CHRONIQUE JEAN JUNIOR
Jean nous parle de la moto marseillaise, un moteur de L dans un cadre BSA.
Aujourd’hui d’une banalité affligeante, la moto à quatrecylindres a longtemps été un fantasme de motard. Les américaines mises à part, on a connu malgré tout quelques réalisations consistantes et pérennes. À commencer par F.N. (pionnier avec Laurin-Klement), en passant par Nimbus ou Ariel qui furent les plus obstinés à travers les âges. Il y en a bien d’autres et bien plus flamboyantes, suivant des modes dont l’apparition coïncide souvent avec des périodes de crises économiques. Comme si l’on espérait conjurer le (mauvais) sort par des feux d’artifice, façon derniers jours de Pompéi. Un espion du pays chouan m’a envoyé quelques pages d’une gazette d’origine indéterminée. Quoi qu’il en soit – comme avait coutume de dire le défunt Pierre Bouteiller sur France Inter –, elle présente un intérêt certain en même temps qu’un « bitza » dont voici quelques photos. Sauf erreur, les autres réalisations connues à base de moteurs de voiture ont cherché à faire léger avec le trois-cylindres de la DKW 3/6 (Selon la pub de l’époque : trois cylindres deux temps ă six cylindres quatre-temps). Robert Biberian a misé, lui, sur celui d’une 4 CV Renault « prélevé sur une vieille carcasse », a-t-il précisé à « J.F.P. », signataire de l’article accompagnant ces documents. La partie-cycle, cadre double berceau, est celle d’une BSA B31 de 1957 achetée d’occasion dont le moteur a été revendu mais sans la boîte de vitesses conservée ici. Au passage, afin de gagner du poids, il y a perdu son démarreur électrique. Le réservoir d’origine a été retourné pour permettre le montage de deux carburateurs
Solex dont les ressorts de rappel sont renforcés par un sandow breveté
Système D. Emprunté à une Morris Mini, le radiateur est refroidi par un ventilateur entraîné par le moteur des essuie-glaces récupéré sur la 4 CV. Après rabotage de la culasse, un allégement du volant moteur et l’ablation du démarreur (20 kg de moins au total), les 748 cm3 d’origine sont passés de 21 à 35 chevaux pour un régime augmenté de 700 tours.
Vitesse annoncée par le propriétaire et concepteur : 160 km/h, résultat de six mois de travail. La plus grosse difficulté a été le tournage – par un spécialiste – d’un arbre de sortie moteur, avec un palier, pour la transmission finale dont la chaîne s’obstinait à casser tandis que l’embrayage a demandé quelques soins.