Z 900 RS 2020
La Kawa Z 900 RS se veut un hommage à la 900 Z1. Mission accomplie mais la filiation est purement esthétique. Pour le reste, la nouvelle se situe à l’opposé de l’ancienne.
Kawasaki a choisi de nouveaux coloris pour la descendante de la 900 Z1.
Pour une raison évidente, la RS est un clin d’oeil à l’Histoire, presque ironique : quand la Z1 sort en 1973, elle est la grosse cylindrée de grande série la plus puissante du monde. Pensez donc, 15 chevaux de plus que la Honda CB 750… Une superbike ! Alors que la RS appartient aujourd’hui à la catégorie « héritage», ces néo-rétro, roadsters aux relents d’époques fantasmées.
Hommage à Big Jim
Presque cinquante ans se sont écoulés entre la Z1 et la RS. Si la seconde laisserait aujourd’hui la première sur place sur un 400 mètres D.A., elle fait figure d’aimable bourgeoise éclairée, mais un peu insipide, à côté d’une ZX-10R de 200 chevaux. Pourtant, elle pousse fort, la RS. Son boîtier de filtre à air travaillé en acoustique donne l’impression qu’elle gronde, le couple à mi-régime « arrache » pas mal sur les rapports intermédiaires et elle franchit facilement tous les interdits routiers. Alors, elle s’adapte, douce, soumise, capable d’avancer sur un filet de gaz en troisième.
La RS pourrait rendre aussi hommage à Big Jim, cette poupée masculine très musclée des années 80 qui changeait de visage en levant le bras droit. Elle cumule les personnalités, ne lui manque que l’étoffe sportive, même
LA Z 900 RS CUMULE LES PERSONNALITÉS, NE LUI MANQUE QUE L’ÉTOFFE SPORTIVE
si elle fait un clin d’oeil à une ancienne sportive. Mais puisque notre ère contemporaine n’en finit pas de sacraliser le progrès, je m’étonne justement qu’on trouve du plaisir à rouler au quotidien avec un roadster alors qu’on a quand même inventé le carénage depuis. L’un des rares défauts que je reproche à la RS, c’est de devoir, à 90 km/h en hiver, supporter la pression de l’air froid dans le cou, sur le casque, quand avec ma routière carénée, je m’en affranchis. J’ai bien compris que pour être « stylé », il fallait souffrir. L’à-coup à chaque changement de rapport est l’autre défaut que l’on ressent au guidon de la RS. Probablement dû à son moteur appauvri pour s’adapter aux normes Euro 4, bientôt 5.
Finition de belle facture
S’adapter, c’est le leitmotiv de cette moto, qui le fait très bien et avance de nombreuses qualités : suspensions efficaces et confortables, commandes souples et faciles, moteur onctueux et néanmoins costaud, finition de belle facture, freinage puissant et progressif… La selle est un peu raide mais cette moto n’avait que 500 km au compteur. La RS est à la 900 Z1 ce que l’email est au fax. Si personne ne regrette le fax, pourtant, certains ont la nostalgie des moteurs un peu récalcitrants, les partiecycles saucissonneuses, les freinages aléatoires… On roule à moto pour se faire plaisir et, parmi nous, certains se font plaisir en se faisant peur.
IL FAUT SOUFFRIR POUR ÊTRE STYLÉ...