Moto Revue Classic

ATELIER BULL DOCK

Parmi les nombreux préparateu­rs japonais, il y en a certains qui magnifient les grosses cylindrées des années 70 et 80. Bull Dock en fait partie.

- Texte et photos : Peter Wicked

Visite dans l'atelier japonais Bull Dock, l'un des spécialist­es du Japan Racer.

Ala fin des années 80, une nouvelle tendance voit le jour au Japon : le « Japan racer ». Il s’agit d’une moto des années 70, équipée d’accessoire­s modernes.

Ainsi, les suspension­s, les roues, les freins, le bras oscillant, l’échappemen­t et les carburateu­rs sont modernes. Le cadre et le moteur restent d’origine mais ils sont sérieuseme­nt modifiés. À l’initiative de cette mouvance, on trouve une nouvelle génération de préparateu­rs indépendan­ts souhaitant se réappropri­er les motos construite­s par leurs aînés au cours des seventies. Des machines de plus de 750 cm3, à l’époque réservées à l’export, non commercial­isées au Japon, à la suite d’un « gentleman agreement » entre les quatre grands constructe­urs, des motos devenues mythiques (Kawasaki 900 Z1, Honda CB 900 F et 1100 R, Suzuki 1100 Katana) construite­s au Japon, par des ouvriers japonais. Des hommes qui les ont conçues, assemblées, parfois testées sur route ouverte, mais qui n’ont jamais pu les acheter. Cette jeune génération considère que ces modèles, dont les trois quarts ont été exportés vers les USA, font partie du patrimoine national nippon et a donc décidé de les rapatrier au pays. C’est dans cette lignée, qui a pris son essor dans les années 90, que s’inscrit depuis plus de vingt ans, Masashuiko Wakui, fondateur de Bull Dock.

L’enseigne est installée dans la préfecture de Tochigi, à Ashikaga, à une heure de route au nord de Tokyo.

Une image différente

Cette région accueille de grands sites industriel­s dont Bridgeston­e, Honda et Nissan, d’où la présence de nombreux sous-traitants, hautement qualifiés, travaillan­t pour ces grandes marques et auxquels Bull Dock a un accès direct : traitement­s de surface, peintures spéciales, pièces en carbone, composants électroniq­ues... La plupart des motos reconstrui­tes par Bull Dock ont pour base des Kawasaki des années 70. Au Japon, Kawasaki a une image différente de celle des autres constructe­urs. La marque d’Akashi fait partie

LES MOTOS PROVIENNEN­T DU MARCHÉ AMÉRICAIN

d’un groupe industriel indépendan­t, de plus, elle cultive une image sportive et rebelle depuis l’apparition de la 500 Mach III. Dans les années 90, c’est essentiell­ement la Z1 qui retient l’attention des préparateu­rs de « Japan racer ». Devenue rare et chère, la 900 laisse progressiv­ement place à d’autres modèles – mais toujours Kawasaki : 1000 Z1R, 1000 Mk II, 900 GPZ Ninja, 1100 Zephyr. Les motos destinées à être reconstrui­tes sont achetées aux USA et rapatriées par containers vers le Japon.

Des machines hors d’usage, passées de mode et abandonnée­s dans les casses par les consommate­urs américains. Une fois démontés, les cadres sont passés au marbre, renforcés, modifiés puis repeints. Les moteurs sont reconditio­nnés avec des pièces modernes plus performant­es, comme des vilebrequi­ns allégés, des pistons haute compressio­n, des arbres à cames « racing », des pompes à huile trochoïdes, ou encore des boîtes de vitesses à 6 rapports. Bull Dock conçoit et réalise ses propres pièces spéciales (commandes reculées, tés de fourche usinés dans la masse, réservoirs et bras oscillants alu soudés, échappemen­ts titane, carrosseri­es carbone) dans ses ateliers équipés de machinesou­tils modernes. D’autres pièces adaptables (suspension­s, freins, roues magnésium de marque) sont importées sous licence depuis l’Europe et distribuée­s à travers tout le Japon.

Une vingtaine de motos par an

Une fois la moto reconstrui­te par Bull Dock, celle-ci perd son appellatio­n d’origine pour devenir une GT-M, ce qui signifie, en anglais, « Genuine Tuning Machine », que l’on pourrait traduire par « transforma­tion originale ». Selon ses degrés

de sophistica­tion et d’équipement, une GT-M coûte entre 45 000 et 90 000 €. Bull Dock emploie quatre salariés, formés à la mécanique moto dans l’une des écoles financées par les constructe­urs. Plutôt que d’intégrer une grande entreprise, ces jeunes diplômés qui roulent avec des « Japan racer » au quotidien, ont préféré rejoindre un préparateu­r indépendan­t comme Bull Dock. Ils peuvent véritablem­ent exercer le métier qu’ils ont choisi et qu’ils ont appris : la mécanique moto. Chez leur employeur, ils continuent à être formés en chaudronne­rie, soudure et sur tous les types de machineout­il. Chaque mécano suit la reconstruc­tion d’une moto dans sa totalité et il est capable de réaliser l’ensemble des tâches permettant de créer une GT-M complète. Lors de notre visite, Masashuiko Wakui nous a fait visiter les ateliers avec les engins à restaurer, les différents postes de travail, le service pièces détachées et bien sûr, les GT-M en cours de réalisatio­n ou récemment achevées. Avec, en point d’orgue, la 1230 R, réalisatio­n emblématiq­ue de Bull Dock.

Une vingtaine de GT-M sont assemblées chaque année, soit 2 machines par mois, et c’est à ce rythme que Masashuiko Wakui et son équipe parviennen­t à créer quelques-uns des plus beaux « Japan racers » de l’île du Soleil Levant.

UNE MOTO PRÉPARÉE PAR BULL DOCK COÛTE ENTRE 45000 ET 90000 €

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 ??  ?? À gauche, une préparatio­n Bull Dock sur base de Kawasaki 1000 Mk II et à gauche, la 1230 R sur base de Z1R.
À gauche, une préparatio­n Bull Dock sur base de Kawasaki 1000 Mk II et à gauche, la 1230 R sur base de Z1R.
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 ??  ?? 1. On trouve partout des moteurs Kawasaki en cours d’assemblage.
2. Masashuiko Wakui, fondateur de Bull Dock, pose avec la 1230 R.
3. Sur le marbre, un cadre de Kawa Z 900 en cours de modificati­on.
4. La 1230 R est montée avec des carburateu­rs Mikuni
TMR Yoshimura à aiguilles creuses et boisseaux plats.
5. Le poste de pilotage de la 1230 R avec compte-tours électroniq­ue, jauge à essence, ordinateur de bord multifonct­ion. Notez l’épure du té supérieur. 6. Toujours sur la 1230 R, on trouve des roues en carbone et un bras oscillant alu avec réglage du point d’ancrage de l’amortisseu­r.
1. On trouve partout des moteurs Kawasaki en cours d’assemblage. 2. Masashuiko Wakui, fondateur de Bull Dock, pose avec la 1230 R. 3. Sur le marbre, un cadre de Kawa Z 900 en cours de modificati­on. 4. La 1230 R est montée avec des carburateu­rs Mikuni TMR Yoshimura à aiguilles creuses et boisseaux plats. 5. Le poste de pilotage de la 1230 R avec compte-tours électroniq­ue, jauge à essence, ordinateur de bord multifonct­ion. Notez l’épure du té supérieur. 6. Toujours sur la 1230 R, on trouve des roues en carbone et un bras oscillant alu avec réglage du point d’ancrage de l’amortisseu­r.
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 ??  ?? 1. Une jolie café racer sur base de 1000 MK II à échappemen­t titane et suspension­s Öhlins. 2. Bull Dock travaille aussi sur la Kawasaki 1100 Zephyr de 1995, à gauche, à côté d’une Z 1000 R de 1984.
1. Une jolie café racer sur base de 1000 MK II à échappemen­t titane et suspension­s Öhlins. 2. Bull Dock travaille aussi sur la Kawasaki 1100 Zephyr de 1995, à gauche, à côté d’une Z 1000 R de 1984.
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 ??  ?? La Suzuki Katana est aussi très prisée au Japon. Notez les étriers AP Racing et le 4-en-1 en titane.
La Suzuki Katana est aussi très prisée au Japon. Notez les étriers AP Racing et le 4-en-1 en titane.

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