Chevallier s’attaque avec succès à la catégorie reine avec le moteur Honda RS 500.
Alan Cathcart a essayé la Chevallier-Honda de Rachel Nicotte récemment restaurée.
Trois Chevallier Honda RS 500 ont été construites au total. Celle de Radiguès en 1984 aux couleurs Johnson, celle de Le Liard la même année, identique à part les couleurs Elf et enfin, la Rollstar de 1986, avec une géométrie de cadre modifiée et la possibilité de réglages via des excentriques. En 1988, Chevallier vend une des motos à Rachel Nicotte, qui remporte le titre de champion de France. Il était sponsorisé par Jacadi, le fabricant de vêtements pour enfants, pour qui le championnat de France était la priorité. Nicotte a également réussi à prendre part à sept GP, et à Jerez, il a obtenu une 13e place. En 1989, il a participé au championnat d’Europe, terminant deuxième derrière la Honda RS 500 du Suédois Peter Linden. En 1990, par manque d’argent, Nicotte n’a participé qu’à trois GP, terminant dans les points à Brno et en Hongrie. Il s’est ensuite consacré à la catégorie 600 Supersport puis à l’endurance, avec succès. Malheureusement, il a décidé de mettre fin à ses jours en 2005, à 48 ans.
Débrouille Racing team
Olivier Rietsch, homme à tout faire de la petite équipe Chevallier-Honda de Nicotte, est l’heureux possesseur de la machine de cet essai. « J’ai quitté mon travail pour aider Rachel en 1988, se souvient Olivier, qui vit aujourd’hui en Guyane. Le team fonctionnait avec un minimum de moyens et nous n’avions même pas d’argent pour les pièces détachées. Nous nous sommes liés d’amitié avec l’un des mécaniciens Honda, qui nous disait : “À 21 h ce soir, je vais jeter des pièces usées dans cette poubelle là-bas” et nous, on allait les récupérer …» Après que Nicotte a arrêté
de courir avec la Chevallier en 1990, il l’a confiée à
Olivier pour que celle-ci soit en sécurité et il l’a pieusement conservée dans sa cave à vins. Puis en 2002, Nicotte a déménagé dans le sudouest de la France et Olivier la lui a rachetée : « Il n’était pas question qu’elle aille ailleurs, encore moins après son décès… » Récemment, il a donc décidé de la faire restaurer et en 2018, lorsque Tech3 Classic a fabriqué de nouveaux pistons, Emmanuel Laurentz, le copain d’Olivier, a pu remonter le moteur. Puis, Yves Kerlo s’est penché sur la partie-cycle qui a été achevée quinze jours seulement avant la Sunday Ride Classic 2019. Là, je me suis retrouvé en train de rouler avec des gens comme Giacomo Agostini, Freddie Spencer, Kevin Schwantz et Christian Sarron. Au lieu de l’unique disque avant en carbone avec lequel Radiguès a couru en 1984, on trouve une paire de disques en acier montés par Thierry Espié en 1985 car il n’avait pas les moyens de remplacer régulièrement le disque de carbone lorsqu’il était usé ! Cela signifie que la moto affiche aujourd’hui 116 kg à sec, au lieu des 111 kg qu’elle pesait en 1984, avec une répartition des masses de 52/48 % qui a résolu les problèmes de tenue de route de la RS 500 standard à cause d’un manque de poids sur la roue avant. Comparé à la douzaine de Honda NS et RS 500 que j’ai eu la chance de piloter, la Chevallier est une petite moto avec un gabarit de 350 ! Comme Rachel Nicotte était beaucoup plus petit que moi, j’ai trouvé la position de pilotage vraiment trop exiguë pour me sentir à l’aise sur la Chevallier.
LA CHEVALLIER 500 EST UNE PETITE MOTO AVEC UN GABARIT DE 350
J’ai cependant pu apprécier l’agilité de la moto dans les chicanes et sa stabilité dans les courbes rapides, comme Signes au bout de la ligne droite du Mistral au Castellet.
Quelle belle petite moto !
L’empattement plus long compense l’angle de colonne plus fermée que sur la RS 500 standard. Du coup, on se sent vraiment en confiance sur cette bécane, d’autant que même avec ses freins conventionnels, la Chevallier est une excellente freineuse. J’ai pu le constater en me frottant pendant quelques tours à un pilote de RS 500 que je n’ai pas pu identifier. Grâce à la légèreté de ma monture, je le recollais sur tous les freinages mais ensuite, il accélérait plus fort que moi en sortie de virage et reprenait l’avantage. Il faut dire qu’Olivier m’avait demandé de ne pas dépasser 11 000 tr/min. Si une partie de la puissance arrive à partir de 9 500 tr/min, la « seconde couche » arrive au-delà de 11 000 tr/min, car ce moteur ne dispose pas encore des valves ATAC des Honda NS 500 d’usine. J’avoue que lors de mes quatre derniers tours, j’ai décidé de tirer les rapports jusqu’à 11 800 tr/min, ce qui fait une énorme différence en termes d’accélération, tout en rendant la Chevallier beaucoup plus facile à piloter car on se retrouve dans la plage idéale pour monter ou descendre les rapports. Ceux-ci passent tout seuls et il devient quasiment inutile de se servir de l’embrayage. On a ainsi la main et l’esprit libres ! Du coup, le couple augmente aussi mais ce surplus ne perturbe pas la tenue de route et la maniabilité de la Chevallier. Quelle belle petite moto ! À la fois techniquement et par la qualité de la restauration. Dommage qu’Alain
Chevallier ne soit plus parmi nous et qu’il ne puisse admirer le travail accompli par Olivier et ses amis…
LA CHEVALLIER EST D’UNE GRANDE AGILITÉ DANS LES CHICANES