Moto Revue Classic

ROAD SCRAMBLER

En 1966, le Suédois Bosse Rindar participe aux ISDT sur un prototype prêté par l’usine BMW. L’année suivante, il réalise une copie de cette machine qui vient d’être restaurée.

- Texte : Peter Dahlbom - Photos : Ola Osterling

En 1966, un pilote suédois roule sur le prototype des BMW Série 5.

L’intérêt de Stefan Seipel pour les motos BMW a commencé au milieu des années 90. Alors qu’il est dans un avion pour la Crète, il parcourt un article sur les BMW des années 50.

« Je suis immédiatem­ent tombé amoureux de la R26, raconte Stefan. Et quand je suis rentré chez moi après les vacances, j’en ai acheté une à Stockholm ! Je venais de terminer mes études supérieure­s et je n’avais donc pas d’argent, je pouvais difficilem­ent me permettre d’acheter une moto moderne. De toute façon, je savais que je ne serais pas capable de la conduire et je pensais qu’une vieille bécane serait plus facile à piloter et d’un entretien économique. » À partir de là, son intérêt pour la marque n’a cessé de se développer. Quelques années plus tard, il s’est intéressé aux modèles des années 1930 et s’est offert une R71, une flat-twin à soupapes latérales de 746 cm³. Puis il a acheté une R66 et une R51. Stefan a eu l’occasion de constituer sa collection à une époque où les prix étaient raisonnabl­es en

Suède sauf que beaucoup de machines partaient chez des collection­neurs allemands. « Heureuseme­nt, j’ai été assez réactif pour acheter de belles pièces et les garder en Suède ! », explique Stefan. Vous l’avez compris, les BMW sont devenues sa passion et

Stefan se dit parfois qu’il en a peut-être plus que ce dont il a vraiment besoin ! En tout cas, il est devenu l’un des meilleurs spécialist­es de la marque au pays des Vikings.

L’enquête de Stefan

Il y a 3 ans, un nouveau fil de discussion est apparu sur le forum du BMW Club. Il a été lancé par un amateur qui a publié une photo de sa moto qu’il pensait pouvoir être la mythique Road Scrambler de Bosse Rindar, ancien importateu­r BMW en Suède. Cependant, la moto n’était pas conforme à l’origine, ce qui a débouché sur une discussion animée. Le propriétai­re n’était pas certain de la provenance de la machine car elle n’avait pas de numéro de moteur. Avec l’aide de l’administra­tion, il a finalement réussi à trouver le deuxième propriétai­re, qui a pu confirmer que c’était la bonne machine et qu’il l’avait achetée à Rindar. Revenons à Stefan qui avait entamé sa propre enquête dix ans plus tôt et avait eu un contact direct avec Rindar. Ce dernier pensait que la machine était « perdue pour la Suède » depuis bien longtemps. « Mais quand j’ai vu les images, j’ai tout de suite su que c’était elle », dit-il. Le problème était que la discussion avait déjà un an lorsque Stefan l’a découverte et que le propriétai­re de la moto avait alors l’intention de la vendre ! Stefan s’est jeté sur son clavier pour envoyer un courriel, demandant si elle était toujours là et si elle était toujours à vendre. Coup de chance, aucun acheteur potentiel n’avait donné suite et la Béhème était encore disponible. Stefan a expliqué qu’il souhaitait restaurer la Road Scrambler, ce qui rassura le vendeur car les autres clients semblaient s’intéresser à la moto uniquement pour les pièces spéciales. L’affaire a été conclue et les deux parties sont mêmes devenues amies, le vendeur ayant suivi la restaurati­on du début à la fin !

Une partie-cycle sur-mesure

Parlons-en de cette restaurati­on. Stefan a commencé par ouvrir le moteur. À l’époque, celuici a été assemblé par Bosse Rindar, avec des pièces auxquelles il avait accès en tant qu’importateu­r. C’est pour cela qu’il n’y a pas de numéro de moteur, car les carters de rechange n’en ont pas. L’intérieur du flat-twin est

QUAND J’AI VU LES IMAGES, J’AI TOUT DE SUITE SU QUE C’ÉTAIT ELLE...

d’origine, à quelques exceptions près. Les culbuteurs sont polis, mais les soupapes ont des dimensions standard. La cylindrée est celle d’origine. Le cadre, réalisé sur-mesure à l’époque, n’a pas été beaucoup modifié, seuls des détails mineurs ont été ajoutés : un des nombreux propriétai­res a reconstitu­é la boucle arrière et a ajouté des repose-pieds, tout simplement pour transporte­r un passager. En outre, le montage des amortisseu­rs a été modifié pour augmenter le débattemen­t. Stefan a supprimé tout ça et a ensuite demandé à un ami soudeur de remettre le cadre dans son état d’origine. Une fois la peinture enlevée, il a été assez facile de détecter les ajouts grâce aux traces de soudure. Il a fallu également refabrique­r des repose-pieds car ils avaient été partiellem­ent coupés à cause du montage de deux échappemen­ts en position basse. La selle monoplace n’était plus là non plus, mais les propres articles de Bosse sur la Road Scrambler révélaient qu’elle provenait d’une Triumph de la police. Après une petite recherche, Stefan en a trouvé chez le spécialist­e Reg Allen, à Londres. Le plus gros problème, c’était que les tubes d’échappemen­t d’origine n’étaient plus là. Bosse a refait des plans et Stefan a demandé à un chaudronni­er d’en fabriquer de nouveaux. Les grilles de protection provenaien­t d’une Suzuki 80 Hill-Billy, un engin plutôt rare en Scandinavi­e. Stefan a contacté un spécialist­e de la marque situé à Karlstad qui, coup de chance, en avait deux en stock ! Un don du ciel. Le guidon a été plus difficile à trouver. Stefan a d’abord pensé à un BMW d’origine mais une fois monté, il a constaté que ça n’allait pas du tout. En fait, le bon guidon était un modèle monté par Triumph à la fin des années 1960 pour le marché américain.

Il est beaucoup plus large et convient nettement mieux. La fourche Ceriani a été vidangée et les joints spis changés mais les vieux Girling ont été remplacés par des neufs. Les caches chromés sont bien ceux d’époque car les nouveaux sont peints en noir.

Silencieux de Volkswagen

Les roues étaient probableme­nt celles d’origine mais les moyeux présentaie­nt des fissures à l’intérieur, ce qui est assez courant sur ces millésimes. Stefan a trouvé deux moyeux en bon état qui ont été rayonnés à neuf et montés sur des jantes en acier inoxydable. Quant aux pneus, le choix s’est fait à partir des images d’époque de la moto. La peinture a été réalisée par Håkan Sundelin, que Bosse Rindar a souvent fait travailler à l’époque. Il est bien connu dans les cercles BMW pour sa capacité à maîtriser les coloris de la R90 S. Il ne reste que très peu d’images couleur de la moto (voir pages suivantes) mais heureuseme­nt, il restait des traces de peinture sur le bras oscillant. Stefan a déjà parcouru quatre-vingts kilomètres au guidon de la Road Scrambler, mais il ne la trouve pas adaptée pour les longs trajets à grande vitesse. On s’en serait douté. Il a rapidement découvert qu’il avait le même problème rencontré par Bosse à l’époque : les silencieux brident le moteur à haut régime. Une paire d’éléments de plus gros diamètre va sûrement résoudre le problème. Rétrospect­ivement, il est un peu triste de constater que Bosse Rindar lui-même n’ait pas fait d’importante­s recherches pour retrouver sa moto mais il lui pardonne, car celui-ci était convaincu qu’elle avait été démontée ou détruite. Aujourd’hui, elle est bel et bien reconstrui­te !

LE PLUS GROS PROBLÈME, C’EST L’ABSENCE DES POTS D’ORIGINE

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 ??  ?? 50 ans après, Bosse Rindar en action sur la réplique de la machine des ISDT.
50 ans après, Bosse Rindar en action sur la réplique de la machine des ISDT.
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2. Sous la selle, on découvre le travail de brasage de Berra Persson et le faisceau électrique simplifié.
3. Compteur et compte-tours proviennen­t de la BMW R69 S.
4. Pas mécontent, Bosse, d’avoir retrouvé la moto de sa jeunesse !
5. Moteur et transmissi­ons de R69 S sont restés d’origine.
1. La BMW imaginée par Bosse Rindar est plus légère que le prototype BMW des Six jours 66. Elle est aussi plus jolie. 2. Sous la selle, on découvre le travail de brasage de Berra Persson et le faisceau électrique simplifié. 3. Compteur et compte-tours proviennen­t de la BMW R69 S. 4. Pas mécontent, Bosse, d’avoir retrouvé la moto de sa jeunesse ! 5. Moteur et transmissi­ons de R69 S sont restés d’origine.
 ??  ?? 1. Efficace sur le goudron, la Road Scrambler s’est révélée par la suite redoutable en tout-terrain. 2 et 3. Les tambours de frein ont été remplacés par des éléments plus récents. 4. Les repose-pieds ont été refabriqué­s car ceux d’origine avaient disparu.
1. Efficace sur le goudron, la Road Scrambler s’est révélée par la suite redoutable en tout-terrain. 2 et 3. Les tambours de frein ont été remplacés par des éléments plus récents. 4. Les repose-pieds ont été refabriqué­s car ceux d’origine avaient disparu.
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