BENELLI STORY
Née en 1911, la marque Benelli a survécu à deux guerres et à l'invasion japonaise.
Née à Pesaro en 1911, Benelli a résisté à deux conflits mondiaux et à l’invasion japonaise de la fin des années 60.
En 1911, Teresa Boni Benelli, veuve depuis quatre ans, doit élever ses six fils : Giuseppe, Giovanni, Francesco, Filippo, Domenico et Antonio, dit Tonino. Comme les frères ne sont pas intéressés par l’exploitation agricole dont ils ont hérité mais sont passionnés par la mécanique, leur mère décide de vendre une partie des terres et d’investir dans l’achat de machines-outils pour ouvrir un petit atelier de mécanique dans le centre de Pesaro. Dans un premier temps, la société fabrique des pièces qui n’ont rien à voir avec l’automobile ou la moto mais en 1920, les frères Benelli proposent enfin un moteur deux-temps de 75 cm3. Réalésé à 98 cm3, ce moteur est monté dans la première moto produite par Benelli, en 1921. Avec cette machine, encore réalésée à 147 cm3 et modifiée pour la compétition, Tonino Benelli s’engage en course en 1923. Mais le moteur qui va donner ses lettres de noblesse à Benelli est un quatre-temps de 175 cm3 à arbre à cames en tête et distribution par cascades de pignons. Une solution sophistiquée qui est rapidement devenue la marque de fabrique de l’entreprise de Pesaro.
Plus de 1 000 ouvriers
Cette technologie développée par Giuseppe a été brevetée en 1927 et a été à l’origine du succès commercial et sportif de Benelli, succès qui a duré jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale. Avec une moto équipée de ce moteur, dans une version supersport, Tonino sera champion d’Italie en 1927, 1928, 1930 et 1931. Puis en 1932, avec une version double arbre, il termine deuxième du championnat d’Europe, derrière son coéquipier
Carlo Baschieri. En 1930, Benelli compte plus de 1 000 ouvriers. Bref, tout roule, sauf que durant la guerre, l’usine est réquisitionnée par les fascistes puis bombardée par les alliés. À la fin du conflit vient le temps de la reconstruction mais suite à des désaccords avec ses frères, Giuseppe Benelli quitte l’entreprise en 1948 et tente de se lancer dans l’automobile. Las, en 1954, il crée sa propre marque de moto, MotoBi, qui rencontre un franc succès avec ses moteurs horizontaux. Après son décès, trois ans plus tard, les héritiers trouvent un accord et
MotoBi fusionne avec Benelli. La marque est conservée car cette opération a été utile ; en effet, la « vieille maison » est en perte de vitesse alors que MotoBi est en pleine expansion. En 1962, la production totale atteint
IRONIE DE L’HISTOIRE, EN 1957, MOTOBI SAUVE BENELLI DE LA FAILLITE
300 unités par jour avec les deux marques. À la fin des années 60, le rapide déclin de l’industrie italienne de la moto commence et Benelli-MotoBi n’y échappe pas. Les cousins Marco (fils de Giuseppe) et Paolo (fils de Tonino) décident d’investir dans la compétition pour faire briller la marque. Déjà championne du monde dans la catégorie 250 en 1950 avec Dario Ambrosini,
Benelli récidive en 1969 avec Kel Carruthers. En Italie, le palmarès est encore plus impressionnant grâce à
8 titres nationaux en 250 et 350 avec, comme fer de lance, Renzo Pasolini. Au début des années 70, les fabuleuses 350 et 500 quatre-cylindres de la marque sont pilotées par Jarno Saarinen.
Alejandro De Tomaso
Mais malgré ces succès, en 1972, les héritiers de Benelli doivent vendre l’entreprise à l’industriel argentin Alejandro De Tomaso, déjà propriétaire de Moto Guzzi. Marco Benelli reste dans l’entreprise en tant que directeur, tandis que son cousin Paolo se lance dans l’aventure MBA avec Morbidelli. Afin de faire face aux constructeurs japonais, De Tomaso a demandé aux ingénieurs de copier le moteur de la Honda CB 500 Four pour économiser du temps et de l’argent. Ainsi est née la 500 Quattro en 1974. Malgré la 750 Sei et son moteur six-cylindres (le premier de série) qui sera porté à 900 cm³ en 1979, la fusion avec Moto Guzzi en 1988 est inévitable. Mais l’activité est au ralenti et en 1989, seuls 80 employés sont conservés, tandis que
150 autres sont licenciés. Giancarlo Selci, ancien de chez Benelli et propriétaire de Biesse – l’un des plus grands fabricants de machines-outils –, reprend l’entreprise de Pesaro en 1989. Sans grand succès. En 1995, la marque est encore vendue, cette fois-ci à Andrea Merloni, patron du fabricant d’appareils électroménagers Indesit. Les investissements sont importants et en 2000, la Tornado 900 Tre, une sportive équipée d’un moteur trois-cylindres, est dévoilée, puis en 2004, la TNT 1 130 cm³.
Mais, une fois de plus,
Benelli rencontre des difficultés financières et, en 2005, la société suspend sa production.
Elle est rachetée la même année par le groupe Qianjiang, constructeur chinois de motos, qui décide de maintenir la production et le bureau d’études à Pesaro. Après avoir vécu une dizaine d’années sur le moteur trois-cylindres, la nouvelle Leoncino (bicylindre 500 cm3) est présentée au Salon de Milan, avec trois autres nouveaux modèles en
2015. Depuis 2016, le groupe Benelli-Qianjiang est contrôlé par la firme chinoise Geely Automobile, propriétaire de Volvo et Lotus, et la marque semble repartie pour 100 nouvelles années !
DEPUIS 2005, BENELLI APPARTIENT AU GROUPE CHINOIS QIANJIANG