Moto Revue Classic

LE MUSÉE D'AGOSTINI

À 77 ans, le Campioniss­imo Giacomo Agostini s’est enfin décidé à ouvrir un musée où il dévoile ses souvenirs du temps passé...

- Texte : Paolo Sormani - Photos : Gigi Soldano

Visite du musée privée de Giacomo Agostini à Bergame, sa ville natale.

Au début des années 70, une génération de gamins italiens devenaient tifosi de Giacomo Agostini pour trois excellente­s raisons : ses victoires, le mythe d’invincibil­ité et l’extraordin­aire capacité d’envahir l’imaginatio­n collective. Sa gueule de play-boy apparaît partout, comme dans la célèbre pub de la compagnie pétrolière italienne Api, avec le pur-sang noir au galop : « Avec Api, tu voles ! » Ces mêmes pubs, on les retrouve aujourd’hui dans sa nouvelle salle des trophées, en présence du champion, grisonnant et un peu enveloppé, mais toujours en forme à 77 ans. Giacomo Agostini a inauguré ce musée en rassemblan­t ses souvenirs et les motos éparpillée­s dans différente­s collection­s. C’est simple, ce lieu, c’est lui ! Le seul pilote à raconter une histoire qui a débouché sur 15 titres de champion du monde,

123 Grands Prix gagnés, 18 titres italiens, 10 Tourist Trophy, le triomphe aux

200 Miles de Daytona en 1974. Pour un total de

311 victoires… Son musée personnel démontre à la fois son esprit de compétitio­n féroce et son perfection­nisme. Sans oublier le vedettaria­t qui a fait de lui un ambassadeu­r du talent et du charme italiens.

Sur invitation privée

Aujourd’hui encore, Ago ne laisse rien au hasard :

« Je songeais depuis longtemps à construire un musée qui raconte ma carrière. J’en ai parlé avec les gens de la mairie de Bergame, mais j’ai finalement décidé de me l’approprier complèteme­nt ! J’ai ressenti le besoin d’avoir une salle des trophées conçue comme j’en rêvais, pour pouvoir passer mes moments libres à me remémorer mes succès… »

L’autre raison – plus pragmatiqu­e – de ce choix est que les visites se feront sur invitation privée : pour en réserver une, il faut contacter la chambre d’hôtes de luxe Villa Vittoria, créée par la fille du Campioniss­imo à Bergame, Vittoria ! Elle propose le forfait « une journée avec le champion » pour huit personnes minimum. Ça comprend la nuit, la visite au musée et le dîner avec Ago. Ce dernier reprend la parole : « Ici, dans le musée, on trouve toute mon histoire, tous mes souvenirs : les motos, les combinaiso­ns, les casques et les objets personnels que j’ai utilisés pendant les courses. Mais surtout, il y a mes

364 trophées ! Pour moi, c’est émouvant de voir mon passé enfermé ici et c’est pour cela que j’ai donné une logique chronologi­que à l’exposition, tout en laissant également la place aux émotions. »

Même Lino Dainese est là

Il a fallu sept mois de travail et une refonte des espaces puisqu’Ago s’est rendu compte que le nombre de trophées gagnés était bien supérieur à la place disponible. Mais tout est rentré, vraiment tout, depuis la première coupe remportée à 11 ans, en 1953. Au fait, avant, toutes ces reliques d’une valeur inestimabl­e étaient conservées dans une pièce « secrète » de la maison, à l’épreuve des voleurs. Le matin du 27 novembre, jour de l’inaugurati­on, il pleut des cordes. Sont présents des hôtes d’exception : le maire de Bergame, d’autres autorités civiles et militaires, plus un nombre important d’anciens journalist­es du Continenta­l Circus. On notait la présence de Lin Jarvis, directeur du team Yamaha MotoGP et de Gigi Dall’Igna, directeur général de Ducati Corse.

Mais surtout, tout le monde a remarqué Lino Dainese, sponsor historique du Campioniss­imo, une personnali­té très discrète qui, habituelle­ment, fuit les grands événements. Le visiteur est accueilli par un énorme tableau avec le numéro 1 noir sur fond jaune sur le plancher en inox.

Une écriture dense

Aux murs, on découvre l’impression­nant défilé des diplômes de champions du monde et d’Italie, les honneurs de l’État et les photos les plus célèbres de son histoire. Un coin spécial est réservé à l’épopée des 200 Miles de Daytona en 1974, gagnée sur Yamaha devant Kenny Roberts. La moto de ce jour historique, la YZR 750, est exposée sur un plan incliné comme celui du célèbre circuit américain. On découvre évidemment aussi une

MV 500 trois-cylindres arborant les autocollan­ts d’admission aux Tourist Trophy de 1967 (celui du célèbre et malheureux duel avec Mike Hailwood) et 1971. À proximité, dans des vitrines, ce sont des Cromwell historique­s et d’autres casques intégraux demandés à Gino Amisano, patron d’AGV, dès 1971. Il y a aussi la combinaiso­n en cuir avec le paquet de Marlboro cousu sur la poitrine qui témoigne du sponsoring dont Agostini a été le précurseur durant ses 25 années de carrière. À côté des pages de ses carnets – où le pilote a noté scrupuleus­ement chaque détail sur les motos et les circuits avec son écriture dense (sa véritable arme secrète pour gagner) –, voici son fameux polo en coton jaune. Il l’avait choisi pour paraître plus cool et, au fil des ans, il est devenu son porte-bonheur indispensa­ble. Les objets, l’ambiance et l’obsession pour la victoire sont autant de pièces d’un puzzle qui dépeint un homme qui a réussi sur les circuits et en dehors. Giacomo Agostini a pris sa retraite de compétiteu­r et de team manager mais pas de son rôle de numéro un ! www.villavitto­riabergamo.it

LOUEZ UNE CHAMBRE CHEZ SA FILLE ET VOUS POURREZ DÎNER AVEC LUI

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Les fameux carnets où Giacomo notait toutes les informatio­ns sur les courses. Son arme secrète pour gagner.
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500 trois-cylindres.
Plus que le roi, Agostini se pose en empereur du sport moto. Il a la main sur sa MV 500 trois-cylindres.
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4. 122 victoires en Grands Prix et à peu près autant en championna­t italien, ça représente quelques trophées.
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5. En plus d’être un bon pilote, Ago a toujours été un excellent businessma­n.

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