Moto Revue Classic

HD 1200 “INJUSTICE”

Ancien pilote de motocross, le Suédois Anton Knutsson s’est lancé dans la préparatio­n suite à une blessure. Sa Harley-Davidson 1200 Sportster évoque les années 70 et 80.

- Texte : Peter Wicked - Photos : Ola Osterling

Suite à un accident, le pilote de motocross Anton Knutsson s'est lancé dans la préparatio­n.

Anton Knutsson aime les motos depuis longtemps. Pensez donc, il a reçu sa première bécane, une Yamaha PW 50 blanche et rose, pour Noël, juste après avoir eu 2 ans. « Mon père était un pilote de motocross profession­nel dans les années 70 et 80, et j’ai suivi sa trace, dans tous les sens du terme.

J’ai passé la plupart de mon adolescenc­e dans un camping-car à sillonner l’Europe et c’est aussi pendant ces années que j’ai appris l’essentiel, y compris l’école et les filles ! » À 17 ans, une grosse chute lui vaut une fracture de la hanche et des deux poignets, ainsi que la fin de sa carrière de compétiteu­r. Il prend un nouveau départ : « Arrêter de rouler n’était pas envisageab­le pour moi. Je pilotais une moto depuis que j’avais appris à marcher et je voulais continuer.

Dès que j’ai été débarrassé des plâtres, je me suis acheté une moto de route. »

Susanna roulait en Yam’ SR 400

C’était une Ducati 900 Monster qui avait déjà bien servi et qui devait donc être rénovée, aussi bien sur les plans esthétique que mécanique : « Les années passées en motocross m’ont permis d’apprendre la mécanique et j’ai toujours été très créatif en matière de couleurs et de formes. » Du coup, Anton a personnali­sé la bolonaise et un jour, il a été arrêté dans la rue par un type qui voulait la lui acheter à tout prix.

« Le bénéfice m’a permis d’acheter une autre moto, que j’ai aussitôt transformé­e en poussant mes idées encore plus loin. » Ça a duré 5 à 6 ans jusqu’à ce qu’en 2016, Anton n’ouvre un atelier baptisé « Injustice » dans un quartier de Stockholm. « Injustice Customs m’a amené dans de nombreux endroits étonnants et, surtout, m’a permis de rencontrer des gens fantastiqu­es partageant mon intérêt pour les motos transformé­es », explique-t-il avec un grand sourire. Une de ces personnes extraordin­aires s’appelle Susanna et elle roulait avec une Yamaha SR 400 qu’Anton lui avait restaurée. Ils se sont mis en couple et cela a été synonyme d’un déménageme­nt à Göteborg pour Anton et l’entreprise. Ah, l’amour !

Peu importe le lieu, son petit atelier a le vent en poupe : « Au cours des deux dernières années, j’ai surtout travaillé sur des Triumph néo-classic, ce sont des machines qui se prêtent parfaiteme­nt à l’exercice. » Histoire de changer un peu, l’hiver dernier, Anton a acheté une Harley-Davidson 1200 Sportster aux Pays-Bas.

Elle était en piteux état et comme pour la Ducati, l’idée était de la réparer et de la transforme­r. Anton n’avait encore jamais travaillé sur une machine américaine : « Avant de commencer le projet, j’ai dû investir dans l’outillage spécial. » L’idée était de construire une flat-tracker mais avec sa touche personnell­e,

J’AI PASSÉ LA PLUPART DE MON ADOLESCENC­E À SILLONNER L’EUROPE DANS LE CAMPING-CAR DE MON PÈRE…

d’où le nom du projet « Born without rules » (née sans règles). Il a tout de suite pensé à mélanger deux tendances apparemmen­t éloignées : le flat-track et le MotoGP actuel ! « Je suis actuelleme­nt très inspiré par les motos de course des années 70 et 80, explique Anton en montrant les étriers de frein de couleur magnésium et les bras de la fourche. Sur les MotoGP, les pièces les plus intéressan­tes, ce sont les échappemen­ts. Le design doit se marier avec la longueur et la forme des tubes. Sans parler du travail de soudure minutieux ! C’était un élément sur lequel je voulais apporter ma touche personnell­e et j’ai contacté la firme italienne SC-Project, qui fournit de nombreuses équipes de GP. »

Pas de frein avant...

Il a commandé deux silencieux en fibre de carbone auprès du départemen­t course puis il a commencé à souder. 56 sections tubulaires et 3 bouteilles d’argon plus tard, il avait un magnifique échappemen­t en titane :

« Ça pèse presque rien et ça donne un son fantastiqu­e ! » Une vraie flat-tracker n’a pas de frein avant, mais sur la moto d’Anton, on trouve deux disques Beringer, une vraie marque de reconnaiss­ance pour le constructe­ur français, à un bémol près : « Ils ont un son affreux quand il fait froid mais après, ils sont sacrément efficaces ! », explique Anton en riant. Pour finir, il a confié la peinture de la moto à son ami Håkan Lindberg, l’un des meilleurs artisans suédois. « Håkan peint depuis très longtemps et j’aime vraiment travailler avec lui, je ne suis jamais déçu par son travail. » À travers sa décoration, Anton voulait montrer qu’il

56 SECTIONS TUBULAIRES ET 3 BOUTEILLES D’ARGON PLUS TARD, IL AVAIT UN MAGNIFIQUE ÉCHAPPEMEN­T

mélangeait deux styles :

« Un côté de la moto est noir, pour le style flat-track, tandis que l’autre arbore un gros éclair blanc, noir et jaune fluo, qui rappelle la décoration des motos de Grands Prix des années 80 ! »

Les yeux rivés sur le pot titane

Le tableau est idyllique mais lors de la mise en route, Anton est un peu tendu. Même si les moteurs des Sportster récentes sont montés sur silent-blocs, le V-twin vibre beaucoup et il transmet ses vibrations aux cadres. « Lorsqu’on soude du titane, il doit être extrêmemen­t propre à l’intérieur, sinon, la soudure est de mauvaise qualité, explique Anton. De plus si le tube casse, il est presque impossible de le ressouder à nouveau. Lors du premier roulage, je me souviens que mes yeux étaient plus braqués sur l’échappemen­t que sur la route… » Mais finalement, tout s’est bien passé. Après avoir exposé la Harley au Bike Shed Show de Londres, il l’a utilisée pour ses déplacemen­ts quotidiens. Puis, l’été dernier, lui et Susanna se sont rendus au Wheels and Waves à Biarritz. S’ils ont évidemment mis la moto dans une fourgonnet­te pour effectuer les 2 300 km depuis Göteborg, ils en ont profité pour s’offrir une balade de 500 kilomètres dans les Pyrénées. Comme quoi, cette Harley n’est pas qu’une moto de salon !

ANTON UTILISE MAINTENANT SA HARLEY POUR SES DÉPLACEMEN­TS

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 ??  ?? 1. Évidemment de ce côté-ci, on ne voit pas l’échappemen­t, la pièce maîtresse de cette machine... 2 et 3. Les moyeux de roue et les étriers de freins sont signés Injustice Customs. Les disques viennent de chez Beringer : cocorico ! 4. Le revêtement de selle arbore des surpiqûres. Très chic.
5. Sur une moto préparée en Suède, il n’est pas étonnant de trouver des amortisseu­rs Öhlins.
1. Évidemment de ce côté-ci, on ne voit pas l’échappemen­t, la pièce maîtresse de cette machine... 2 et 3. Les moyeux de roue et les étriers de freins sont signés Injustice Customs. Les disques viennent de chez Beringer : cocorico ! 4. Le revêtement de selle arbore des surpiqûres. Très chic. 5. Sur une moto préparée en Suède, il n’est pas étonnant de trouver des amortisseu­rs Öhlins.
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1. La Harley-Davidson d’Injustice Customs n’est pas une moto de salon, elle roule vraiment, et plutôt bien. 2. C’est Anton Knutsson lui-même qui a réalisé ce magnifique échappemen­t en titane : un chef-d’oeuvre ! 3. Le bouchon de réservoir provient du catalogue Roland Sands. 4. « Born without rules », c’est le « petit » nom de cette machine...
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Anna ne rechigne pas à utiliser les motos créées par son compagnon. Même si la 1200 Sportster a plus de chevaux que la 400 SR !
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1. La côte basque prend des airs de Californie durant le Wheels and Waves. 2. Pas peu fier de sa réalisatio­n, le Anton ! 3. Commodo, poignée de gaz et maître-cylindre sont restés d’origine.

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